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Dernières Infos - Israël

Les Bédouins, "boucs émissaires" face aux épreuves de la guerre

Les Bédouins,

Ali al-Zayadana, frère de Youssef et oncle de Hamza, toujours enlevés, prie pour eux le deuxième vendredi du mois de jeûne islamique du Ramadan dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, le 22 mars 2024. Photo AFP/AHMAD GHARABLI

Las d'attendre, en vain, que le Hamas relâche son frère et son neveu retenus en otage à Gaza, le Bédouin Ali al-Zayadna s'est rendu à Jérusalem, sur le troisième lieu saint de l'islam, pour s'adresser directement au Tout-Puissant.

"Oh Dieu, mets fin à la captivité de Youssef et Hamza", a imploré cet homme de 59 ans en s'agenouillant dans la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est, pour réclamer la libération des siens, enlevés lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza contre le mouvement islamiste palestinien.

Les Bédouins d'Israël, descendants de bergers arabes musulmans, qui autrefois parcouraient librement le désert du Néguev, ont été durement touchés par la guerre. Au moins 17 d'entre eux ont été tués le 7 octobre par des commandos du Hamas ou leurs tirs de roquettes, et plusieurs sont morts dans les rangs de l'armée israélienne depuis le début de la guerre.

Sept autres Bédouins ont été pris en otage, mais deux d'entre eux -- Bilal et Aïcha, tous deux enfants de Youssef, le frère d'Ali -- ont été libérés à la faveur d'une trêve d'une semaine en novembre.

L'attaque du Hamas a fait au moins 1.160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'offensive lancée en représailles par Israël a fait près de 32.500 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Pas de services de base"

Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement souligné les sacrifices des Bédouins et, lors de réunions avec des personnalités bédouines, s'est engagé à améliorer les services publics à leur disposition. "L'heure est aux embrassades, mais dès la fin de la guerre, tout redeviendra comme avant", prédit Kaïd Aboulatif, un réalisateur originaire de la ville de Rahat (sud), majoritairement bédouine. "Le Bédouin est un bouc émissaire", dit-il.

Avant la création de l'Etat d'Israël, le désert du Néguev abritait environ 92.000 Bédouins, mais seuls 11.000 sont restés à l'intérieur des frontières d'Israël après la guerre israélo-arabe de 1948, selon Adalah, une organisation de défense des droits des minorités arabes en Israël.

Nombre d'entre eux ont refusé d'être réinstallés dans les villes, et depuis, les Bédouins restent confrontés à des difficultés dans la société israélienne. Ils sont aujourd'hui environ 300.000, dont la moitié vit dans les villes et l'autre moitié dans des villages non reconnus par Israël, selon Adalah.

Ces villages ne disposent pas de services de base comme le ramassage des ordures et ne sont pas protégés par le système de défense aérienne Iron Dome, ce qui rend les Bédouins vulnérables aux tirs de roquettes et de mortiers en provenance de la bande de Gaza, dirigée par le Hamas.

"Changer la réalité"

"Ils ne bénéficient d'aucun investissement et sont isolés", explique Chris Doyle, directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique, qui effectue des recherches sur les Bédouins d'Israël depuis les années 1990.

La résistance des Bédouins à l'intégration est conforme à "leur mode de vie", ajoute M. Doyle, mais elle a alimenté la couverture négative de la presse israélienne. "Avant la guerre, les médias délégitimaient tout ce qui avait trait aux Bédouins", relève M. Aboulatif. "Il y avait sans cesse des histoires de +vandalisme+, de +non-droit+, de +Far West+ dans le Néguev. Pour certaines personnes, les Bédouins sont diaboliques", ajoute-t-il.

M. Aboulatif sait de quoi il parle quand il évoque les pertes subies par sa communauté en près de six mois de guerre. Son plus jeune frère, Ahmad, 26 ans, réserviste dans l'armée israélienne, est mort en janvier à Gaza dans une embuscade dans laquelle 20 autres soldats ont péri.

En février, lors d'un festival du film à Rahat, il a présenté pour la première fois un court-métrage documentaire rendant hommage à l'histoire des lieux, la plus grande ville bédouine du pays, et à son frère décédé. Au cours des premiers mois de guerre, son frère était l'un des piliers du centre communautaire de Rahat, qui coordonnait l'aide aux familles bédouines et juives dont certains membres avaient été tués ou enlevés par le Hamas.

Mais M. Aboulatif ne s'attend pas à ce que l'Etat améliore les conditions de vie des Bédouins malgré de récentes promesses: "Si vous voulez changer la réalité, vous devez la changer vous-même".


Las d'attendre, en vain, que le Hamas relâche son frère et son neveu retenus en otage à Gaza, le Bédouin Ali al-Zayadna s'est rendu à Jérusalem, sur le troisième lieu saint de l'islam, pour s'adresser directement au Tout-Puissant.

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