Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Euromed Marché

Le pari méditerranéen d’une zone de libre-échange bute sur les relations Sud-Sud

Malgré les progrès importants réalisés, on peut encore observer un faible niveau d'intégration économique entre les pays de la rive sud de la Méditerranée.

Avec la fin du programme « Euromed Marché » qui a clôturé ses travaux lors de sa conférence finale à Barcelone fin avril, la question de la naissance de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne se pose plus que jamais, et reste le défi principal à relever dans le partenariat méditerranéen.
L'objectif principal de ce programme, qui a duré près de sept ans et qui a été financé par l'Union européenne (UE), était de contribuer à la création d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne à l'horizon de l'année 2010. Il vise en outre à promouvoir une coopération plus profonde entre les États membres de l'UE et les pays partenaires méditerranéens (PM) dans un cadre régional, intrarégional et bilatéral. L'action et l'esprit d'« Euromed Marché » s'inscrivent dans le volet 2 de la Déclaration de Barcelone de novembre 1995, consacré au partenariat économique et financier.
« Ce programme a soutenu, par le biais de ses activités, le renforcement des institutions et le rapprochement législatif dans la plupart des PM, ce qui a débouché à son tour sur la signature de nombreux accords de libre-échange parmi quelques-uns des PM », affirme de prime abord une étude intitulée « Vers la zone de libre-échange », présentée durant la conférence finale du programme « Euromed Marché ».
Toujours selon cette publication, « des résultats concrets ont été obtenus dans un certains nombre de domaines prioritaires couverts par le programme, à l'instar du "Protocole Pan-Euro-Med sur les règles d'origines". Une autre réalisation du programme est qu'il a permis d'inscrire les pays MEDA à l'ordre du jour de la Journée européenne de la concurrence annuelle ». Par ailleurs, le volume des saisies de marchandises contrefaites a enregistré une hausse de 200 %, selon les conclusions d'un séminaire intrarégional sur la coopération douanière et la lutte contre la contrefaçon et la piraterie concernant l'Algérie, le Liban et la Syrie, et qui a eu lieu à Chypre en 2005.
Autre acquis - et non des moindres - à mettre à l'actif du programme « Euromed Marché » est « la création et la consolidation de réseaux euro-méditerranéens, plus particulièrement dans le domaine de la concurrence, audit et comptabilité, et droits de propriété intellectuelle ».
L'UE a proposé aux pays méditerranéens en 1995 le même système que celui adopté par les pays européens, affirme lors de la conférence finale Jean-Louis Reiffers, président du comité scientifique de l'Institut de la Méditerranée, doyen émérite, professeur d'économie à Aix/Marseille II et coordinateur du FEMISE.
M. Reiffers explique ainsi l'approche européenne qui est fondée sur une union douanière et des fonds de convergence, sans union politique. Ce système libéralise en outre progressivement la circulation des biens et des personnes, mais assure une croissance plus faible que l'approche américaine de la zone de libre-échange, fondée sur une croissance très forte mais aussi sur des inégalités croissantes. Une comparaison est également faite avec l'approche asiatique fondée sur la fragmentation du processus de production, et sans convergence.
Toutefois, tous les participants s'accordent sur le constat d'échec du principe de libre-échange Sud-Sud. « Malgré les progrès importants réalisés à la suite de la signature de l'accord d'Agadir en 2004, on peut encore observer un faible niveau d'intégration économique Sud-Sud », affirme la publication Vers une zone de libre-échange. « Le grand échec c'est le libre-échange Sud-Sud » renchérit M. Reiffers. D'autres obstacles restent également à franchir. M. Reiffers cite « le problème agricole qui reste entier entre le nord et le sud de la Méditerranée et le problème des normes qui bloquent les échanges entre les deux rives (plus de 650 000 normes) ». Il préconise ainsi la nécessité d'une assistance technique dans certains domaines. Le spécialiste français appelle en outre à résoudre le problème de l'adhésion de certains pays à l'OMC, comme le Liban et l'Algérie. « Le développement des services va également renforcer la zone de libre-échange », ajoute M. Reiffers qui s'inquiète toutefois de l'impact de la crise financière actuelle sur l'économie des pays du sud de la Méditerranée.
Et pour dissiper les inquiétudes de ceux qui se demandent que va devenir la zone de libre-échange après la fin du programme « Euromed Marché », Jean-Louis Reiffers se dit confiant que la zone de libre-échange euro-méditerranéenne est toujours au cœur de « l'Union pour la Méditerranée ».
Avec la fin du programme « Euromed Marché » qui a clôturé ses travaux lors de sa conférence finale à Barcelone fin avril, la question de la naissance de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne se pose plus que jamais, et reste le défi principal à relever dans le partenariat...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut