Il s'agit d'une première. Une Libanaise a dû payer une amende de 500.000 L.L. pour avoir faussement accusé son employée de maison népalaise de vol, a rapporté l'Agenda légal, une organisation non-gouvernementale, sur son site Internet.
L'affaire est relativement classique. Une employée de maison népalaise décide de quitter la maison où elle travaille après avoir reçu plusieurs appels l'informant que son mari est malade et qu'elle doit immédiatement rentrer au Népal, rapporte l'Agenda légal. L'employeuse, prise d'un élan de sympathie, réserve pour son employée un billet d'avion pour le Népal à la date du 23 octobre 2010, précise l'Agenda citant les détails de la plainte pour vol déposée par l'employeuse. Le lendemain, elle affirme avoir découvert que la Népalaise lui a volé cinq montres de valeur, un téléphone portable et la somme de 1.000 dollars.
La procédure légale est lancée et devait suivre son "cours normal", à savoir l'acceptation, sans preuves tangibles, de la plainte de l'employeuse même en l'absence de l'employée. Mais c'était sans compter avec Mounir Sleiman, un juge qui décide de mettre son grain de sable dans l’engrenage et d'étudier un peu plus en profondeur l'affaire. Il interroge l'employeuse et lui demande de présenter des preuves de ce qu'elle avance, comme le billet d'avion par exemple. Cette dernière ne trouve rien à présenter.
Le juge décèle ensuite des contradictions dans les propos de l'employeuse : elle a dit avoir découvert le vol présumé le lendemain du départ de la Népalaise, à la date du 23 octobre 2010, alors que la plainte déposée est datée du 29 septembre 2010...
Face à ces contradictions "claires et outrancières", le juge Sleiman décide de marquer le coup. S'il blanchit la Népalaise de toute accusation, il décide également de sanctionner l'employeuse à qui il impose une amende 500.000 L.L.
Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW), a salué sur son compte Twitter une décision judiciaire "importante".
Cette avancée, timide selon l'Agenda légal, intervient quelques jours après un communiqué publié par huit organisations de la société civile libanaise, dont HRW, dénonçant le laxisme des autorités libanaises en matière de respect des droits de l'homme en général et des travailleuses étrangères en particulier.
Elle intervient aussi quelques semaines après le suicide d'Alem Dechasa, une employée de maison éthiopienne agressée à Beyrouth puis internée dans un hôpital psychiatrique.
Environ 200.000 migrants, dont la plupart sont originaires du Sri Lanka, d’Éthiopie, des Philippines et du Népal, sont actuellement employés de maison au Liban, majoritairement des femmes. Ces employées de maison sont exclues du droit du travail et soumises à des règles d'immigration restrictives basées sur le parrainage individuel par l'employeur, ce qui les expose au risque d'être indûment exploitées et rend difficile pour elles de quitter un employeur abusif. Le taux élevé de mauvais traitements a amené plusieurs pays, dont l’Éthiopie et les Philippines, à interdire à leurs ressortissantes d'aller travailler au Liban.
Pour mémoire :
Un choc, oui, mais absolument nécessaire...
Droit des travailleuses domestiques au Liban : la société civile appelle les autorités à agir
L'affaire est relativement classique. Une employée de maison népalaise décide de quitter la maison où elle travaille après avoir reçu plusieurs...
commentaires (8)
Madame Sursock, vous êtes un soutient indéfectible de la VÉRITÉ et de la JUSTICE dans ce forum, et un COEUR et une ÂME qui battent vraiment Libanais, car sans coeur et sans âme, on n'est point Libanais. De même je salue tous/toutes ceux/celles qui ont donné leur support sur ce forum et qui aiment le Liban, tout comme ceux qui n'ont pu se prononcer pour des raisons diverses ; excepté, bien sûr, ceux qui ne l'ont pas fait exprès car ils rêvent de mainmise et non d'unité.
SAKR LEBNAN
11 h 26, le 28 mars 2012