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À La Une - Liban

Frontières : Sleiman brise le silence et décide la convocation de l’ambassadeur de Syrie

Le président a « exprimé son mécontentement » quant aux violations syriennes du territoire libanais.

Patrouille navale libanaise au large du Akkar, au Liban-Nord, le 23 juillet 2012.

C’est une première depuis le début de la crise syrienne et ses répercussions sécuritaires et militaires au Liban. Après avoir dénoncé à plus d’une reprise les agissements des responsables syriens au Liban, le chef de l’État, Michel Sleiman, a fait monter le ton d’un cran hier, protestant contre les violations syriennes de son territoire et les violents incidents qui ont secoué la région de Qaa il y a deux jours. Joignant l’acte à la parole, le président, qui a « exprimé son mécontentement », a donné instructions à Adnane Mansour,ministre des AE, de convoquer l’ambassadeur syrien au Liban Ali Abdel Karim Ali et de lui remettre une lettre de protestation en bonne et due forme.


M. Sleiman a demandé par ailleurs au commandement de l’armée et aux services de sécurité concernés de coordonner leurs enquêtes sur ce qui s’est notamment passé à Qaa de manière à pouvoir empêcher la répétition de tels incidents.
Sitôt dit, sitôt fait. Le diplomate syrien a effectivement été convoqué au palais Bustros où lui a été remise la lettre de protestation portant sur les incursions, le rapt ainsi que l’interrogatoire de citoyens libanais, et la chute continue d’obus sur le territoire libanais qui ont fait des blessés, tué des civils et provoqué la destruction des habitations, sans compter la charge explosive placée il y a deux jours dans le domicile d’un citoyen de Qaa.


Commentant cette nouvelle initiative, notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, a relevé le fait que jusque-là, ces incursions étaient en quelque sorte réglées par le biais des contacts militaires. Cependant, lorsque les incidents sont devenus récurrents poussant les habitants à réclamer à cor et à cri l’envoi de l’armée pour qu’elle puisse les protéger, que ce soit dans la Békaa ou dans le Nord, le chef de l’État a décidé de prendre contact directement avec le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, en lui demandant de remettre à l’ambassadeur syrien la lettre de protestation.

Rassurer les habitants frontaliers
Selon Khalil Fleyhane, cette nouvelle initiative prise par le président ne manquera pas de susciter des réactions de la part de la Syrie en premier et de ses alliés au sein du camp du 8 Mars en second. Il faudra par contre s’attendre à ce que les forces du 14 Mars applaudissent cette mesure, notamment le courant du Futur qui n’a cessé de réclamer la convocation de l’ambassadeur syrien suite aux incursions et chutes d’obus dans le Qaa, à Ersal mais aussi dans le Nord, à Wadi Khaled. L’on s’attend également à ce que la réaction de M. Sleiman soit bien accueillie par la majorité des puissances étrangères.


Selon des sources citées par notre correspondant au palais Bustros, M. Sleiman aurait pris cette décision au cours de la nuit de dimanche, sachant notamment que le Conseil des ministres n’avait pas réussi jusque-là à trancher cette question pour mettre un terme aux multiples violations syriennes en territoire libanais.


En agissant de la sorte, le président voulait également répondre aux nombreuses doléances exprimées par les habitants des régions limitrophes qui n’ont cessé de payer un lourd tribut en nombre de morts, de blessés et de destructions de propriétés. M. Sleiman entend également prévenir toute escalade future dans ces localités. Toujours selon ces sources, cette décision vise par ailleurs à mettre un terme à la contrebande d’armes au profit de l’opposition syrienne, d’autant que les autorités libanaises ont déjà été averties de telles opérations.


Même si l’initiative du chef de l’État risque d’irriter les Syriens, il va sans dire qu’à défaut, le silence aurait certainement mis dans l’embarras M. Sleiman qu’on aurait alors sans doute accusé de se dérober à ses responsabilités, et écorné en même temps le prestige de l’État par rapport à ces citoyens qui n’ont cessé de solliciter sa protection.
Des sources informées ont relevé le fait que dans sa lettre de protestation, M. Sleiman a évité de recourir à des expressions virulentes et à des accusations tous azimuts dont le monde arabe a déjà l’habitude. D’ailleurs, la Syrie ne devrait pas en principe être dérangée par cette mesure, surtout qu’elle avait elle-même protesté à maintes reprises contre le trafic d’armes à destination de son territoire au profit de l’opposition.


Selon un responsable politique, l’initiative prise par le président de la République est à dissocier des derniers développements sur la scène syrienne et l’augmentation des pressions internationales sur la Syrie.

 

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