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À La Une - Conjoncture

Les agriculteurs libanais au bord du gouffre

Comme si travailler dans ce secteur boiteux de l’économie libanaise ne suffisait pas, la conjoncture régionale et le manque d’intérêt local porté à l’agriculture ont poussé les agriculteurs à réagir. Ils menacent de recourir à une grève ouverte si leurs demandes n’étaient pas entendues.

Les pastèques comme d’autres fruits de la saison estivale sont particulièrement touchées par les difficultés des agriculteurs à exporter.

Ce n’est un secret pour personne que le statut d’agriculteur rime au Liban avec galères à répétition. Avec une participation à hauteur de 5 % dans le PIB, le secteur agricole libanais est sans aucun doute la brebis galeuse de l’économie. Malgré le plan quinquennal (2010-2014), certes fort ambitieux du ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, qui vise à réinsuffler à ce secteur un bol d’air frais, l’agriculture n’est pas prête de sortir de l’auberge. Rappelons que selon le Centre libanais de recherche et d’études agricoles (CREAL), la production agricole au Liban aurait reculé de 12 % entre 1970 et 2008.


Pour couronner le tout, les bouleversements régionaux empêchent les agriculteurs d’exporter les produits de leurs récoltes vers les pays arabes puisque cela se fait surtout via la Syrie. Excédés par leur incapacité à écouler leurs marchandises qui se retrouvent bradées ou utilisées comme fourrage, les syndicats agricoles ont tenu hier une réunion suite à laquelle ils ont annoncé qu’ils auraient recours à une grève ouverte si le gouvernement ne réagissait pas pour leur venir en aide. Le communiqué publié par les syndicats souligne que depuis le mois de septembre 2011, les crises politico-sécuritaires successives ont enfoncé le secteur, dont dépendent 200 000 familles, à chaque fois un peu plus dans la misère. « Nous avons perdu à peu près 50 % de notre récolte l’an dernier », ont rappelé les agriculteurs, qui ont expliqué que la crise touche presque tous les arbres fruitiers (cerises, abricots, pêches, agrumes, pastèques) ainsi que les récoltes de pommes de terre, d’oignons et de laitue. « L’activité d’export est paralysée et représente dans le meilleur des cas 20 % de ce qu’elle aurait dû être si les conditions conjoncturelles le permettaient », déplorent-ils. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le président de l’Association des agriculteurs Antoine Hoyek confirme ces chiffres et explique que la situation est d’autant plus exacerbée que le programme de soutien aux exportations agricoles Agro Plus (qui a remplacé Export Plus) a ciblé des aspects techniques comme le packaging plutôt que le soutien concret aux exportations. « Les récoltes de toutes les régions mais surtout de la Békaa ne se sont pas vendues ou ont été vendues à des prix cassés », déplore-t-il.


Parallèlement, les agriculteurs s’insurgent contre le monopole des camions réfrigérés qui imposent des prix faramineux, rendant l’exportation des produits pratiquement impossible. S’ajoute à cela un climat très peu clément durant les mois d’hiver et une absence de pluies depuis le mois de mars. « Nous appelons le gouvernement à former un comité d’urgence qui viendrait au secours des agriculteurs », a souligné le communiqué. Les agriculteurs demandent en outre un soutien réel aux exportations. « Nous avons besoin de 100 camions réfrigérés par jour alors que nous disposons aujourd’hui de 20 véhicules seulement de ce type-là », ont déploré les agriculteurs qui demandent également de faciliter l’entrée sur le territoire libanais des camions vides avec des plaques d’immatriculation arabes.
Par ailleurs, le communiqué publié par les instances agricoles syndicales demande l’interdiction d’importer des produits qui existent déjà au Liban (tels que les oignons, les pommes de terre et les pastèques). « Si ces demandes ne sont pas entendues, nous aurons recours à une grève ouverte », menacent ainsi les agriculteurs. « Il faut une véritable décision de soutien au secteur de la part du Conseil des ministres », résume Antoine Hoyek.
Encore faudrait-il que les ministres puissent communiquer entre eux. Entre routes coupées et lignes téléphoniques en piteux état, ce n’est pas gagné...

Ce n’est un secret pour personne que le statut d’agriculteur rime au Liban avec galères à répétition. Avec une participation à hauteur de 5 % dans le PIB, le secteur agricole libanais est sans aucun doute la brebis galeuse de l’économie. Malgré le plan quinquennal (2010-2014), certes fort ambitieux du ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, qui vise à réinsuffler à ce...

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