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Santé - Journée mondiale

La prévention évite le tiers des cancers, insistent les spécialistes libanais

Au Liban, près de 8 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chaque année. Les spécialistes insistent sur certaines mesures préventives qui permettent d’éviter près de 30 % des cas de cancers.

La Journée mondiale contre le cancer 2012 insiste sur l’importance de se serrer les coudes pour mieux lutter contre la maladie. Photo worldcancerday.org

C’est un message à « la prévention » qu’ont lancé les spécialistes libanais à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février, et placée cette année sous le thème « Ensemble, c’est possible ».
« Le cancer constitue de nos jours la première cause de mortalité dans le monde », explique le Dr Georges Chahine, président de la Société libanaise d’oncologie médicale. Près de 84 millions de décès des suites d’un cancer seront enregistrés entre 2005 et 2015, faute de mesures préventives, estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui indique qu’en 2020, près de 20 millions de nouveaux cas de cancers seront diagnostiqués par an. Plus de 70 % des cas seront enregistrés dans les pays en voie de développement.
« Près du tiers des cas de cancers peuvent être évités, en adoptant des mesures préventives, telles que l’arrêt du tabac ou le recours à une bonne hygiène de vie et à un mode alimentaire sain riche en fibres et faible en matières grasses », poursuit le Dr Chahine, au cours d’une conférence organisée hier par les laboratoires Sanofi.
« Le dépistage précoce est également important, ajoute-t-il. Il n’élimine pas le cancer mais peut permettre un traitement curatif moins agressif pour les patients. »
Expliquant qu’« il n’existe pas un seul cancer, mais plusieurs formes de cancers (environ 290) », le Dr Chahine rappelle que les facteurs favorisant certaines tumeurs restent le tabagisme (30 % des cas), l’abus d’alcool (10 % des cas), une mauvaise alimentation riche en matières grasses (35 % des cas), des risques professionnels, tels que l’exposition à l’amiante (4 % des cas), l’exposition aux radiations et au soleil (3 % des cas), la pollution (2 % des cas) et certains traitements médicaux (1 % des cas).
« Certains cancers peuvent être liés à des germes et virus, indique le Dr Chahine. Les virus de l’hépatite B et C sont ainsi associés à certaines formes du cancer du foie, le virus du papillome humain au cancer du col de l’utérus, l’herpès-virus (HHV8) au sarcome de Kaposi (un cancer qui s’attaque aux tissus sous la peau ou aux muqueuses, notamment le revêtement de la bouche, du nez et de l’anus), et l’hélicobacter pylori à des lymphomes ou carcinomes gastriques. »
« Le facteur génétique joue un rôle dans 5 à 10 % des cas, notamment dans les cancers du sein et du côlon », note le Dr Chahine, qui indique que le cancer est curable dans 60 % des cas chez les adultes et 85 % des cas chez les enfants.

Briser le tabou
Au Liban, près de 8 000 nouveaux cas de cancers sont enregistrés par an. Les tumeurs les plus fréquentes sont le cancer du poumon chez l’homme (614 nouveaux cas par an) et le cancer du sein chez la femme (1 700 nouveaux cas par an).
Prévenir le cancer, c’est « commencer par briser le tabou qui continue à entourer la maladie », insiste le Dr Nagi el-Saghir, directeur du centre du cancer du sein à l’institut Naëf Basile à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth et président de la Fondation libanaise du cancer du sein. « Parler du cancer et nommer les choses par leur nom permet d’en finir avec la peur liée à la maladie », poursuit-il.
Le Dr Saghir a par la suite axé son intervention sur les caractéristiques « libanaises » de certaines formes de cancer et les moyens de les prévenir.
« Au Liban, 69 nouveaux cas de cancers pour chaque 100 000 femmes sont diagnostiqués par an, note-t-il. Plus de 50 % des cas sont enregistrés chez des femmes âgées de moins de 50 ans, au moment où en Europe et aux États-Unis moins de 25 % des cas surviennent chez les femmes appartenant à cette tranche d’âge. Malheureusement, malgré les campagnes de sensibilisation, nous continuons à dépister de nombreux cas à des stades avancés de la maladie, pour des raisons plutôt culturelles. Celles-ci sont liées notamment à la peur d’être abandonnée par son mari ou de mourir, le cancer étant toujours associé à la mort. Elles sont aussi dues à la honte, aux normes sociales imposées aux femmes dans certains milieux, au manque de sensibilisation, au non-accès au traitement dans certaines régions et parfois au retard dans le diagnostic médical, notamment lorsque la patiente est jeune. »
Et le Dr Saghir d’insister : « Les campagnes de sensibilisation à l’importance d’un dépistage précoce de la tumeur au sein sont certes en train de porter leurs fruits, puisque nous diagnostiquons de plus en plus de cas au premier stade de la maladie. Les efforts doivent toutefois se poursuivre pour atteindre un plus grand nombre de femmes, principalement dans les régions lointaines. »
Rappelant les symptômes du cancer du sein (voir par ailleurs), le Dr Saghir insiste sur un dépistage précoce de la maladie, basé sur les recommandations suivantes :
– un auto-examen des seins (AES) sept jours après le début du cycle menstruel. Cet examen doit être effectué tous les mois à partir de l’âge de 20 ans ;
– un examen clinique des seins (ECS) par un médecin tous les trois ans entre l’âge de 20 et de 40 ans ;
– à partir de l’âge de 40 ans, et tant que la femme est en bonne santé, il est recommandé de subir annuellement un ECS et une mammographie ;
– pour les femmes ayant des antécédents familiaux génétiques connus, le dépistage doit commencer dix ans plus tôt que l’âge de la patiente la plus jeune en famille ;
– la mammographie doit se répéter annuellement même si elle est normale.

Le tabagisme
À l’instar de la tumeur au sein, le cancer colorectal peut être dépisté à un stade précoce. « Malheureusement, on néglige le dépistage qui doit commencer à l’âge de 50 ans, déplore le Dr Saghir. Il consiste à effectuer une colonoscopie tous les dix ans et des analyses microscopiques des selles une fois par an. » En ce qui concerne la prévention, elle consiste à éviter la surcharge pondérale, à consommer des aliments peu calorifiques, à privilégier les légumineuses, les légumes et les fruits (4 à 7 portions par jour) et les légumes qui ont une tige centrale comme le brocoli, le chou-fleur ou encore le chou.
Le Dr Saghir a clôturé son intervention en insistant sur le tabagisme qui est la première cause des cancers du poumon, de la bouche, de la langue, du larynx et de l’œsophage. « Arrêter le tabac aide à prévenir ces formes de cancer, affirme-t-il. Il a été prouvé que la fumée de la cigarette contient plus de 4 000 substances chimiques. En ce qui concerne la cigarette, elle contient plus de 40 composants carcinogènes. » Et de conclure en insistant sur la nécessité d’appliquer la loi antitabac et de hausser le prix des paquets de cigarettes pour « en limiter la consommation auprès des jeunes ».
C’est un message à « la prévention » qu’ont lancé les spécialistes libanais à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février, et placée cette année sous le thème « Ensemble, c’est possible ».« Le cancer constitue de nos jours la première cause de mortalité dans le monde », explique le Dr Georges Chahine, président de la Société...

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