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À La Une - société

Quand un violeur épouse sa victime de 14 ans pour échapper à la prison

Une loi sur le viol suscite la colère en Jordanie.

Une manifestation contre la loi qui permet au violeur d'épouser sa victime, à l'appel de Woman-Shoufouch, un groupe et réseau social anti-harcèlement, en mars 2012, au Maroc.

Le calvaire enduré par une jeune fille de 14 ans, enlevée puis violée trois jours de suite, a suscité la colère en Jordanie, tout particulièrement lorsque son violeur a décidé de l'épouser pour échapper à la prison comme la loi le permet.

Dans ce royaume conservateur, déjà connu pour ses crimes dits "d'honneur", les violeurs peuvent en effet éviter d'aller derrière les barreaux s'ils acceptent d'épouser leur victime, en vertu de l'article 308 du code pénal.


En avril, une fille dont l'identité n'a pas été révélée faisait des courses à Zarqa, dans le nord du pays, lorsqu'un homme de 19 ans l'a kidnappée, conduite dans le désert, puis l'a violée pendant trois jours de suite, selon des sources judiciaires. La police a découvert l'adolescente lors d'une patrouille, l'a ramenée chez elle et a arrêté l'homme. Mais quelques jours plus tard, le violeur a décidé de se marier avec elle, mettant ainsi fin aux poursuites.


En juin, un autre homme est parvenu à attirer une adolescente de 15 ans dans un appartement de Amman où il l'a violée. Selon des sources judiciaires, il tente aujourd'hui d'arracher à sa famille un mariage, là encore pour éviter la prison.


"Cet article (...) ne permet pas seulement aux assaillants de repartir libres, il les récompense en leur permettant d'épouser leur victime qui, elle, est punie", dénonce Nadia Shamrukh, qui dirige l'Union des femmes jordaniennes.
"Avec l'application de cette loi, un autre crime est commis. Comment cette fille de 14 ans, en tout état de cause mineure, peut-elle épouser son violeur?", lance-t-elle.


Le viol d'une personne âgée de moins de 15 ans est sanctionné par la peine de mort en Jordanie, où 379 affaires de viols ont été recensées en 2010 selon des documents judiciaires.
La loi islamique autorise d'épouser jusqu'à quatre femmes. L'âge minimum requis pour se marier en Jordanie est de 18 ans mais le mariage peut être autorisé dès 15 ans sur décision d'un juge.


"Dans l'un de ces cas, nous avons essayé d'empêcher le mariage d'un violeur avec une fille de 18 ans qui ne voulait pas être sa femme", a indiqué Eva Abou Halaweh, une avocate. "Mais le père de la fille a conclu un accord avec le violeur, un chômeur déjà marié, père de six enfants qui ne pouvait déjà pas pourvoir aux besoins de sa famille", ajoute-t-elle.


Mais pour Israa Tawalbeh, le premier médecin légiste femme du pays, "l'article 308 n'est pas mauvais en soi".
"Le problème, c'est la façon dont certains groupes des droits de l'Homme locaux et internationaux interprètent la loi", dit-elle à l'AFP.
"Les véritables cas de viol sont rares dans notre société. Parfois, les filles de moins de 18 ans perdent leur virginité pour forcer leur famille à accepter le mariage avec leur petit ami. Or, la loi qualifie cela de viol".
Parfois, "accepter le mariage sous l'article 308 vaut mieux que de laisser des filles se faire tuer" par leurs proches, estime-t-elle. "Je crois que la loi correspond à la réalité de notre société".


En Jordanie, entre 15 à 20 femmes sont tuées par chaque année par des membres de leur famille qui invoquent des raisons d'"honneur" de la famille après des relations sexuelles avant ou hors mariage, selon les autorités.
Le meurtre est sanctionné par la peine de mort, mais dans les crimes dits d'"honneur", les tribunaux font souvent preuve de clémence.


Mais pour Hani Jahshan, un médecin travaillant pour le Service de la protection de la famille, l'article 308 est "une violation flagrante des droits des femmes et des enfants". Pour lui, la société fait fausse route quand elle croit que la virginité de la fille doit être préservée, à tout prix, jusqu'au mariage. "Cela force les filles à épouser leur violeur pour protéger leur réputation et éviter les problèmes sociaux", dit-il.


"Je pense que l'article 308 devrait être amendé pour rendre justice aux victimes", estime pour sa part Nadia Hachem Aloul, la ministre d'Etat aux Droits des femmes.

 

En mars dernier, le suicide d'une fille de 16 ans, contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée, avait fait l'effet d'un électrochoc au Maroc où se sont multipliés les appels à la réforme, voire l'abrogation, d'une même loi qui fait du viol un simple délit et bénéficie plus au violeur qu'à sa victime.

Également dans ce pays, aux termes de la loi, le viol est puni de plusieurs années de prison si la victime est mineure, à moins qu'ils ne se marient, ce qui protège l'agresseur de la justice.

 

 

Pour Mémoire :

 

Le Maroc sous le choc après le suicide d'une adolescente forcée d'épouser son violeur

Le calvaire enduré par une jeune fille de 14 ans, enlevée puis violée trois jours de suite, a suscité la colère en Jordanie, tout particulièrement lorsque son violeur a décidé de l'épouser pour échapper à la prison comme la loi le permet.
Dans ce royaume conservateur, déjà connu pour ses crimes dits "d'honneur", les violeurs peuvent en effet éviter d'aller derrière les barreaux...

commentaires (3)

Honneur ? familial oblige ! __ Quand l'honneur réside là où vous vous imaginez, c'est un DRAME !

SAKR LEBNAN

03 h 04, le 30 juin 2012

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Commentaires (3)

  • Honneur ? familial oblige ! __ Quand l'honneur réside là où vous vous imaginez, c'est un DRAME !

    SAKR LEBNAN

    03 h 04, le 30 juin 2012

  • Completement aberrant!! Maintenant Elle va être violee chaque jour pendant des annees. Qui est la brute epaisse qui a concocte cette loi?

    George's Chami

    18 h 57, le 29 juin 2012

  • Quel honte, quel déshonneur, pour les femmes. Les libertés des femmes au Moyen-Orient, ne vont pas évoluer avec des lois comme celle-ci. Voici le droit des femmes, si elles se font violer : tuer pour "l'honneur" de la famille, ou obliger de se marier par son violeur.

    Talaat Dominique

    18 h 22, le 29 juin 2012

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