Au nombre de ces modifications, notamment la catégorie à laquelle ce texte de loi est destiné. Suite aux changements survenus, il ne concerne plus la femme libanaise, mais englobe tous les membres de la famille, victimes de violences domestiques. De plus, la sous-commission parlementaire a maintenu l’article 26 selon lequel « la femme peut porter les cas de violence conjugale et familiale devant les tribunaux civils, uniquement dans le cas où les tribunaux religieux le permettraient ». Sans oublier les clauses relatives au viol conjugal, aux délits prévus dans le code pénal et qui ne seraient pas intégrés dans la nouvelle loi, etc.
« Je ne pouvais pas accepter que la sous-commission aboutisse à une version qui ne satisfait pas les aspirations de la femme, explique à L’Orient-Le Jour Chant Chinchinian. Les sociétés féminines nous ont à plusieurs reprises contactés, manifestant leur mécontentement face aux changements opérés au texte de loi. Nous devons être à la hauteur de leurs attentes. Je sais que ma décision est embarrassante vis-à-vis de mes collègues au sein de la sous-commission, mais celle-ci est en harmonie avec les précédentes prises de position du bloc parlementaire des Forces libanaises, notamment de ma collègue Sethrida Geagea, qui s’était à maintes reprises déclarée en faveur d’une loi protégeant la femme de la violence domestique. Mme Geagea avait même fait part de sa détermination à retirer son représentant de la sous-commission, au cas où la mouture finale du projet de loi décevrait les attentes de la femme libanaise. »
Pourquoi cette obstination des membres de la sous-commission à maintenir ces changements au texte de loi? « La société libanaise est une société patriarcale, déplore Chant Chinchinian. Certains ont avancé des prétextes selon lesquels une telle loi offrirait à la femme un prétexte de se venger de son mari. Pour d’autres, une telle loi ouvrirait la voie à la dislocation de la cellule familiale... Il s’agit de prétextes oiseux. »
Pour Michel Hélou, député du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, le retrait de Chant Chinchinian de la sous-commission parlementaire « est un retrait à caractère médiatique et politique » et « un acte visant à se dérober de ses responsabilités ». Se déclarant satisfait de l’action de la sous-commission, le député aouniste souligne que « les modifications apportées à la version originale au texte de loi ne l’ont nullement dénaturé ». « Au contraire, la sous-commission a adopté 95 % du texte de loi proposé, mais en a modifié la formulation juridique pour le rendre plus applicable, poursuit-il. Par ailleurs, la sous-commission n’a pas encore terminé l’étude du projet de loi. Tout est encore sujet de discussion. J’aurais souhaité que notre collègue fasse plus acte de présence, qu’il discute de ses idées et qu’il lutte en faveur de ce qu’il prétend défendre. »
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M. Helou a raison : Il ne faut pas se laisser séduire par le Chant des sirènes. Toute loi pénalisant le mari pour violence domestique aboutit inévitablement à la dislocation de la cellule familiale. Dans cette même cellule où la femme doit être gardée sous clés, il s’agit de maintenir l’ordre divin des choses. Les lois célestes protègent la femme suffisamment : « Ton épouse avec modération tu tabasseras », dit le commandement écrit au verso de la deuxième tablette. Et puis de quoi se plaint M. Chinchinian ? 95% du texte a été adopté ! C’est à dire 19 lignes sur 20 ! On a juste omis la phrase où la femme est mentionnée.
Jack Hakim
14 h 33, le 13 juin 2012