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Fouad Boutros, l’Arbre de Vie

Fouad Boutros entouré, de gauche à droite sur la photo, de Marie-Claude Doumet, Madeleine Hélou, cheikh Michel el-Khoury et Michel Eddé.


Fouad Boutros est un Arbre de Vie. Fouad Boutros est un Créateur. D’ailleurs, n’a-t-il pas contribué, durant bien plus d’un demi-siècle, avec la vision propre aux seuls serviteurs de la chose publique, à inventer presque ex nihilo sous la conduite de Fouad Chéhab, puis à réinventer chaque jour ce que d’autres s’amusaient à détruire avec acharnement – en l’occurrence ce monde « fini » qu’est le Liban?
N’est-il pas pour toujours ce modèle absolu des grands commis de l’État, cet archétype de sagesse et de modération sans compromissions, qui continue d’inspirer ceux parmi les jeunes qui décident un jour de prendre les chemins de traverse et de défier la médiocrité rampante d’une (classe) politique plus que jamais vidée de son essence, de sa substance, de son âme ?
Et pourtant... comme tout arbre (presque) centenaire, majestueux, altier, fort, inébranlable dans la défense des valeurs libanaises, rayonnant d’une connaissance inépuisable et qui se fait un devoir de continuer à communiquer, à enseigner, à former les autres, ses prochains – comme si le serviteur de l’État n’avait droit à aucun repos avant d’avoir assuré l’intérim, d’avoir transmis le flambeau et la flamme... Oui, pourtant, au-delà de toutes ces contingences, l’Arbre Fouad Boutros est d’une humilité sans pareille... signe de la plus grande des sagesses ? Oui, pourtant, Fouad Boutros, devenu depuis longtemps le passage obligé, le monument incontournable de tout un macrocosme politique et diplomatique international, régional et local, est peuplé de doutes concernant notre avenir national... preuve de la plus aiguë des intelligences ? Cette intelligence symbiotique entre le cœur et l’esprit, qui continue de faire fi de toutes les certitudes et qui, sans rémission, sans compromission aucune, sans échappatoires intellectuelles trop simples, continue inlassablement de sonder, de démonter, de déconstruire, d’user l’os jusqu’à la moelle – parce que cela est une nécessité, parce qu’il faut plus que jamais, toujours, sans cesse de l’authenticité et de la sincérité, loin des faux-semblants et des pactes en carton ?
Mais, au-delà des incertitudes, des doutes, de l’extrême lucidité du maître, qui lui permet de lire bien à l’avance ce qui est encore indéchiffrable pour les non-initiés, l’homme reste animé d’une conviction profonde, à savoir que l’espoir est toujours permis et que le néant n’est jamais une fatalité, à condition de réagir inéluctablement avec intelligence et sincérité.
Or c’est justement à cette personnalité immense, au Plus Grand des Plus Grands que la Fondation d’un autre Grand, Michel Chiha, a voulu rendre hommage hier, au cours d’une cérémonie particulièrement émouvante dans les jardins du domicile de Marie-Claire Doumet, et en présence de plusieurs compagnons de route et amis du diplomate, parmi lesquels cheikh Michel el-Khoury, Michel Eddé, Samir Frangié, Tarek Mitri, Nabil de Freige, Salah Honein et Antoine Khair. Un petit cercle de grands privilégiés, venus se retrouver autour du feu sacré qui anime plus que jamais le maestro Fouad Boutros.
L’émotion de cet instant fugace d’éternité est surtout ressortie de l’allocution prononcée par Madeleine Chiha Hélou, qui, dans un « cri du cœur », a salué ce mélange « magistral » de « confiance », de « savoir » et de « témoignage » qui fait « le charme » de Fouad Boutros. « Comme face à un paysage immense et multiple – par-delà les limites de la vue, je reste au bord de la route, silencieuse, émerveillée, reconnaissante », a affirmé Mme Hélou, avant de s’exclamer : « Vous êtes vraiment un bâtisseur, un don de vie ! » C’est tour à tour le père de famille, le « brillant maître qui force l’admiration générale » et « l’immense homme d’État » qui a placé toute sa vie au service du Liban que Mme Hélou a mis en exergue, au nom de la Fondation Michel Chiha. « Ce que nous vous devons, nous Libanais, est inestimable », a-t-elle souligné, exprimant une reconnaissance et une gratitude partagées par tous les présents dans une sorte de communion silencieuse, presque religieuse.
C’est ensuite le parallèle saisissant avec Michel Chiha que Madeleine Hélou a établi. « Tous les deux, vous avez taillé dans le roc, tout seuls, un superbe cursus », a-t-elle dit à l’adresse de Fouad Boutros, lui aussi très ému. « J’ai trouvé chez vous deux, toujours, le même chemin dans votre engagement : celui de la recherche inlassable de la vérité et, en même temps, la constatation lucide et douloureuse de cette vérité, non comme une fatalité, mais tel un face-à-face de combat permanent et vital », a-t-elle ajouté avant de poursuivre : « Michel Chiha et Fouad Boutros, deux volontés de servir, indéfectibles. Deux visionnaires équitables, donc impitoyables, jamais détournés de leur objectif majeur : ce Pays et son Peuple. » « (...) Je me demande aujourd’hui, avec les fulgurantes avancées de la science, les déchaînements des éléments et des événements, et enfin, les séismes politiques qui bouleversent cette partie du monde (entre autres)... quelle aurait été la vision de finalité de mon père. Michel Chiha, avec sa projection, sans concessions et sans limites, dans l’avenir, trouvait souvent un apaisement certain dans sa rencontre avec le Spirituel. “La Primauté du Spirituel”, disait-il. Je pense, en cette heure grave de notre existence, que sa pensée rejoindrait la conclusion de Fouad Boutros : “ C’est dans l’Espoir que la Vie l’emporte sur le Néant et le Positif sur le Négatif ” », a par ailleurs noté Madeleine Hélou.
Et de conclure : « Heureusement, un fait est sûr : nous avons la chance, le privilège de côtoyer, de bénéficier de la présence active d’un passionné, d’un homme d’exception qui habite son époque autant avec son cœur qu’avec son esprit. Un homme, souvent bien seul hélas, mais une grande voix. Fouad Boutros, un inconditionnel dans le désaveu comme dans la mise en garde, mais aussi un inconditionnel dans sa lutte inlassable pour la défense de nos valeurs. Votre appartenance, cher Maître, à la Fondation Michel Chiha lui accorde une dimension étatique et confirme la qualité et la noblesse de vos amis et collègues. Nous vous remercions de tout cœur (...) d’accepter aussi la gratitude qui est la nôtre à tous. Cher Président, pour nous tous, vous êtes une force. Et je cite Victor Hugo : “ Une force qui va ”. »
Comblé par des mots qui lui vont droit au cœur, Fouad Boutros exprimera en effet sa gratitude à Madeleine Hélou pour ce vibrant hommage... avec, cependant, toute la modestie, l’humilité et l’élégance des Grands Maîtres. « Je ne sais vraiment pas si je le mérite... » se contentera-t-il de répondre, en véritable serviteur, comme un homme qui, tous les jours, semble redécouvrir le monde avec l’intelligence du cœur, l’esprit des bâtisseurs d’États et, surtout, les yeux d’un enfant.
Fouad Boutros est un Arbre de Vie. Fouad Boutros est un Créateur. D’ailleurs, n’a-t-il pas contribué, durant bien plus d’un demi-siècle, avec la vision propre aux seuls serviteurs de la chose publique, à inventer presque ex nihilo sous la conduite de Fouad Chéhab, puis à réinventer chaque jour ce que d’autres s’amusaient à détruire avec acharnement – en l’occurrence ce...

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