Une quarantaine de personnes étaient rassemblées, aujourd'hui à midi, devant le ministère libanais de la Culture pour dénoncer la destruction, mardi, des vestiges du port phénicien de Beyrouth. Ils brandissaient notamment, comme slogan : "Le terrorisme peut se présenter avec une barbe et un turban, il peut aussi se présenter en costume-cravate".
Les vestiges du "port phénicien", découverts sur le site de construction de trois tours (les Venus Towers) à Mina el-Hosn, dans le centre-ville de Beyrouth, étaient menacés de destruction depuis plusieurs mois déjà.
Indignée par la destruction à grands coups de pelleteuse du port phénicien de Beyrouth, l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APLL) avait appelé à ce sit-in afin de dénoncer un "génocide culturel" et d'appeler "d’une manière civilisée à la démission immédiate du ministre de la Culture, Gaby Layoun".
Les protestataires devant le ministère de la Culture.
Lors de ce rassemblement, Pascale Ingea, présidente de l’APPL, a rappelé le fait que la veille de la destruction un sit-in s'était tenu pour appeler à la protection du site.
"Contrairement à ce que certains veulent faire croire, nous ne nous battons pas contre des moulins à vent", a déclaré, de son côté, Raja Noujaim, un militant engagé dans la protection du patrimoine libanais. "C'est la révolution du peuple qui est lancée. Nous allons combattre les responsables irresponsables. Le patrimoine est la propriété de tous", a-t-il poursuivi, soulignant l'absurdité du fait qu'un ministre de la Culture ne se tienne pas aux côtés des militants pour la protection du patrimoine libanais. Dénonçant une "destruction programmée", M. Noujaim a également appelé à mettre fin au "complot du silence", silence des responsables mais également de la société civile.
Mardi, peu après l'annonce de la destruction du site, le militant avait déjà indiqué qu'une équipe d'avocats avait été mise en place "pour porter plainte contre les responsables de ce crime, qu’ils soient directement impliqués (comme les constructeurs de Venus Towers) ou indirectement (comme le ministre libanais de la Culture Gaby Layoun)".
Un tract brandi par les manifestants.
Les militants reprochent notamment au ministre d’avoir refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, le ministre Salim Wardy, qui classait le port "patrimoine culturel".
Mais depuis, deux commissions d’archéologues se sont affrontées autour des découvertes mises au jour sur le site. La première, nommée par l’ancien ministre de la Culture Salim Wardy, atteste de l’existence des vestiges de cales de bateaux datant de l’époque phénicienne alors que la deuxième, chargée par l’actuel ministre Gaby Layoun de procéder à une nouvelle étude, rejette catégoriquement ce rapport, soulevant ainsi une polémique sans précédent.
L'actu
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commentaires (4)
La protection du patrimoine libanais a souligné l'absurdité du fait que Gaby Layoun, 1 ministré de la Culture ne se tienne pas aux côtés des militants pour la protection du patrimoine libanais. Dénonçant ainsi, une "destruction programmée." ! Elle a indiqué qu'une équipe d'avocats avait été mise en place "pour porter plainte contre les responsables de ce crime (les constructeurs de Venus Towers ou ce ministré Gaby Layoun).". Et reproche notamment à ce ministré d’avoir refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, Salim Wardy, qui classait le port "patrimoine culturel" ! "Sacré" Changement et Réforme....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 53, le 04 mars 2016