La mer, à prix d’or

La mer ! Pour elle, des millions de touristes font le déplacement à travers le monde, rien que pour plonger dans son eau rafraîchissante, jouir en toute liberté de la beauté de cet espace infini et profiter de précieux moments de loisirs et de détente.
Dans les pays dits civilisés, la mer appartient à tous. C'est un espace public. Chacun a la possibilité de s'y baigner sans débourser le moindre sou. La plage aussi est ouverte à tous, qu'elle soit de sable, de galets ou de rochers. Non seulement gratuits, ces espaces publics sont nets, propres, bien entretenus. Pas le moindre papier ni la moindre canette de bière, qui traînent là. De quoi donner l'envie au citoyen d'aller s'y promener, de piquer une tête dans la grande bleue, de faire un petit brin de bronzette, étendu sur le sable ou sur un rocher.
Au Liban également, la mer donne envie, car elle est si belle à contempler, si tentante à caresser. Mais elle est si difficile d'accès, la mer du Liban, de même que ses plages de sable, de galets et de rochers.
Car chez nous, la mer appartient à tous sauf au citoyen. Ici ou là, les investisseurs privés se sont approprié les plus beaux coins. Ils en ont fait des plages payantes, propres et bien aménagées, prises d'assaut par les vacanciers aisés, mais inabordables pour les citoyens moins nantis et pour de nombreux touristes. Ils y ont aussi bâti, ces investisseurs privés, d'horribles complexes tout en béton, dont ils ont vendu les « chalets » à prix d'or. Non seulement ils ont envahi la mer, mais ils en ont complètement masqué la vue.
Qu'il lui prenne l'envie, au citoyen, de tenter de se trouver un coin de mer paradisiaque, où il pourrait s'ébattre en toute liberté, loin du bruit, de la foule et du béton, il risque d'être grandement déçu, car il ne trouverait que poubelles et déchets en tout genre oubliés là par des promeneurs peu scrupuleux. Des déchets qu'aucune municipalité ne prendra la peine de ramasser. Il risque aussi, en nageant, de se retrouver entouré d'eaux usées provenant d'usines dont une grande partie occupe les bords de mer.
Les plages publiques ? Elles existent, certes, fort heureusement, mais on pourrait les compter sur les doigts d'une main. Et puis ces plages, elles sont souvent sales et mal entretenues. Certaines même sont situées à proximité de bouches d'égouts.
Alors, le citoyen c'est à prix d'or qu'il ira cette année faire trempette dans la grande bleue. Comme chaque année. À moins de fermer les yeux sur ces désagréments, que personne ne cherche vraiment à résoudre.