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À La Une - Liban

Situation explosive à l’Électricité du Liban

La journée d’hier a pris une sombre tournure pour l’Électricité du Liban. Entre son directeur général qui parle de possibilité d’effondrement de l’institution et des manifestants qui s’en prennent violemment aux journaliers en grève, la situation est plus explosive que jamais.

Furieux de la paralysie d’EDL, des manifestants tentent d’expulser par la force les journaliers occupant le siège de l’office. Photo Hassan Assal

C’est à coups de jets de pierres et de bouteilles en verre volantes que les alentours du siège de l’Électricité du Liban (EDL) se sont transformés hier, en fin de journée, en théâtre de violents affrontements. Des manifestants sont en effet venus « libérer l’institution des journaliers qui portent atteinte à son bon fonctionnement et qui empêchent le citoyens libanais de pouvoir s’éclairer ». Les journaliers avaient annoncé quelques heures auparavant le début d’une grève de la faim et bloqué, comme depuis plusieurs jours, toutes les activités de l’EDL. Déjà la semaine dernière, ils avaient menacé de recourir à l’escalade si leurs revendications n’étaient pas satisfaites avant lundi (hier). Ils réclament, entre autres, le paiement de leurs salaires de mai et juin. Les forces de sécurité et la Croix-Rouge ont dû intervenir pour calmer la situation.


Plus tôt dans la journée, le directeur général de l’EDL, Kamal Hayek, avait prévenu : « L’EDL va s’effondrer si les journaliers ne mettent pas immédiatement fin à leur mouvement de protestation. » C’est avec ce cri d’alarme qu’il avait ponctué sa conférence de presse, après une réunion avec le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil.
L’escalade se poursuit ainsi depuis des mois, avec des blocages quotidiens des routes ainsi que des locaux de l’EDL dans plusieurs régions du pays. Hier encore, plusieurs journaliers ont manifesté devant les locaux de la compagnie à Jounieh. Les grévistes qui tentaient d’entrer dans le bâtiment ont été repoussés par les forces de l’ordre. Un incident similaire s’est produit devant les locaux de l’EDL à Batroun. Par ailleurs, dans la Békaa, des journaliers en colère ont brièvement coupé l’autoroute reliant Baalbeck à Rayak, dans les deux sens, avec des pneus et des pierres.

Une paralysie qui risque de coûter très cher
Depuis la semaine dernière, la fermeture des guichets au siège de l’EDL par les journaliers en grève a empêché les citoyens d’effectuer toutes sortes de transactions, dont le paiement des factures impayées qui s’accumulent depuis des mois. Selon Kamal Hayek, cependant, les percepteurs ont récolté plus d’un milliard de livres de factures, mais refusent de les transmettre à l’EDL.


« Cette paralysie imposée entrave en outre les travaux de maintenance et nous empêche de réparer les pannes, a indiqué Kamal Hayek. Elle prive encore davantage le citoyens d’électricité, en plus du programme de rationnement adopté par l’EDL. » Il a également affirmé qu’il aura des entretiens aujourd’hui avec les ministres de l’Intérieur et de la Justice afin de décider des mesures appropriées pour régler cette crise.


Cette crise, précisément, semble peu encline à être réglée rapidement. Contactée la semaine dernière par L’Orient-Le Jour, l’EDL s’était une fois de plus dégagée du problème des salaires que réclament les grévistes. « Il n’est plus de nos prérogatives de gérer les salaires des journaliers. D’après le contrat que nous avons signé avec les trois entreprises privées, c’est à elles que revient la charge de cette affaire », avait indiqué une source à l’office qui a préféré garder l’anonymat, spécifiant que pour le mois de mai, exceptionnellement, l’EDL avait fait un virement aux entreprises pour payer les journaliers. Les trois entreprises libanaises ayant remporté l’appel d’offres auprès de l’EDL pour prendre en charge le réseau de distribution de l’électricité ne semblent pas de cet avis. « Contrairement à tout ce qui a été dit et entendu dernièrement, nous n’avons reçu aucune somme de la part de l’EDL », a indiqué hier un communiqué publié par les entreprises privées. Elles déplorent cette situation « absurde » dans laquelle elles se voient poussées à payer des journaliers qui font grève et qui, par ailleurs, refusent de signer des contrats avec elles. En effet, ils craignent, en signant avec les entreprises privées, de voir s’évaporer la promesse d’être cadrés au sein de l’institution publique.
Ils attendent donc la réaction du président de la République, Michel Sleiman, concernant le projet de loi approuvé début juillet au Parlement et qui permet de les cadrer au sein d’EDL. Cette décision avait suscité de vives réactions, notamment de la part des députés du Courant patriotique libre (CPL), du parti Kataëb ainsi que des Forces libanaises (FL) qui craignent que cette décision n’engendre un déséquilibre confessionnel au sein de l’EDL

 

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