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Culture - Interview

PPDA : « J’adore observer l’amour, le disséquer comme un étymologiste »

On a beau avoir été bercé durant des années par son onctueux
« Mesdames et Messieurs bonsoir », la curiosité de rencontrer « live » (pardon M. Toubon !) l'homme-tronc le plus célèbre du PAF reste vive. Rendez-vous donc à son arrivée à Beyrouth pour une interview express exclusive avec un auteur, certes, mais qui n'en reste pas moins, malgré son éviction controversée, une vedette du journalisme télévisé.

Arriver à Beyrouth par la mer, à bord du navire pétrolier La Meuse, en compagnie de la quinzaine d'écrivains francophones, « des différentes rives de la Méditerranée, de toutes les confessions et opinions », réunis par l'écrivain-diplomate Daniel Rondeau, est une expérience qui a beaucoup plu à Patrick Poivre d'Arvor. « Ça m'a permis également de passer une journée entière avec mon ami de longue date Jean-Marie Gustave Le Clézio (NDLR : PPDA n'a pas fait toute la traversée depuis Malte, il a embarqué à Chypre), pour mon plus grand
bonheur. » Et puis arriver à Beyrouth par la mer, c'est bien. Cela m'a rappelé des moments, durant la guerre, où j'étais obligé de quitter Beyrouth par le ferry et dans des conditions qui étaient vraiment moins pacifiques. »
Homme d'images mais intrinsèquement passionné par l'écriture, PPDA écrit, dit-il, « pour donner rendez-vous ». Une « jolie réponse » qu'il avoue emprunter à Robert Desnos (qui figure d'ailleurs dans J'ai tant rêvé de toi, un de ses romans cosigné avec son frère Olivier Poivre d'Arvor). Mais une réponse qu'il étoffe des précisions suivantes : « J'écris pour me donner d'abord rendez-vous à moi-même. Parce que je pense - soyons franc ! - qu'il y a une grosse part d'égoïsme dans l'écriture. Et, ensuite, pour donner rendez-vous à des gens qui peuvent avoir les mêmes vibrations, les mêmes émotions ou encore les mêmes indignations que moi. »

Disparaître, un fantasme
Il écrit depuis l'âge de 16 ans. Depuis Les enfants de l'aube, son premier roman nourrit d'une part « assez noire » de sa vie. « Et depuis ça ne s'est jamais arrêté », dit ce monsieur qui a à son actif une trentaine d'ouvrages, en solo ou cosignés avec son frère Olivier Poivre d'Arvor, philosophe et directeur de Culture-France. Ce dernier était d'ailleurs venu, il y a quelques années, présenter au Salon du livre de Beyrouth Disparaître, une fiction écrite à deux et inspirée des derniers jours de Lawrence d'Arabie. Et qui, comme c'est le cas pour la plupart des livres que les deux frères écrivent en binôme racontent des destins d'aventuriers ou de héros (Pirates et Corsaires ou encore Courriers de Nuit. La légende de Mermoz et de Saint-Exupéry). Une attrait commun, sans doute, pour ces grandes figures d'hommes libres, qu'ils narrent avec « une écriture commune qui n'est ni la mienne (plus lyrique) ni la sienne (plus incisive), mais quasiment un troisième style. »
Et dans le cas de Lawrence d'Arabie, la projection d'un
« fantasme personnel (à l'ex-présentateur du journal télévisé). Celui d'être moins exposé à la lumière crue des
projecteurs », révèle PPDA.
Qui n'en est pas à un paradoxe près ! Et qui le revendique d'ailleurs en toute
liberté : « Tout homme est paradoxe, tout homme est ambiguïté », soutient-il.
« Mais, reprend-il, j'ai commencé à la radio, à France Inter, à ce moment-là, les gens ne connaissaient pas ma tête et l'exposition a été très relative pour moi. Ce n'est que par la suite, avec la télévision, que toutes ces choses sont devenues plus lourdes et qu'elles ont pris des proportions, de mon point de vue, déraisonnables ». Notamment pour le tollé provoqué par son éviction du journal télévisé après près de trois décennies de bons et loyaux services ?
« Ce n'est jamais que le remplacement d'un présentateur du journal », commence-t-il par répondre en toute modestie,
« mais, poursuit-il, j'avais, visiblement, beaucoup marqué les Français qui ont été des dizaines de milliers à envoyer des messages de toutes sortes et des millions à décider de déserter cette chaîne. On sent qu'il y avait eu un attachement. Ça avait quand même duré 7 ans sur la 2 et 21 ans sur
TF1 ». Aujourd'hui se sent-il plus serein d'être moins exposé - car il anime quand même deux émissions littéraires ? « Oui, d'autant que j'ai choisi délibérément des chaînes plus confidentielles, comme France 5 et Arte, qui me permettent des faire, et d'approfondir, des choses que j'aime. »

« Horizons lointains » spécial Liban
D'ailleurs, parallèlement à sa participation au Salon du livre, PPDA est à Beyrouth pour faire une série d'interviews à des auteurs libanais dans le cadre de son émission Horizon lointains sur Arte*. « C'est une émission qui me permet de faire connaître un pays à travers ses écrivains. Je l'ai fait en Afrique du Sud, à Tahiti, en Égypte, au Québec, au Portugal, à Prague et à chaque fois j'ai beaucoup appris et je suis content de pouvoir partager avec les téléspectateurs une heure entière autour de l'écriture dans ces pays. »
 
L'amour : capital
Pour en revenir à son activité d'écriture, en tant qu'auteur - en solo -, il s'est beaucoup penché sur les biographies amoureuses de personnages célèbres : La Fayette (J'ai aimé une reine), Don Juan, Lord Byron, etc. Son dernier roman, Fragments d'une femme perdue (Grasset), parle aussi d'amour et il vient de présenter une introduction à un texte intemporel de Stendhal, intitulé justement De l'amour. le sentiment amoureux semble occuper une place prépondérante dans ses écrits. Quelle place occupe-t-il dans sa vie ? La réponse fuse : « Capitale. »
« Je ne parle jamais de mes histoires d'amour, mais c'est très important pour moi. Je pense qu'aimer, c'est vibrer. J'aime aimer, j'aime être aimé et je ne déteste pas le dire. Mais je ne parle ni de l'intimité ni des personnes qui peuvent traverser ma vie. J'adore observer le sentiment amoureux, le disséquer, comme un étymologiste. »
Comme il dissèque aussi par l'écriture ses douleurs (celle du deuil, à la suite du décès de sa fille, anorexique, dans Elle n'était pas d'ici) ou sa quête spirituelle. Il écrit actuellement un livre sur un itinéraire spirituel qui va s'appeler Tenir et se tenir, un titre inspiré de sa devise :
« Tenir bon et se tenir bien ».
Quel est son rapport à sa marionnette, star des Guignols de l'info sur Canal+ ? « Je vis avec tranquillement. Pendant longtemps j'avais le prétexte que du fait que je travaillais à la même heure je ne pouvais pas la regarder. Maintenant que je pourrais la regarder, je ne la regarde pas pour autant. » C'est quand même une sorte de reconnaissance, d'autant qu'elle n'a pas été retirée après son départ de journal télévisé de TF1 ? « Je ne le vis pas comme une légion d'honneur ni comme une entrée à l'Académie française, mais je pense que dans leur esprit, c'est sans doute que j'incarne la figure du journalisme français. Je ne sais pas ce qu'ils disent d'ailleurs, mais je leur ai toujours permis de dire ce qu'ils veulent. Je pense que quand on est journaliste, il faut être soi-même très ouvert à tout », conclut ce monsieur, finalement très agréable à interviewer, même si par moments il s'amuse à retourner l'exercice en vous posant des questions pas toujours exclusivement journalistiques !

* L'émission consacrée au Liban passera début 2010. 
Arriver à Beyrouth par la mer, à bord du navire pétrolier La Meuse, en compagnie de la quinzaine d'écrivains francophones, « des différentes rives de la Méditerranée, de toutes les confessions et opinions », réunis par l'écrivain-diplomate Daniel Rondeau, est une expérience qui a beaucoup plu à Patrick Poivre...

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