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À La Une - Patrimoine

L’hippodrome romain de Beyrouth englouti par les promoteurs

Le ministre de la Culture a outrepassé les recommandations de trois de ses prédécesseurs et donné le permis de réaménagement.

Une vue générale de l’hippodrome romain de Beyrouth, découvert en 1988, que le ministre Layoun veut démanteler au profit de promoteurs immobiliers. Photo d’archives

L’un des fleurons archéologiques de Beyrouth, l’hippodrome romain, est en passe d’être sacrifié à la promotion immobilière. Découvert en 1988 dans le secteur de Minet el-Hosn, dans le périmètre de la société Solidere chargée de la reconstruction du centre-ville, l’hippodrome risque aujourd’hui d’être intégré à un complexe résidentiel de luxe.

L’autorisation d’aménagement, refusée depuis 1988, a été accordée au propriétaire du bien-fonds 1370, sur lequel la découverte archéologique majeure a été faite, par le ministre de la Culture, Gaby Layoun, autorité de tutelle de la Direction générale des antiquités.

 

À cette fin, M. Layoun a contrevenu à des dispositions arrêtées depuis le 26 août 2009 par le ministre de la Culture de l’époque, Tammam Salam, et publiées au Journal officiel.

 

Le ministre de la Culture, M. Layoun, s’est assuré, avant d’accorder son permis, que les promoteurs immobiliers aménageront le niveau auquel se trouve l’hippodrome, en vertu de ce que les urbanistes considèrent comme une « approche mitigée » (mitigation approach), susceptible de concilier les intérêts des promoteurs et le patrimoine archéologique.

 

Cette opération nécessite notamment le démantèlement et la recomposition du mur médian de l’hippodrome – autour duquel tournaient les chars – dans le cadre de l’aménagement du complexe résidentiel.

M. Layoun a estimé que le démantèlement de ce mur, dont il ne reste qu’un seul niveau, ne pose pas de problème, les grands blocs dont il est composé étant facilement identifiables.

 

Vives réactions

C’était compter sans la réaction indignée de ses prédécesseurs, les ministres de la Culture Tarek Mitri, Salim Wardé et Tammam Salam. Ce dernier a accusé hier son successeur actuel au ministère de la Culture de « se cacher derrière son petit doigt ».

 

« Le ministre sait très bien que l’intégration des vestiges archéologiques dans le paysage urbain concerne les petites découvertes et non un site archéologique complet comme c’est le cas pour l’hippodrome romain, que la Direction des antiquités classe comme étant un site de haute importance archéologique, patrimoniale et culturelle pour le Liban et pour le monde (...), de l’importance de la célèbre École de droit de Beyrouth », a déclaré M. Salam qui a recommandé que le dossier de cette affaire soit confié « au Conseil des ministres, au Parlement et à la société civile ».

 

L’ancien ministre a exhorté les associations culturelles et nationales d’agir immédiatement pour empêcher une décision illégale de porter atteinte à l’hippodrome romain. M. Salam a demandé au parquet d’intervenir pour empêcher que les propriétaires du bien-fonds n’usent du temps mort « pour servir leurs propres intérêts ».

 

Le ministre de la Culture s’est expliqué de sa décision avec le chef de l’État, hier. Il est probable que le dossier portant sur le bien-fonds concerné soit confié au Conseil des ministres réuni, compte tenu de l’importance du site archéologique. Ce dernier, souligne un rapport de la Direction des antiquités, « devrait figurer sur l’itinéraire archéologique de la capitale, en même temps que la voie romaine et les thermes, comme l’une des principales traces de la période romaine et byzantine ».

 

L’un des fleurons archéologiques de Beyrouth, l’hippodrome romain, est en passe d’être sacrifié à la promotion immobilière. Découvert en 1988 dans le secteur de Minet el-Hosn, dans le périmètre de la société Solidere chargée de la reconstruction du centre-ville, l’hippodrome risque aujourd’hui d’être intégré à un complexe résidentiel de luxe.
L’autorisation...

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