Kabalan dénonce l'aide « empoisonnée » de l'UE au Liban

Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan, proche du Hezbollah et du mouvement Amal, a critiqué la décision de l'Union européenne (UE) d'accorder au Liban une aide d'un milliard de dollars destinée à des services tels que l'éducation ou la santé, dans une déclaration publiée vendredi.

Au cours d'une visite au Liban jeudi, Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, a annoncé une aide d'un milliard de dollars, destinée à renforcer les services de base tels que l'éducation et la santé. L'accord prévoyait explicitement que le Liban s'attaquerait à son tour à l'immigration clandestine vers l'Europe à partir de ses côtes. Jeudi, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a affirmé que l'aide d'un milliard d'euros annoncée par l'Union européenne (UE) au Liban n'était pas une condition pour que les migrants syriens restent dans le pays.

Dans un communiqué relayé par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), le religieux chiite a qualifié l'aide européenne de « milliard d'euros empoisonnés », ajoutant que l'Europe devrait supporter le poids de l'accueil des migrants syriens au même titre que le Liban. Il a en outre reproché à l'UE d'avoir contribué aux conditions en Syrie qui ont entraîné le déplacement de plus de la moitié de la population. « L'Europe est le partenaire de Washington dans la dévastation de la Syrie et le siège du Liban », a-t-il ainsi affirmé.

Au Liban, les responsables politiques de tous bords appellent régulièrement au rapatriement et à l'expulsion des réfugiés syriens. Le pays accueille près de 1,5 million de Syriens ayant fui la guerre qui se poursuit dans certaines régions du pays, plus d'une décennie après le début du conflit.

« La question des déplacés doit être résolue de toute urgence [...]. La démographie, la stabilité, la sécurité, la situation économique et les moyens de subsistance du pays sont menacés », a souligné Ahmad Kabalan. Il a aussi insisté sur l'importance de préserver la sécurité et la coexistence entre les Libanais chrétiens et musulmans. Pour lui, les priorités actuelles consistent à « protéger la souveraineté nationale et à finaliser un accord en vue de la présidentielle ». Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022.