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À La Une - Éclairage

La base russe de Tartous, un symbole du pouvoir de Moscou

Sans être important militairement, le port a une symbolique historique d’envergure.

Le port de Tartous en Syrie, seule base navale russe en Méditerranée que doit rejoindre un groupe de navires de guerre russes parti cette semaine, est un symbole de l’influence de Moscou au Proche-Orient, en dépit de sa faible importance sur le plan militaire.


Le refus de la Russie d’abandonner ces installations en Syrie, pays allié depuis la période soviétique, est depuis longtemps considéré par les experts comme étant une des raisons de la résistance des autorités russes aux pressions occidentales en vue de les contraindre à lâcher le président syrien Bachar el-Assad. La base est pourtant relativement modeste, avec peu de personnel et un port pas assez profond pour accueillir de grands bateaux. Certains analystes estiment d’ailleurs que le terme de « base » est inadéquat, tandis que l’armée russe préfère l’appeler « point de ravitaillement et d’assistance technique ». Mais « Tartous est importante à la fois en tant que symbole et sur les plans technique et tactique », juge l’expert russe Alexandre Choumiline.

« Tartous n’est pas une véritable base »
« C’est le seul point d’implantation de la Russie en mer Méditerranée, et la présence du drapeau russe est importante d’un point de vue politique. Mais ce n’est pas une véritable base, et il n’y pas de perspectives de transformer cela en base », explique ainsi M. Choumiline.
Tartous « n’est pas une base, mais un point de contrôle technique pour les bateaux », renchérit de son côté Alexandre Filoniouk, expert au Centre du Moyen-Orient à l’Académie russe des sciences. « C’est une petite surface sur la côte avec un ancrage où les navires peuvent se ravitailler en carburant et si possible en marchandises. Bien entendu, c’est mieux d’avoir un tel point d’implantation que de ne pas en avoir. Et le perdre ne serait pas stratégique », estime M. Filoniouk.


Les installations de Tartous seraient donc plutôt des vestiges témoignant des liens étroits entre Moscou et le régime syrien de l’ancien président Hafez el-Assad pendant la période soviétique, lorsque l’URSS était un acteur-clé dans le monde arabe laïque et généralement prorusse. La Russie exploite toujours des bases militaires à travers l’ancienne Union soviétique, de l’Azerbaïdjan au Tadjikistan, en passant par l’Ukraine, mais Tartous rappelle l’époque où Moscou affichait des ambitions de dimension mondiale.


La base de Tartous a été créée en vertu d’un accord conclu en 1971, à une époque où la flotte soviétique se vantait d’avoir une escadre en Méditerranée, dont l’existence a cessé après la chute de l’URSS en 1991. Mais Moscou a conservé son point d’implantation à Tartous. « La relation avec la Syrie est importante en soi, la Russie est historiquement liée à ce pays », souligne M. Filoniouk, avant d’ajouter : « La Syrie était notre partenaire et alliée au Moyen-Orient, nous voulons préserver cela. »


Située à 220 kilomètres au nord-ouest de Damas, la base de Tartous est équipée de casernes, bâtiments de stockage, docks flottants, d’un bateau pour effectuer des réparations, et emploie une cinquantaine de marins russes, selon les médias officiels russes. Mais pour certains observateurs occidentaux, Tartous sert également de plaque tournante à l’espionnage russe au Moyen-Orient.

 

 


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En 2010 par exemple, un haut responsable du renseignement militaire russe (GRU), le général Iouri Ivanov, est mort en Syrie après une visite à Tartous. Le chef adjoint du GRU s’est noyé en se baignant, selon la version officielle, mais les circonstances exactes de ce décès n’ont jamais été établies.

Le port de Tartous en Syrie, seule base navale russe en Méditerranée que doit rejoindre un groupe de navires de guerre russes parti cette semaine, est un symbole de l’influence de Moscou au Proche-Orient, en dépit de sa faible importance sur le plan militaire.
Le refus de la Russie d’abandonner ces installations en Syrie, pays allié depuis la période soviétique, est depuis longtemps...

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