À l'issue de la réunion, les ministres de l'opposition sont sortis pour annoncer leur décision définitive de se retirer du gouvernement. Peu de temps après, c'est au tour du onzième ministre, Adnane Sayyed Hussein, de rendre publique sa démission à partir de Baabda, ce qui a achevé de rendre effective la démission de l'ensemble du gouvernement, dont le tiers des ministres plus un venaient de rendre leur tablier.
Lors d'une conférence de presse, Gebran Bassil a déclaré : « Afin de paver la voie à l'émergence d'un nouveau gouvernement comme le prévoit la Constitution et la mise en place d'une équipe capable d'assumer les responsabilités de la phase actuelle, à même de s'acquitter de ses devoirs en vue de la préservation de la stabilité, pour prévenir les dangers, protéger les intérêts des citoyens et faciliter leurs requêtes, et en vue d'assurer enfin une véritable justice, les ministres ici réunis présentent leur démission de ce gouvernement en espérant que le chef de l'État prendra au plus tôt les mesures requises pour la naissance du nouveau cabinet. »
M. Bassil a commencé son intervention par un mot de remerciement à l'adresse du roi d'Arabie, Abdallah ben Abdel Aziz, et du président syrien Bachar el-Assad « pour leurs efforts entrepris en faveur du Liban en vue de l'aider à dépasser la crise issue des prestations du gouvernement. » M. Bassil s'est dit désolé de voir que le processus n'a pas abouti et que « les opportunités de réussite ont été perdues ». Il a justifié la démission des ministres par la « politique de paralysie » qui prévaut et par l'arrêt des efforts déployés pour trouver une solution à la crise nationale. Il a en outre évoqué d'autres raisons motivant cette démission, à savoir « la soumission de l'autre partie aux pressions extérieures, notamment américaines, occultant ainsi les conseils et les attentes des deux parties saoudienne et syrienne, et faisant fi des progrès et des résultats positifs auxquels elles étaient parvenues ».
M. Bassil a relevé au passage « la réaction positive » affichée par l'opposition pendant plusieurs mois, à laquelle le camp du 14 Mars, « qui œuvrait à la paralysie du gouvernement », a répondu en « s'abstenant de prendre les décisions en relation avec les questions qui préoccupent les citoyens et celles qui sont à même de préserver les deniers publics ». Et de dénoncer la « politique obstructionniste » pratiquée par la majorité qui, a-t-il dit, « a œuvré à empêcher le gouvernement de remplir son rôle effectif selon les mécanismes constitutionnels ». Le ministre a rappelé la « dernière tentative » effectuée par l'opposition, qui avait réclamé la veille la tenue d'un Conseil des ministres visant à régler la situation interne, proposition rejetée par « l'autre partie qui a refusé l'arbitrage du gouvernement ».
Prié de dire qui était le candidat de l'opposition pour présider le prochain gouvernement, M. Bassil a indiqué qu'il revient d'abord au président de la République d'entamer les consultations parlementaires à cette fin, et à ce moment-là, « l'opposition révélera le nom de son candidat ».
À la question de savoir si, en choisissant le moment où le Premier ministre devait rencontrer le président américain, le camp du 8 Mars a voulu que M. Hariri accède à la Maison-Blanche sans aucune légitimité, il a répondu qu'il « a effectivement omis d'indiquer l'heure qu'il était à Washington au début de la conférence ». Et de trancher : « Les Libanais doivent choisir une fois pour toutes entre Beyrouth et Washington. Notre choix est le retour aux institutions. Nous avons demandé la tenue d'un Conseil des ministres afin de rester fidèles à notre slogan de liberté, souveraineté et indépendance. On voit clairement qui est effectivement attaché à la souveraineté du pays et qui ne l'est pas. » Et de conclure : « La décision se trouve désormais en dehors des institutions car nous avons été privés de notre droit constitutionnel de recourir au vote. »
Le sabotage des efforts syro-saoudiens
Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Énergie et des Ressources hydrauliques avait tenu une autre conférence de presse dans laquelle il a notamment évoqué une question de poursuites dont il dit avoir fait l'objet, effectuées selon lui par la branche des renseignements des FSI, affirmant que la « sécurité est politisé, la justice absente et le gouvernement paralysé ».
De son côté, le ministre du Tourisme, Fadi Abboud, avait indiqué, en réponse à une question sur un éventuel dérapage sécuritaire, qu' « il n'y aura pas de recours à la rue quelles que soient les circonstances ».
Le secrétaire général du Parti syrien national social, Assaad Hardane, a affirmé pour sa part que « le fait que le camp du 14 Mars ait accepté l'idée que les États-Unis puissent saboter les efforts syro-saoudiens suscite des interrogations de taille sur les alliances contractées par cette partie ». « Le plus dangereux est le fait que ce camp accepte de laisser le dernier mot aux États-Unis », a-t-il ajouté.
Le chef de l'Organisation populaire nassérienne, Oussama Saad, s'est prononcé sur le même sujet, affirmant que les États-Unis œuvrent à faire obstruction à toute tentative de règlement afin de servir leurs objectifs propres dans la région consistant à provoquer des conflits à caractères communautaire et confessionnel.
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