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Dossier Europe

Barcelone, capitale euro-méditerranéenne

Le gouvernement local et la mairie de la ville témoignent d'une réelle volonté politique de faire de Barcelone un centre de dialogue, de coopération et d'échange culturel et économique pour les pays des deux rives de la Méditerranée.
Tout a commencé il y a près de quinze ans, quand l'Union européenne (UE) lance une initiative audacieuse dans la foulée de la Conférence de Madrid en 1991, rassemblant, outre les États membres de l'UE, les autres pays riverains de la mer Méditerranée, dans ce qui deviendra depuis le « Processus de Barcelone ».
En choisissant à cette époque la capitale catalane pour réunir les pays du nord et du sud de la Méditerranée, personne ne se doutait que, plus d'une décennie plus tard, cette ville à la fois européenne et méditerranéenne serait le centre du « Partenariat Euromed ».
En novembre 2005, Barcelone accueillit le premier sommet de l'histoire du partenariat euro-méditerranéen, une réunion victime toutefois des tensions au Proche-Orient et dont les résultats resteront en deçà des attentes des différents acteurs présents.
En novembre 2008, Barcelone fut, à nouveau, propulsée au-devant de la scène, en devenant la « capitale de la Méditerranée ». Ainsi, à Marseille, les 43 ministres des pays intégrés dans l'UPM (Union pour la Méditerranée) ont décidé de désigner Barcelone pour accueillir le siège de cette nouvelle institution. Malgré une concurrence féroce de plusieurs autres villes méditerranéennes pressenties pour ce poste, à l'instar de Marseille, de La Valette ou de Tunis, la capitale catalane a remporté son pari de devenir un acteur régional important.
Cette décision va renforcer l'influence de la ville dans la politique et l'économie de la région. Barcelone a d'ailleurs toujours été un des ports les plus importants du pourtour méditerranéen avec une longue histoire de dialogue, de coopération et d'échange culturel et économique. Son implication dans la zone s'était en outre révélée lors de la création de l'IEMed (Institut européen de la Méditerranée) en 1989, associant le gouvernement espagnol, la Generalitat (le gouvernement catalan local) et la ville de Barcelone.
Les autorités espagnoles et catalanes se sont déclarées fières de la nomination de Barcelone comme capitale de l'UPM et du nouveau rôle que la ville va jouer. Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a salué cet événement comme étant « un grand succès pour la diplomatie espagnole et pour Barcelone ».

Palau de Pedralbes
La ville va « s'impliquer à fond dans ce processus d'Union méditerranéenne », a, pour sa part, déclaré le maire de Barcelone, Jordi Hereu, en ouvrant les portes du « Palau de Pedralbes » au secrétaire général de l'UPM et à ses adjoints. Le palais de Pedralbes appartient actuellement à la mairie de Barcelone, et il est fermé au public, bien que l'une de ses ailes loge le musée des Arts décoratifs et le musée de la Céramique.
Il appartenait jadis à l'un des protecteurs du célèbre architecte catalan Antoni Gaudí, Eusebi Güell. Ce bâtiment, de style néoclassique, fut inauguré officiellement par le roi Alfonso XIII en 1926. Il fut, pendant un temps assez court, l'une des résidences royales du souverain espagnol quand ce dernier se déplaçait à Barcelone.
Mais quand la Seconde République espagnole chassa la monarchie des Bourbons en 1931, le palais devint la résidence du général Franco, qui y séjourna régulièrement quand il était au pouvoir. Depuis, il est la propriété de la mairie de Barcelone.
L'accès principal du Palau de Pedralbes par l'avenue Diagonal est flanqué d'une belle sculpture d'Eulàlia Fàbregas de Sentmenat, avec le nom significatif de « Mediterrània ».
Une des ailes du palais sera donc le siège du secrétariat de l'UPM. Les travaux vont bon train pour que tout soit prêt avant septembre 2009, date à laquelle le secrétariat doit officiellement voir le jour. Outre le bureau du secrétaire général de l'UPM, le bâtiment comprendra plusieurs salles sur trois étages qui feront office de bureaux et qui pourront accueillir entre 30 et 40 personnes. Toutefois, l'entrée du siège de l'UPM sera du coté latéral du bâtiment, puisque l'usage des autres parties du palais reste à la disposition de la mairie de Barcelone. Selon le responsable du palais, les travaux accomplis actuellement sont financés par le ministère espagnol des Affaires étrangères, par le gouvernement local catalan et par la ville de Barcelone.

L'hôpital de Sant Pau
Parallèlement aux activités gouvernementales et économiques, la ville de Barcelone investit énormément dans les domaines sociaux et culturels, fondements essentiels des relations euro-méditerranéennes. Dans ce contexte, le nouveau projet de l'hôpital de Sant Pau reflète à merveille le rôle régional que veut jouer la capitale catalane au sein de la famille méditerranéenne.
L'hôpital de la Santa Creu i Sant Pau est situé sur un terrain de plus de 15 hectares. L'architecte Lluís Domènech i Montaner réalisa le projet en 1901. Après sa mort, son fils reprit la direction des travaux suivant la même ligne architecturale. Les travaux furent terminés en 1930, avec la réalisation de la plupart du projet initial. Il s'agit d'un hôpital de type pavillonnaire, composé à l'origine de 48 pavillons entourés de jardins et de promenades, et dont l'architecture spectaculaire date du début du siècle et présente les caractéristiques du modernisme.
L'hôpital de Sant Pau a été déclaré monument historico-artistique (maintenant Bien culturel d'intérêt national) en 1978. En 1997, l'Unesco a approuvé son inclusion dans la liste du Patrimoine mondial.
Les exigences sanitaires et pratiques de la médecine moderne ont toutefois forcé les responsables de l'institution hospitalière à construire un nouveau bâtiment qui satisfait les normes hygiéniques et technologiques actuelles.
Le transfert vers les nouveaux locaux se fera en principe durant l'été 2009, et une nouvelle vie attend ainsi le complexe de Sant Pau qui, tout en gardant le rôle social auquel il était destiné, sera restauré pour abriter des associations et des ONG locales et internationales. Ce nouveau centre devrait renforcer le rôle de Barcelone en tant que capitale euro-méditerranéenne, puisqu'il vise à attirer des institutions internationales qui travaillent dans la zone méditerranéenne. Les autorités locales espèrent ainsi créer une dynamique nouvelle en tissant un réseau capable de diriger des projets et lancer des initiatives, de créer un observatoire pour des études relatives à la région, d'encourager l'échange d'idées et la collaboration entre différents secteurs, institutions, territoires et culture...
Sant Pau accueillera des associations et des fondations dont le travail comprendra le domaine économique et le développement, la recherche et l'innovation, le tourisme et l'héritage, les collectivités locales et territoriales, la culture et la diversité, la santé, l'énergie, les nouvelles technologies et tout secteur relevant des problèmes qui défient notre monde actuel.

Volonté politique
Tous ces projets confirment la volonté politique de Barcelone et de la région catalane de jouer un rôle prépondérant dans les relations euro-méditerranéennes. « Barcelone occupe une position privilégiée pour améliorer et renforcer le dialogue entre les pays de la Méditerranée », a déclaré le maire de Barcelone Jordi Hereu, lors de la conférence finale du programme Euromed Marché qui a eu lieu à Barcelone fin avril. La capitale catalane « a une vocation euro-méditerranéenne pour impulser des projets en Méditerranée », a-t-il ajouté, appelant à « un renforcement de la coopération entre les villes, les régions ainsi que les ONG, et non seulement entre les États ». M. Hereu a en outre espéré que « le siège de l'UPM à Barcelone permettra une meilleure coopération politique culturelle et sociale entre les pays de la Méditerranée ».
Même discours du côté du gouvernement local catalan. Ainsi Anna Terron, secrétaire générale pour l'Union européenne, au département de la présidence du gouvernement catalan a affirmé que son gouvernement « participe activement au processus euro-méditerranéen ». « Notre politique tourne autour de deux axes : l'Europe et la Méditerranée », a-t-elle ajouté. « La Generalitat travaille sérieusement et énergiquement avec le gouvernement espagnol depuis le début du processus. Nous avons les mêmes positions », a assuré Mme Terron. « Il n'y a pas de conflit de compétence avec le gouvernement central. Nous travaillons chacun à un niveau différent », a-t-elle encore insisté, puisque Madrid porte son action essentiellement sur le plan étatique, et Barcelone se concentre sur la société civile.
Dans ce contexte, « un effort politique doit être fait pour impliquer davantage la société civile dans toutes ses composantes, jeunes, femmes, universitaires, etc., a estimé Anna Terron. Nous suivons le même chemin que celui qui a eu lieu avec l'UE pour une meilleure intégration en Méditerranée ». Son enthousiasme reflète indiscutablement celui de son gouvernement. « Il y a beaucoup de problèmes techniques et politiques qui entravent la démarche de l'UPM. Mais personne ne gagnera si on ne fait rien. Nous ne resterons pas les bras croisés et nous devons agir » pour faire avancer « le processus de Barcelone - l'UPM », a conclu la responsable catalane.
Tout a commencé il y a près de quinze ans, quand l'Union européenne (UE) lance une initiative audacieuse dans la foulée de la Conférence de Madrid en 1991, rassemblant, outre les États membres de l'UE, les autres pays riverains de la mer Méditerranée, dans ce qui deviendra depuis le « Processus de Barcelone ».En...

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