Charbel et el-Assir annoncent ensemble la levée du sit-in contre les armes à Saïda

L’imam de la mosquée Bilal ben Rabah, cheikh Amad el-Assir, a finalement mis fin à son sit-in et commencé, dès hier soir, à démanteler le camp.
Le marché a finalement été conclu : cheikh el-Assir s’est enfin déclaré satisfait des assurances reçues de la part de la classe politique sur la question d’inclure, sérieusement et sans louvoiement, le dossier des armes du Hezbollah à l’ordre du jour de la table de dialogue. En contrepartie, il s’est engagé à lever son camp de protestation qui bloque le boulevard de Saïda depuis plus d’un mois.
Cette décision survient comme une conséquence naturelle du discours du chef de l’État qui a affirmé hier explicitement que « l’armée et les forces légales ne sauraient avoir de partenaires pour ce qui a trait à la sécurité et la souveraineté et à l’usage de la force, un droit exclusif réservé à l’État ».
Une manière pour le président de la République de donner des assurances indirectes aux protestataires islamistes sur son engagement à placer la question des armes qui se trouvent en dehors de l’État, notamment celles du Hezbollah, au cœur du prochain débat national. Cette subtile issue de sortie a fini par satisfaire cheikh el-Assir qui à son tour a tenu parole sur son désengagement de la rue. Ainsi se conclut donc la médiation qui avait commencé lundi dernier entre le prédicateur islamiste et le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, grâce à un médiateur dont les deux hommes tairont le nom jusqu’au bout.
Pour officialiser l’accord, le ministre de l’Intérieur s’est rendu sur place, à Saïda, pour annoncer le dénouement de l’affaire.
« Je me trouve ici grâce à l’entremise d’une personnalité de Saïda qui a effectué pendant trois jours la médiation entre moi et cheikh el-Assir. Et nous sommes parvenus à une heureuse entente », a indiqué M. Charbel.
Et d’ajouter : « Le Premier ministre, Nagib Mikati, et moi avons perçu le plus grand sérieux chez les différents protagonistes concernés pour examiner la stratégie de défense et d’autres questions que le chef de l’État avait évoquées. »
Le ministre, qui a remercié tous ceux qui sont intervenus pour résorber la crise, a ensuite annoncé que cheikh el-Assir allait immédiatement commencer à démanteler le sit-in, ce que le dignitaire a sitôt confirmé.

Mise en garde
Prenant à son tour la parole devant les caméras des télévisions qui retransmettaient en direct la circonstance, cheikh el-Assir a souhaité que « tous ceux qui sont concernés, surtout ceux qui portent les armes, fassent preuve de sérieux afin que l’on ne soit pas obligé de recommencer d’autres manifestations ».
Sur ce point, aucune information claire n’a été véhiculée, notamment sur la possibilité d’une reprise des manifestations si cheikh el-Assir estime que le prochain round de dialogue, qui doit se tenir le 16 août, n’est pas satisfaisant à ses yeux.
Préalablement à l’annonce de l’accord, on apprenait de source ministérielle que le ministre de l’Intérieur avait refusé la condition placée par cheikh el-Assir de reprendre les manifestations s’il considère les discussions autour des armes « non sérieuses ». Interrogé sur ce point précis, M. Charbel s’est contenté de répondre par une plaisanterie, laissant entendre que ce scénario ne sera plus réédité.
S’adressant à Hassan Nasrallah et Nabih Berry, el-Assir leur a tendu la main, affirmant : « Nous voulons vivre ensemble dans ce pays, en tant que citoyens égaux sans autres armes que celles de l’État. »
Pour ce qui est enfin des autres requêtes formulées par l’imam, telles que la question de la sécurité et de l’immunité promises à ses partisans, cheikh el-Assir a répondu que MM. Charbel et Mikati lui ont donné des « assurances qu’il n’y aura plus aucune violation sécuritaire en dehors de l’État, à Saïda ».