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Moyen Orient et Monde - Analyse

La rivalité entre jihadistes pourrait profiter au Hamas

Les rues de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, portent encore les traces des violents combats qui ont opposé vendredi et samedi le Hamas au groupe salafiste Jund Ansar Allah. Ces affrontements, qui ont fait au moins 28 morts dont le chef des « Guerriers de Dieu », ne marquent probablement pas la fin des rivalités entre le Mouvement de la résistance islamique et les petites factions plus radicales qui défient son pouvoir dans le territoire côtier.
Selon ces groupes, les objectifs jihadistes prônés par el-Qaëda forment un programme plus important que les idées essentiellement nationalistes défendues par le Hamas. Jund Ansar Allah s'était fait connaître en juin lors d'un raid mené à cheval contre un poste-frontière israélien. Le groupe bénéficie d'un bon soutien parmi la population de la bande de Gaza, où de nombreuses personnes ayant connu son chef, Abdellatif Moussa, dit Abou al-Nour al-Makdessi, l'ont décrit comme un homme aimable et pacifique.
Selon des proches, il s'était fait le chef spirituel de jeunes sympathisants jihadistes écœurés par les persécutions menées contre eux par le Hamas.
Suivant un schéma qui rappelle le désenchantement vis-à-vis du Fateh au profit du Hamas, il y a deux ans, de nombreux Gazaouis semblent à présent se tourner vers des groupes islamistes plus radicaux.
Ces derniers reprochent au Hamas de ne pas faire appliquer la charia ou de lorgner les pays occidentaux pour négocier un allègement de l'isolement imposé par Israël.
« Ces derniers mois, l'invasion israélienne et la situation économique ont renforcé l'extrémisme des plus radicaux. Les liens avec el-Qaëda sont peut-être très distendus, mais les sympathies sont élevées », estime Maha Azzam, du cabinet d'analyse londonien Chatham House.

Geste envers l'Occident
La présence probable d'un activiste étranger parmi Jund Ansar Allah - un Syrien d'origine palestinienne, tué en même temps que Moussa - affaiblit en outre les déclarations du Hamas, qui assure qu'aucun membre d'el-Qaëda n'est présent dans Gaza.
Des groupes tels que le Jaïch el-Islam (Armée de l'islam), les Souyouf el-Hak (Épées vertueuses) ou le Jaïch al-Oummah (Armée de la nation) étaient jusqu'à présent considérés comme idéologiquement proches d'el-Qaëda, mais non directement liés.
Mais si le regain de tensions entre ces factions et le Hamas n'augure certes pas d'un possible règlement prochain du blocage politique qui divise les Palestiniens, certains analystes y voient des éléments positifs.
Tout d'abord, cet affrontement montre, même si le Hamas entendait avant tout protéger son territoire, que le parti islamiste est prêt à intervenir contre les groupes dont l'engagement envers le processus de paix est encore plus faible que le sien.
« L'objectif principal était de montrer aux pays occidentaux que le Hamas est capable de supprimer toute progression des groupes plus radicaux. Le Hamas voulait montrer qu'il est certes un parti islamiste, mais modéré, avance Hani Habib, analyste palestinien. Je pense que les Européens attendaient un tel geste de la part du Hamas pour justifier un éventuel changement de leur position officielle envers lui. »
Si les dirigeants de Gaza semblent avoir toléré les petites factions radicales, ils ont parfois été irrités par leurs tirs de roquettes vers Israël, qui ont perturbé les trêves, ou leurs attaques contre les étrangers et les chrétiens de Gaza, qui ont mécontenté les gouvernements occidentaux.
Selon Are Hovdenak, auteur d'un article sur le sujet pour l'Institut international de recherche sur la paix, à Oslo, ces tensions pourraient faire apparaître de nouvelles portes de sortie au conflit.
« On pourrait s'apercevoir, explique-t-il, qu'il existe deux tendances au sein des islamistes, que le Hamas souhaite jouer un rôle face à ces groupes jihadistes et même qu'il pourrait être un allié contre eux. »

Alastair MacDonald (Reuters)
Les rues de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, portent encore les traces des violents combats qui ont opposé vendredi et samedi le Hamas au groupe salafiste Jund Ansar Allah. Ces affrontements, qui ont fait au moins 28 morts dont le chef des « Guerriers de Dieu », ne marquent probablement pas la fin des rivalités entre le Mouvement de la résistance...
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