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À La Une - Liban

Sleiman dynamite le triptyque armée-peuple-résistance

Pour le 67e anniversaire de la fondation de l’armée, le président Michel Sleiman a prononcé, lors de la traditionnelle cérémonie à la caserne de Fayadiyé, un discours axé sur le problème des armes illégales et de la prééminence du rôle de la troupe sur le plan national.

Le président libanais, Michel Sleiman passant en revue, le 1 août 2012, un détachement de l’armée. Photo Michel Sayegh

C’est, comme à l’accoutumée, en présence de tous les pôles du pouvoir et de nombreuses personnalités politiques, diplomatiques et militaires qu’a été organisée hier matin à l’École militaire, située à la caserne Chucri Ghanem de Fayadiyé (caza de Baabda), la traditionnelle cérémonie, marquée par le classique défilé militaire, célébrant comme chaque année, le 1er août, l’anniversaire de la fondation de l’armée, il y a 67 ans.


Après avoir déposé une gerbe de fleurs devant le monument aux martyrs de l’armée, érigé dans la grande cour de l’École militaire, le président Sleiman s’est rendu à la tribune officielle où il a remis les épées aux élèves officiers qui ont achevé leur formation militaire. Ces derniers ont choisi de désigner leur promotion « la promotion du martyr Walid Chaar ». Après le discours du chef de l’État, différentes unités de l’armée, de la garde républicaine, des Forces de sécurité intérieure, de la Sûreté de l’État, de la Direction des douanes et de la Sûreté générale ont défilé devant la tribune.


L’allocution du président Sleiman – très attendue cette année – a été axée sur un sujet de brûlante actualité, à savoir le problème des armes illégales et de la place que devrait occuper l’armée dans toute stratégie de défense. Il a affirmé sur ce plan que « la souveraineté, la sécurité et l’usage de la force sont du seul ressort de l’armée », l’usage de la force étant « un droit exclusif dont jouit l’État ».


Le président a commencé par mettre l’accent, d’entrée de jeu, sur le rôle de l’institution militaire en tant que garante du pacte national et de la stabilité interne, soulignant notamment que lorsque l’armée n’a pas été en mesure d’assurer cette fonction durant les années de crise, cela était dû à « l’erreur représentée par la paralysie et la marginalisation de l’armée ». « Lorsque l’institution militaire a été visée et que son rôle en tant que garante de l’unité et de la sauvegarde du pays et des citoyens a été torpillé, cela a ouvert la voie à la sécurité d’emprunt (allusion à l’armée syrienne) qui s’est transformée en tutelle pendant trente ans, a déclaré le chef de l’État. Lorsque l’ère de la tutelle s’est achevée après la libération (du territoire) de l’ennemi, l’armée s’est employée à préserver les camps adverses ayant des sensibilités différentes. »


Évoquant en outre les bouleversements en cours dans la région, le président Sleiman a déclaré : « Les peuples en quête de liberté et de justice sociale planchent sur leurs options politiques et tentent de poser la pierre angulaire de leur devenir. Dans ce cadre, les bouleversements historiques en cours dans le monde arabe, marqués par la violence, rejoignent enfin la formule libanaise caractérisée par l’ouverture sur les pratiques démocratiques. Lorsque les armées faisaient tomber des régimes (dans le monde arabe), le pouvoir au Liban était issu des urnes, et lorsque les décisions et les ordres sans appel (des leaders arabes) étaient la source du pouvoir et de la loi, la Constitution civile libanaise était la loi fondamentale de la République. À l’ère des coups d’État, l’armée (libanaise) est restée au cœur de la patrie, à l’ère de l’oppression des régimes, vous avez préservé l’ordre public, à l’ère de l’autoritarisme du pouvoir, vous avez conservé votre allégeance à l’État et aux institutions. »


Et le président Sleiman de poursuivre : « Les rôles ont changé, imposant de nouveaux défis. Ces changements dans notre environnement devraient nous inciter à améliorer nos pratiques démocratiques, consolider les fondements de notre entente nationale et de notre quiétude sociale, et renforcer notre rôle sur le double plan régional et international. Ces changements requièrent de votre part un rôle accru et avant-gardiste à la lumière d’une possible modification des équilibres stratégiques. Il nous paraît impératif dans ce contexte d’élaborer une stratégie nationale de défense qui inclurait le règlement du problème des armes. Cette stratégie devrait être fondée sur l’armée libanaise et rassembler toutes les potentialités nationales, résistantes, susceptibles de faire face aux plans de l’ennemi israélien (...). Il reste que l’armée ne saurait accomplir sa mission sans assurer un environnement national axé sur les principes élémentaires définis par les pères fondateurs en différentes circonstances et qui ont été reformulés dans la déclaration de Baabda du 11 juin 2012. »

Pas de partenaire à l’armée et aux forces légales
« Non aux mini-États et aux enclaves sociales et confessionnelles qui se développent en marge de l’État et au détriment de son unité, a ajouté le chef de l’État. Nous sommes pour la participation à la défense nationale sur base d’une formule qui ferait l’objet d’un consensus, dans le cadre de la Constitution, des impératifs de l’entente nationale et des résolutions de la légalité internationale. Mais l’armée et les forces légales officielles ne sauraient avoir de partenaire pour ce qui a trait à la sécurité, la souveraineté et l’usage de la force, qui est un droit exclusif réservé à l’État. Nous rejetons les armes qui sont répandues de manière chaotique et nous sommes opposés à l’utilisation des armes pour des objectifs qui sortent du cadre du consensus national. Nous sommes pour la lutte politique respectant le principe démocratique du droit à la différence, et nous sommes opposés aux idéologies qui torpillent la liberté et le point de vue d’autrui dans une société pluraliste, sur le double plan culturel et religieux, telle que le Liban. »


Le président Sleiman s’est également prononcé une fois de plus pour la neutralité du Liban vis-à-vis de la politique des axes « et des conflits arabes et régionaux qui sont une source de conflit entre les Libanais », mais il a rejeté la neutralité du Liban pour ce qui a trait aux « causes arabes justes, dont notamment la cause palestinienne ». Et d’ajouter : « L’État n’acceptera jamais, sous aucun prétexte, que l’armée soit contrainte d’abandonner son rôle sur n’importe quelle portion du territoire libanais. L’expérience des dernières décennies a prouvé que toute région qui ne bénéficie pas de la couverture de l’armée devient livrée à toute sorte d’agression. Nul ne devrait se tromper dans ses calculs et son estimation de la situation, en ce sens que l’expérience des trente dernières années a été amère du fait que le rôle de l’armée dans la défense du Sud a été marginalisé. »


Le président Sleiman a par ailleurs souligné que « toute tentative de monopoliser le soutien à l’armée, de manière à la pousser à prendre position pour une faction au détriment des autres, serait peu utile, de même que toute tentative d’assurer une couverture à ceux qui portent préjudice à l’armée serait vaine » (...). « L’armée est au-dessus des communautés, des partis et des factions, a ajouté le chef de l’État. Elle est soumise à l’autorité politique et protège la démocratie, les libertés et les droits de l’homme. Elle est l’armée de la patrie et non pas celle du pouvoir (...). La résistance face à Israël ne saura être renforcée à l’ombre de la discorde sociale, et la souveraineté, la dignité et l’indépendance ne sauront être réalisées si nous acceptons que les crises soient importées de l’extérieur. La déclaration de Baabda a sur ce plan réaffirmé l’attachement de toutes les parties à l’unité nationale et la neutralité du Liban face à la crise régionale. La recherche de toute entente susceptible d’empêcher l’importation de crises régionales nécessite un engagement véritable envers l’accord de Taëf et le projet de l’État qui garantirait les intérêts de toutes les communautés dans un cadre démocratique. »


Après avoir réaffirmé l’engagement de l’État envers la résolution 1701, le président Sleiman s’est prononcé en conclusion pour « une loi électorale juste et équilibrée qui soit conforme à l’esprit de la Constitution et de l’accord de Taëf ».
Il convient d’indiquer par ailleurs que la fête de l’Armée a également été marquée, comme chaque année, par des cérémonies dans les différentes casernes aux quatre coins du pays.

 

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