Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Les attaques de Aoun contre le président seraient dues à une baisse de popularité du chef du CPL

La campagne initiée lundi par le général Michel Aoun contre le président de la République, Michel Sleiman, a interloqué plus d'un pôle politique, notamment ceux qui siègent avec le chef du CPL à la table de dialogue. Ces milieux n'ont pas été sans s'interroger sur les dessous et les objectifs de cette attaque frontale aussi bien contre la personne du président que contre la fonction présidentielle.
Selon l'un des quatorze participants à la table de dialogue, le président Sleiman avait ouvert la dernière séance en appelant à une accalmie aussi bien politique que médiatique durant la période électorale. Il avait également invité toutes les parties à respecter le climat de stabilité, soulignant que l'État garderait son impartialité et resterait à égale distance de toutes les parties. « Aucun des candidats ne me dérange : ni mon fils, ni mon gendre, ni mon beau-frère n'est candidat. Je n'ai pas de candidats. Mais en tant que citoyen libanais, j'ai une opinion concernant les élections que je défends, mais il n'est pas contraignant pour l'État, et cela, nul ne peut le contester. Il se peut que j'aie une opinion sur certaines questions qui me sont posées (au niveau électoral). Cependant, cette opinion ne se traduit pas concrètement à travers l'emploi des services de l'État », a-t-il indiqué. S'adressant ensuite au général Aoun, il lui a dit : « Ces propos ne vous sont pas adressés. Nous en avons discuté avant la séance. » Les propos du chef de l'État avaient été applaudis par les Quatorze.
Auparavant, la réunion entre le président et le chef du CPL - la deuxième du genre entre les deux hommes - avait duré une cinquantaine de minutes, l'occasion d'une franche explication. À en croire une source proche du général Aoun, la rencontre avait été positive et les deux hommes, en accord sur tout. Un climat qui aurait d'ailleurs été transmis par le chef du CPL à ses lieutenants.
Cependant, l'attaque lancée lundi contre le président a suscité de nombreuses interrogations. Pour les milieux de la majorité, cette offensive révèle clairement les desseins du général, qui vise à affaiblir les institutions et à les expurger de leur essence, surtout la présidence de la République. Un processus similaire à celui qui avait suivi l'accord de Doha, lorsque le 8 Mars, Michel Aoun en tête, avait renié au chef de l'État le droit d'avoir un tiers des ministres au sein du nouveau cabinet afin d'instaurer le tiers de blocage au profit de l'opposition.
Si Aoun s'en est pris aux services de l'État en les accusant de s'ingérer dans le processus électoral et de faire pression sur les électeurs, il n'a toutefois pas pris la peine d'en informer l'instance de surveillance des élections ou le ministère de l'Intérieur, tout comme ses ministres n'ont pas jugé bon de soulever la question au sein du gouvernement, relève une source de la majorité. Comme s'il menait une campagne contre l'État dans le cadre de sa campagne médiatique électorale. S'il possédait vraiment des informations précises et valables, il aurait pris contact avec les responsables, et surtout avec le ministre de l'Intérieur, pour les leur fournir. Ou bien il aurait pris le chemin de Baabda pour confier au président Sleiman ces informations en lui demandant de sanctionner les coupables.
Il est utile de préciser dans ce cadre que le président Nabih Berry, allié du général Aoun, n'a pas fait mention d'ingérences, ni le Hezbollah. Pour la majorité, la campagne menée par le chef du CPL serait liée à des considérations purement électorales, d'autant qu'il a pris conscience d'une baisse de sa popularité, surtout au Kesrouan et à Jbeil, et d'un ralliement populaire de la part de la majorité silencieuse autour des indépendants et du mandat.
C'est ainsi, dans ce contexte de montée en puissance des joutes électorales à un mois du scrutin, qu'il convient de replacer cette offensive, dans la mesure où les protagonistes estiment que, d'une certaine manière, tous les coups sont permis à présent. Et la volonté d'entraîner le président dans la mêlée ne vise qu'à donner l'impression que l'État n'est pas neutre dans la bataille et qu'il a pris le parti de certains candidats ou de certaines listes. Selon des sources proches de la majorité, l'objectif serait, pour le CPL, de se fonder plus tard sur ces positions pour justifier une contestation des résultats dans le cas où l'opposition mordrait la poussière le 7 juin prochain. C'est pourquoi le chef de l'État avait insisté sur le fait que l'important était de reconnaître les résultats de la consultation plutôt que la nécessité qu'elle ait lieu... position partagée, au demeurant, par des responsables français, qui avaient exprimé leur crainte que l'opposition refuse d'accepter le score final.
Il reste une question, soulevée avec insistance par certains milieux : pourquoi le général Aoun ne s'est-il pas rendu au palais de Baabda pour livrer au président ses informations au sujet du « complot » qui serait fomenté contre lui ? Pourquoi n'a-t-il pas démenti, de Baabda, la rumeur qui circule concernant un raccourcissement du mandat présidentiel ? Ce qui n'est pas sans susciter de véritables craintes chez ceux qui sont convaincus qu'il n'y a jamais de fumée sans feu... et que derrière ces rumeurs qui refont surface périodiquement, il n'y ait vraiment une volonté de créer un changement radical sur la scène libanaise à travers l'introduction d'amendements à la formule actuelle et la restructuration du pouvoir sur des bases plus claires... C'est pourquoi ce qui est publié actuellement comme projets est des plus dangereux. Et il n'appartient pas au président d'entrer dans les joutes politiques verbales. Que ceux qui ont vraiment des positions à prendre le fassent directement, et si l'opposition rejette vraiment les rumeurs qui circulent, elle n'a qu'à le déclarer elle-même officiellement, au lieu de demander au chef de l'État de venir à sa rescousse pour la disculper.
La campagne initiée lundi par le général Michel Aoun contre le président de la République, Michel Sleiman, a interloqué plus d'un pôle politique, notamment ceux qui siègent avec le chef du CPL à la table de dialogue. Ces milieux n'ont pas été sans s'interroger sur les dessous et les objectifs de cette attaque frontale...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut