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Dossier Europe - Interview

Le but ultime de Kiev, devenir membre à part entière de l’UE

Le nouvel ambassadeur ukrainien à Beyrouth Volodymyr Koval dissèque les acquis dans la politique intérieure et extérieure de son pays à l'occasion du 18e anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine.
L'Ukraine célèbre aujourd'hui le 18e anniversaire de son indépendance. En effet, la Verkhova Rada (Parlement) a déclaré l'Ukraine comme pays indépendant le 24 août 1991. Lors du référendum réalisé le 1er décembre de la même année, 90 % des citoyens ayant participé au scrutin ont confirmé leur soutien à l'indépendance de leur pays.
La signification de cette date pour les Ukrainiens est avant tout attachée à la réalisation du projet étatique. Elle est également associée à un regard rétrospectif sur le chemin parcouru depuis 18 ans, alors que l'histoire de cette nation presque millénaire est actuellement liée à ce jeune pays.
Aujourd'hui, l'Ukraine célèbre son indépendance avec des acquis dans sa politique intérieure et extérieure.
« Un système politique démocratique a été instauré », déclare le nouvel ambassadeur ukrainien à Beyrouth, Volodymyr Koval, ajoutant fièrement que son pays est le seul État de l'ex-URSS à avoir jeté les bases d'une démocratie fondée sur les valeurs européennes et le respect des droits de l'homme. « Nous avons une société civile active et énergique. La liberté des médias et de la presse est garantie par le pouvoir politique. En outre, les dernières élections de 2006 et 2007 ont été reconnues par la communauté internationale comme libres et justes. Ce qui prouve l'enracinement du processus démocratique en Ukraine », affirme M. Koval.
Selon le diplomate ukrainien, son pays « a commencé de zéro », admettant que la construction étatique ne se fait pas sans difficulté. Le pluripartisme mène parfois à des conflits houleux au Parlement, dans les médias et dans la société. Et des tiraillements au sein du pouvoir existent. « Il faut du temps pour construire une démocratie, en espérant trouver rapidement un équilibre parmi les différents pouvoirs au sein de l'État, entre le Parlement, le président de la République et le Premier ministre »,  explique M. Koval. L'essentiel, selon lui, c'est que les débats ont lieu dans le champ constitutionnel, alors que les décisions politiques de principe se prennent sur une base consensuelle.
« L'Ukraine est très proche des valeurs et des principes de l'Union européenne (UE). Et nous allons devenir membre de l'UE. C'est le but principal et ultime de mon pays. Nous sommes un pays européen, nous sommes situés en Europe », affirme l'ambassadeur ukrainien.
L'Union européenne et l'Ukraine se sont engagées à parvenir à un « accord d'association » à l'horizon 2009, lors du sommet qui a réuni l'année dernière le chef de l'État français Nicolas Sarkozy - qui assurait à cette époque la présidence de l'UE - et son homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko. Cet accord d'association devrait donner une « impulsion décisive » et « laissera la voie ouverte à des développements progressifs supplémentaires dans les relations UE-Ukraine », affirmait la déclaration adoptée à l'issue du sommet.
L'accord d'association mènera à terme à l'établissement d'une zone de libre-échange, avec un rapprochement de l'appareil réglementaire ukrainien des normes européennes, et contribuera à « une intégration graduelle de l'Ukraine » au marché intérieur de l'UE. Il renforcera en outre la coopération en matière de justice, de sécurité et de circulation des personnes. Sans attendre, un dialogue sera engagé sur la suppression, à terme, des visas entre l'UE et l'Ukraine.
Kiev est déjà un pays partenaire prioritaire de la politique européenne de voisinage (PEV). Un plan d'action UE-Ukraine a été adopté lors du Conseil de coopération UE-Ukraine, en 2005. Ce plan vaste et ambitieux se fonde sur l'accord de partenariat et de coopération (APC), qui avait été complété en 1999 par la « Stratégie commune à l'égard de l'Ukraine » dont l'objectif était d'« accroître le degré de cohérence de la politique communautaire » envers ce pays.
Selon le diplomate ukrainien, un tel rapprochement ne pourra se produire que si Kiev remplit les critères nécessaires. Il s'agit d'une reforme profonde qui vise toutes les sphères de la vie politique, économique et sociale en Ukraine, et sur lesquelles les efforts du président, du gouvernement et du Parlement ukrainiens sont dirigés aujourd'hui.
Parmi les points noirs, on retrouve la corruption, admet M. Koval. Les autorités sont conscientes de ce problème, et le président travaille d'arrache-pied pour mettre fin à ce phénomène. « Il faut une nouvelle génération ayant les mains propres qui puisse prendre la relève et en finir avec cette maladie qui mine le pays. »
Pour le diplomate ukrainien, le rapprochement entre son pays et l'UE est inévitable, même si certains pays sont encore réticents. Avec une population dépassant les 40 millions d'habitants, l'Ukraine est un grand pays. Sa position géographique est stratégique pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe. « L'ouverture vers le marché ukrainien est une nécessité pour l'UE », ajoute l'ambassadeur.
Sur un autre plan, l'Ukraine vise également l'adhésion à l'OTAN pour assurer sa sécurité. « Nous coopérons activement avec l'OTAN pour atteindre les critères et les standards exigés pour adhérer à l'Alliance atlantique », affirme M. Koval. Selon lui, l'Ukraine estime sincèrement qui l'intégration au sein de l'UE et de l'OTAN est la meilleure base pour la sécurité nationale du pays, ainsi que pour son développement stable et réussi.
Il réfute en outre toute tiédeur des relations avec les États-Unis après l'élection de Barack Obama. Selon lui, les Américains ont affirmé à maintes reprises leur soutien à l'Ukraine.

Ukraine-Russie
Le diplomate ukrainien revient sur les relations entre son pays et la Russie.
« Nous avons des rapports historiques avec Moscou. Des liens ancestraux rassemblent beaucoup de familles entre les deux pays. Moscou est en outre un partenaire stratégique, et nos deux États sont liés par une série de traités », affirme Volodymyr Koval. D'après lui, les fondements d'une relation saine entre la Russie et l'Ukraine doivent être le respect mutuel.
« La Russie se considère actuellement comme l'héritière de l'URSS. Et dans ce cadre, certains dirigeants russes estiment que l'Ukraine fait toujours partie intégrante de la Russie. Or, Kiev est aujourd'hui un pays indépendant et souverain qui a sa propre politique étrangère. Ce qui contredit parfois les intérêts russes », explique M. Koval qui compare les relations avec la Russie à celle d'un individu adulte qui veut s'émanciper de l'emprise de son grand frère.
Revenant en outre sur la « guerre du gaz » qui empoisonne les relations entre Kiev et Moscou, l'ambassadeur ukrainien affirme que « cette guerre est terminée puisque la Russie a pris conscience que les pressions économiques exercées sur mon pays se retournent contre elle, un manque de confiance s'instaurant non seulement avec l'Ukraine, mais aussi avec l'UE ».
L'ambassadeur ukrainien récuse par ailleurs la dernière lettre du président russe Dmitri Medvedev qui accuse les dirigeants ukrainiens d'être antirusses et affirmant que le rétablissement de relations normales avec Kiev n'est pas possible avec les dirigeants actuels prooccidentaux. Cette lettre publiée le 11 août « n'est pas diplomatique et ne respecte pas la souveraineté de l'Ukraine », affirme M. Koval, ajoutant que « les principes de base de la politique étrangère de l'Ukraine sont le bon voisinage, la coopération et le respect des normes du droit international ».

Ukraine-Liban
C'est dans ce cadre que les relations diplomatiques ont été établies entre l'Ukraine et le Liban en 1992. Depuis, la coopération économique se développe vigoureusement entre les deux pays. « Les résultats des six premiers mois en 2009 montrent que le volume des échanges commerciaux bilatéraux entre le Liban et l'Ukraine s'est élevé à près de 260 millions de dollars. D'après les estimations de la mission économique et commerciale auprès de l'ambassade d'Ukraine, ce chiffre peut atteindre les 400 millions de dollars d'ici à la fin de l'année », affirme l'ambassadeur ukrainien.
Aujourd'hui, l'Ukraine se trouve à la 14e place parmi les plus importants partenaires du Liban dans le monde. En mars 2008, des hommes d'affaires libanais et ukrainiens ont créé le Conseil ukraino-libanais d'affaires. Son travail contribue indubitablement au développement de la coopération économique entre les deux pays.
Par ailleurs, « plus de dix accords intergouvernementaux forment actuellement le cadre juridique qui lie nos deux pays dans les domaines économique, politique et culturel. Cinq autres traités sont en train d'être étudiés », notamment l'accord sur la coopération et l'assistance dans les affaires civiles et criminelles.
Volodymyr Koval note enfin la présence de plus de 6000 Ukrainiens au Liban, alors qu'une diaspora de plus de 15000 Libanais se trouve en Ukraine dont un grand nombre d'étudiants. « Tout cela ouvre de bonnes perspectives pour le développement des relations entre nos deux pays », conclut M. Koval.
L'Ukraine célèbre aujourd'hui le 18e anniversaire de son indépendance. En effet, la Verkhova Rada (Parlement) a déclaré l'Ukraine comme pays indépendant le 24 août 1991. Lors du référendum réalisé le 1er décembre de la même année, 90 % des citoyens ayant participé au scrutin ont confirmé...

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