Après la chute du gouvernement, Mikati a donc été sollicité de nouveau et cette fois, il a demandé un délai, le temps, avait-il dit à ses interlocuteurs, d'entreprendre des contacts au Liban et à l'étranger. On se souvient qu'en 2005, Mikati avait été désigné à la suite d'un compromis provisoire entre de nombreuses parties concernées par le dossier libanais, notamment les États-Unis, la France, la Syrie et l'Arabie saoudite. Ayant d'ailleurs des intérêts économiques dans le royaume, le leader tripolitain ne voulait pas irriter le roi et les responsables saoudiens. Il a donc déployé une série de contacts dans les principales capitales du monde et il a même sondé le Premier ministre sortant Saad Hariri. Ce dernier aurait commencé par ne pas s'opposer ouvertement à sa candidature, convaincu sans doute que Mikati avait peu de chances d'être désigné, en raison de l'appui que continue d'accorder à Hariri la communauté internationale et les blocs parlementaires libanais. Mais lorsque le chef du PSP Walid Joumblatt a clairement annoncé sa position aux côtés « de la Syrie et du Hezbollah » et que le décompte des voix des députés a commencé à lui être défavorable, Hariri a changé de position. Au frère de Nagib Mikati, Taha, qui est venu le voir lui disant qu'il le considère comme son frère et que Nagib souhaiterait coopérer avec lui pour sortir le Liban de cette crise et éviter que la communauté sunnite se sente affaiblie, Saad Hariri a opposé une fin de non-recevoir, affirmant qu'il ne coopérera pas avec Nagib Mikati si les voix parlementaires devaient le désigner, ajoutant qu'il mènera la bataille jusqu'au bout. La réponse avait le mérite d'être claire et Mikati savait en quelque sorte à quoi s'attendre en acceptant d'être désigné par l'opposition. Pourtant, avant de prendre sa décision, il avait sondé le roi Abdallah d'Arabie et la réponse, selon lui, qui lui était parvenue laissait entendre que le monarque estimait que la candidature de Mikati n'était pas considérée par lui comme une provocation. De leur côté, les représentants du Hezbollah Hussein Khalil et d'Amal Ali Hassan Khalil étaient revenus de Damas avec une réponse positive de la part des autorités syriennes. Il a donc communiqué à l'opposition son acceptation de mener la bataille de la désignation, après avoir effectué des contacts avec les principales parties au sein de l'opposition, notamment le général Aoun, le député Sleimane Frangié, le commandement du Hezbollah et, bien sûr, le président Nabih Berry. Mikati a ensuite annoncé officiellement sa candidature et il est pratiquement assuré d'emporter la majorité des voix parlementaires (on parle d'un minimum de 67 voix) et donc d'être ainsi désigné Premier ministre chargé de former un gouvernement. Mais l'entreprise ne sera pas facile. Il a bien tenté de se présenter comme un candidat « de sauvetage » pour sortir le pays de cette division, selon ses propres termes, toutefois le camp Hariri ne compte pas lui faciliter la tâche. Ce qu'on attendait en principe de l'opposition, affirment ses sources, est en fait venu du 14 Mars, notamment le recours à la rue et les protestations populaires, non pas pour empêcher Nagib Mikati d'accepter sa désignation, mais afin de pousser le camp d'en face à la faute en descendant à son tour dans la rue, ouvrant ainsi la voie à d'éventuels dérapages. Et l'ex-opposition, puisque le score de Mikati semble le confirmer, d'affirmer qu'elle saura éviter le piège et qu'il n'est pas question de descendre dans la rue, mais de se consacrer à la formation d'un gouvernement rassembleur, sans personnalités pouvant être considérées comme une provocation, mais qu'elle est décidée toutefois à agir. Elle mise en fait sur l'essoufflement du mouvement populaire de protestation. Mais, au Liban, tout est toujours possible.
Liban - Éclairage
Un large éventail de contacts avait précédé la candidature Mikati
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 25 janvier 2011 à 01h00
Après la chute du gouvernement, Mikati a donc été sollicité de nouveau et cette fois, il a demandé un délai, le temps, avait-il dit à ses interlocuteurs, d'entreprendre des contacts au Liban et à l'étranger. On se souvient qu'en 2005, Mikati avait été désigné à la suite d'un compromis provisoire entre de nombreuses parties concernées par le dossier libanais, notamment les États-Unis, la France, la Syrie et l'Arabie saoudite. Ayant d'ailleurs des intérêts économiques dans le royaume, le leader tripolitain ne voulait pas irriter le roi et les responsables saoudiens. Il a donc déployé une série de contacts dans les principales capitales du monde et il a même sondé le Premier ministre sortant Saad Hariri. Ce dernier aurait commencé par ne pas s'opposer ouvertement à sa candidature, convaincu sans doute que Mikati avait peu de chances d'être désigné, en raison de l'appui que continue d'accorder à Hariri la communauté internationale et les blocs parlementaires libanais. Mais lorsque le chef du PSP Walid Joumblatt a clairement annoncé sa position aux côtés « de la Syrie et du Hezbollah » et que le décompte des voix des députés a commencé à lui être défavorable, Hariri a changé de position. Au frère de Nagib Mikati, Taha, qui est venu le voir lui disant qu'il le considère comme son frère et que Nagib souhaiterait coopérer avec lui pour sortir le Liban de cette crise et éviter que la communauté sunnite se sente affaiblie, Saad Hariri a opposé une fin de non-recevoir, affirmant qu'il ne coopérera pas avec Nagib Mikati si les voix parlementaires devaient le désigner, ajoutant qu'il mènera la bataille jusqu'au bout. La réponse avait le mérite d'être claire et Mikati savait en quelque sorte à quoi s'attendre en acceptant d'être désigné par l'opposition. Pourtant, avant de prendre sa décision, il avait sondé le roi Abdallah d'Arabie et la réponse, selon lui, qui lui était parvenue laissait entendre que le monarque estimait que la candidature de Mikati n'était pas considérée par lui comme une provocation. De leur côté, les représentants du Hezbollah Hussein Khalil et d'Amal Ali Hassan Khalil étaient revenus de Damas avec une réponse positive de la part des autorités syriennes. Il a donc communiqué à l'opposition son acceptation de mener la bataille de la désignation, après avoir effectué des contacts avec les principales parties au sein de l'opposition, notamment le général Aoun, le député Sleimane Frangié, le commandement du Hezbollah et, bien sûr, le président Nabih Berry. Mikati a ensuite annoncé officiellement sa candidature et il est pratiquement assuré d'emporter la majorité des voix parlementaires (on parle d'un minimum de 67 voix) et donc d'être ainsi désigné Premier ministre chargé de former un gouvernement. Mais l'entreprise ne sera pas facile. Il a bien tenté de se présenter comme un candidat « de sauvetage » pour sortir le pays de cette division, selon ses propres termes, toutefois le camp Hariri ne compte pas lui faciliter la tâche. Ce qu'on attendait en principe de l'opposition, affirment ses sources, est en fait venu du 14 Mars, notamment le recours à la rue et les protestations populaires, non pas pour empêcher Nagib Mikati d'accepter sa désignation, mais afin de pousser le camp d'en face à la faute en descendant à son tour dans la rue, ouvrant ainsi la voie à d'éventuels dérapages. Et l'ex-opposition, puisque le score de Mikati semble le confirmer, d'affirmer qu'elle saura éviter le piège et qu'il n'est pas question de descendre dans la rue, mais de se consacrer à la formation d'un gouvernement rassembleur, sans personnalités pouvant être considérées comme une provocation, mais qu'elle est décidée toutefois à agir. Elle mise en fait sur l'essoufflement du mouvement populaire de protestation. Mais, au Liban, tout est toujours possible.
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