Durant cette même heure, le public a pu découvrir les vocalises gutturales, presque tibétaines, d’un saxophoniste à l’ample souffle pour un Lobotomy Mi Babalu endiablé. Pour ses aficionados de la première heure, il a interprété Abu Riad, fournisseur officiel de Rabih Abou Khalil en mana’iches, et le très nostalgique Dreams of a dying city, lamento doux-amer sur la capitale libanaise, empêtrée dans les mêmes vicissitudes malgré le silence des armes lourdes.
Trop jeune voix
Après une longue pause et un rafraîchissement sensible de la température, le oudiste a accueilli le jeune chanteur portugais Ricardo Ribeiro. Une déconnexion perceptible s’est insidieusement installée dès la première note de la voix d’un interprète trop peu convaincant pour le délicat exercice du fado, d’autant plus lorsqu’il se pose sur les orientalismes de l’ensemble Abou Khalil. La proposition de ce dernier, comme toujours audacieuse et ne s’attardant pas sur des acquis musicaux commercialement prouvés – c’est là l’un de ses mérites –, est loin d’être aboutie vocalement. Car le quartette instrumental n’y a pas perdu de son niveau, bien au contraire, comme les auditeurs ont pu l’apprécier, par exemple, dans la chanson à caractère pornographique No mardas tuas pernas (Dans la mer de tes cuisses) : c’est lui qui permet à la performance de garder un souvenir prégnant, quoique trop tôt effacé, du bien agréable moment de la première partie.
Mais Rabih Abou Khalil est un trublion bien trop espiègle, bien trop nanti de qualités musicales indéniables pour ne pas lui accorder une bienveillance toujours renouvelée depuis presque 20 ans.
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