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À La Une - Liberté d’expression

« Tannoura Maxi », un nouveau film libanais menacé par la censure

Affirmant avoir reçu de nombreuses plaintes ces derniers jours, le Centre catholique d’information (CCI) a déposé auprès de la Sûreté générale une demande visant à censurer certaines scènes de Tannoura Maxi, le film du réalisateur libanais Joe Bou Eid, actuellement en salles au Liban.


Tannoura Maxi raconte l’histoire d’amour née durant l’été 1982 entre une jeune fille arrogante et un prêtre sur le point d’être ordonné et donc soumis à la tentation. « Quand le film nous a été présenté en juillet dernier, nous avons émis quelques remarques concernant une scène de tentation dans une église ou encore une scène à connotation sexuelle qui se déroule à l’intérieur d’un couvent », explique le père Abdo Abou Kasm, directeur du Centre catholique d’information, à lorientlejour.com.


« Nous avons dit aux responsables du film que ces scènes pouvaient être mal comprises. Nous avons donc demandé aux responsables du film et la Sûreté générale qu’elles soient coupées », poursuit le directeur, qui précise avoir envoyé des remarques écrites le 26 juin 2011 et le 8 août 2011 au réalisateur et à la Sûreté générale.
Selon le père Abdo Abou Kasm, les responsables de la censure à la Sûreté générale lui ont assuré que le réalisateur du film allait couper les scènes incriminées. Or elles ne l’auraient pas été.
« Le public est outré, nous avons reçu beaucoup de plaintes », assure le père Abdo Abou Kasm qui ajoute que « beaucoup de personnes demandent que le film soit retiré des salles ».


Les commentaires « outrés » sont également nombreux sur la page Facebook du réalisateur, Joe Bou Eid. « Ton film est un flop... sans compter l’extrême humiliation que tu as infligée aux chrétiens du Liban ! ! ! », écrit une femme. « Tu crois que tu es libre de vomir tes fantasmes de façon explicite... Dans ce film, tu as humilié chaque chrétien et chaque église », renchérit un autre internaute.


« Le scénario du film ne contient pas de propos qui mettent à mal la foi chrétienne, mais certaines scènes portent atteinte à la sacralité de l’église, explique le directeur du CCI. Je pense que ce film est très surréaliste et suggestif, mais peu de personnes, hormis celles ayant une grande culture cinématographique, peuvent le comprendre. Tout le monde ne possède pas la même culture cinématographique », indique-t-il.


L’Église ne souhaite pas porter plainte, mais elle « pourrait être amenée à demander le retrait du film des salles si les scènes ne sont pas coupées », affirme le père Abdo Abou Kasm, qui assure n’avoir été contacté par aucune partie politique dans cette affaire.


« Je n’aime pas faire de la répression, mais je ne peux pas m’opposer aux croyants. Nous choisissons de préserver la dignité de l’Église et des croyants, et de ne pas mettre leurs croyances en doute. Nous sommes conscients du fait que beaucoup vont nous critiquer, mais ils ne devraient pas le faire parce que nous avons mis en garde contre les problèmes que ces scènes pourraient créer », se justifie encore le père Abou Kasm.


Face à ces menaces, le groupe Facebook « Stop Cultural Terrorism in Lebanon » est monté au créneau. « Encore et toujours », se lamente le groupe, qui dénonce la censure répétée des œuvres cinématographiques au Liban.
« Si certains trouvent le film offensant, ils ne sont pas obligés de le regarder. Ils peuvent le critiquer et même demander au public de ne pas le voir, mais ils n’ont pas le droit de l’interdire et d’imposer leur avis aux autres », estime Léa Baroudi de « Stop Cultural Terrorism in Lebanon », interrogée par lorientlejour.com.
« Qui peut décider de ce qui est offensant ou ne l’est pas ? » poursuit-elle, faisant référence aux multiples cas de censure cinématographique survenus ces derniers temps au Liban et rappelant qu’il « n’y a pas de critères précis pour censurer ».


Le dernier film en date à avoir été censuré est Beirut Hotel, le 3e long métrage de la réalisatrice franco-libanaise Danielle Arbid. Le film avait été interdit de diffusion en salles en janvier 2012 par le bureau de censure de la Sûreté générale en raison des références à l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005, faites dans le film.

 

En avril dernier, Sabine Sidawi, responsable d’Orjouan Productions, et Danielle Arbid ont intenté un procès contre l’État libanais. Une "première" en soi pour toutes les affaires classées de la censure.

 

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