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Lifestyle - Success story

L’impressionnant parcours d’Amale Andraos

Armée d'une solide réputation à New York, Harvard et Princeton, l'architecte Amale Andraos estime que son origine libanaise fait d'elle une sorte de pont, rapprochant toujours des pôles culturels différents.

Amale Andraos et Dan Wood ont aujourd'hui le vent en poupe. Ces deux architectes, libanaise et hollandais, travaillent en tandem. Un impressionnant parcours pour ces jeunes talents. L'architecture qu'ils poursuivent est celle « qui intègre conscience et culture, nature et artifice, pragmatisme et surréalisme ». Fondateurs associés de l'agence Workac, établie à New York en 2002, le couple s'est taillé une solide réputation à New York, à Harvard et à Princeton où ils enseignent aussi. En 2008, ils remportent le très prestigieux concours du « Young Architect Program » organisé par le MoMA et le Centre d'art contemporain PS 1 pour le projet « Ferme urbaine ». Cette année, à l'occasion du cinquantenaire de sa création, le Guggenheim Museum, en collaboration avec la Fondation Frank Lloyd Wright, a organisé, du 15 mai au 23 août 2009, une exposition intitulée « Frank Lloyd Wright : From within Outward », consacrée à l'œuvre et à la vie de ce pionnier de l'architecture contemporaine. Un séminaire ayant pour thème « L'avenir en urbanisme » a eu lieu, lors duquel Amale Andraos a été invitée à exprimer sa vision sur l'architecture urbaine du XXIe siècle.
Workac compte à son actif de nombreux projets internationaux dont notamment « Kew Gardens Hill Library », la bibliothèque de la ville de Queens ; le concours Hua pour Hua Qiang Bei à Shenzhen en Chine pour l'aménagement du boulevard commercial urbain où ils sont finalistes ex aequo, en compétition avec le doyen de MIT Young Ho Chang ; le concours pour le nouveau Centre d'art et de culture à Beyrouth (Dar Beirut), le projet théorique « Cadavre Exquis Lebanese » présenté lors de la Biennale de Rotterdam en 2007, inspiré par la technique surréaliste du « cadavre exquis » projetant un nouveau plan urbain pour le centre-ville ; et le livre portant sur 49 villes qui revisitent 49 visions urbaines pour les réexaminer d'un point de vue écologique.

La « wrap dress » adoptée en architecture
Le clou reste l'impressionnante réussite architecturale créée pour le studio de la « designer » Diane Von Furstenberg situé au Meat Packing District, quartier historique et branché de New York, qui définit parfaitement le concept qui a été adapté dans les vingt boutiques de la créatrice de la robe portefeuille (wrap dress) à travers le monde. L'immeuble en verre de 3 500 m2, réparti sur six étages, est l'écrin d'un grand caisson lumineux qui abrite la boutique, le showroom, les bureaux ainsi que les espaces privés de Diane Von Furstenberg. Pour capter la lumière naturelle bien répartie dans les six étages, les deux architectes ont sauvegardé deux façades tout en construisant une structure entièrement nouvelle à l'arrière. Car il était important de pouvoir « exploser » le projet de ses limites à l'intérieur comme à l'extérieur. Inspirés par les gestes simples mais radicaux de l'artiste Gordon Matta Clark, ils ont proposé, à l'intérieur, une simple coupure en diagonale reliant le sol au ciel qui permet à la lumière de transpercer les six étages. Cette diagonale est l'infrastructure même du projet car elle intègre lumière et circulation tout en reliant les espaces collectifs, à savoir le lobby et son plan d'eau réfléchissante, un espace théâtre en double hauteur au deuxième étage (showroom), et en haut, la diagonale se transforme en penthouse cristallin se projetant à l'extérieur. Au sommet, les miroirs héliostatiques suivent les rayons du soleil pour les refléter tout au long de l'escalier à l'aide de miroirs et de cristaux. « Alors que l'escalier et les espaces qu'il connecte sont très spécifiques, le reste des étages reste très flexible », explique Amale Andraos.

Remplacer les parcs par des aires cultivables
Lors du séminaire organisé par le Guggenheim Museum portant sur l'avenir en urbanisme, Amale Andraos a été invitée à dévoiler sa propre vision de l'architecture moderne du XXIe siècle. Dépassant « le cliché qui a longtemps opposé et continue d'opposer Le Corbusier à Frank Lloyd Wright, elle prévoit un futur architectural urbain centré sur des concepts simples qui reprennent les préoccupations essentielles de ces deux penseurs, à savoir l'intégration et la recherche d'un équilibre entre l'environnement urbain et l'environnement au sens large ».
L'architecte libanaise a proposé trois stratégies originales : trouver des façons de combiner infrastructure et création de nouveaux espaces publics ; trouver une nouvelle inspiration pour l'architecture et l'urbanisme non dans leur forme, mais dans les systèmes écologiques, urbains et autres qui les soutiennent ; et abandonner enfin l'idée de paysage purement contemplatif et développer une nouvelle esthétique de paysage productif autour duquel de nombreuses nouvelles relations sociales peuvent se créer. « Par exemple, remplacer les parcs purement verts par des aires cultivables et productives. »
Constamment portés à « explorer les limites de la discipline pour trouver des terrains de collaboration avec d'autres expertises qui sont essentielles à la production d'une architecture qui répond aux défis de ce nouveau siècle - sociopolitique, culturel ou environnemental » -, Amale et Dan optent pour une architecture qui « n'est pas séparée de l'échelle du meuble, de la ville ou de la planète ». « C'est à travers toutes ces échelles continues que nous nous efforçons de réfléchir », dit-elle. « Après une décennie préoccupée presque exclusivement par le formel, le paysage architectural a de nouveau changé. Aujourd'hui, il faut de nouveau pouvoir imaginer des mondes différents en dépassant les deux pôles traditionnels de l'architecture, le programme et la forme, pour projeter une vision intégrée qui surprend et offre la possibilité de nouvelles façons de cohabiter », imagine-t-elle.

Origine libanaise, une sorte de pont
L'architecte libanaise avoue que les « trois pôles de pensée représentés par Le Corbusier, Frank Lloyd Wright et Buckminster Fuller ont joué un rôle important dans la carrière du couple. Les architectes plus radicaux des années 60 - Archigram, Superstudio et Archizoon - qui lient vision, critique et humour » ont influencé leur travail ainsi que les architectes contemporains, Rem Koolhaas, Toyo Ito, Sanaa, MVRDV, FOA, et également les explorations climatiques de Philippe Rahm. Son origine libanaise n'a pas eu d'influence directe sur sa créativité architecturale. « En revanche, elle a certainement formé mon approche au monde en général. En tant que Libanaise, je me suis toujours sentie comme une sorte de pont, rapprochant toujours des pôles culturels différents et souvent construits comme opposés, tout en demeurant légèrement au dehors », avoue-t-elle avec subtilité. Compte-t-elle retourner au Liban ? « S'installer à New York n'était qu'un choix pragmatique à l'époque de la création du bureau, et je compte bien retourner au Moyen-Orient dès que des possibilités de travail, je l'espère, se présenteront. » « Évidemment, j'adorerais travailler à Beyrouth et au Liban en général », conclut-elle. Née à Beyrouth, Amale Andraos a vécu en Arabie saoudite, à Paris, Rotterdam et Montréal, où elle a obtenu son diplôme d'architecture de l'Université McGill. Titulaire d'un diplôme de maîtrise de Harvard, elle enseigne aux universités de Harvard et Princeton.
Amale Andraos et Dan Wood ont aujourd'hui le vent en poupe. Ces deux architectes, libanaise et hollandais, travaillent en tandem. Un impressionnant parcours pour ces jeunes talents. L'architecture qu'ils poursuivent est celle « qui intègre conscience et culture, nature et artifice, pragmatisme et surréalisme ». Fondateurs associés de l'agence Workac,...

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