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Les accusations d'antisémitisme mettent Sciences Po Paris sous pression

Les accusations d'antisémitisme mettent Sciences Po Paris sous pression

L'entrée de l'établissement d'enseignement supérieur Sciences Po Paris. Photo d'archives AFP

Le prestigieux établissement d'enseignement supérieur Sciences Po Paris, pépinière des élites françaises, se retrouve sous le feu des critiques, accusé de laisser prospérer l'antisémitisme sur fond de mobilisation pro-Gaza, comme dans certaines universités américaines.

Les faits allégués, dont les versions divergent, se sont produits mardi lors de l'occupation d'un amphithéâtre par environ 300 militants pro-palestiniens, dans le cadre d'une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ».

Selon la direction de Sciences Po, une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a « été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre » où se tenait l'action. « Des propos accusatoires ont été prononcés (à la tribune, NLDR) à l'encontre » de l'association étudiante, a-t-elle ajouté.

L'UEJF a dénoncé des propos antisémites à l'égard de cette étudiante, ce qui a conduit le gouvernement à saisir mercredi le procureur.

« Me qualifier de sioniste, me refuser l'entrée d'une telle réunion, c'est de l'antisémitisme », a déclaré, anonymement, l'étudiante concernée au quotidien Le Parisien, dénonçant un climat latent d'antisémitisme dans l'école.

Ces accusations ont été réfutées par le comité Palestine de Sciences Po.

« Cette personne, on l'a reconnue. On lui a dit: +on t'a vue plusieurs fois prendre en photo des membres de notre organisation ou agresser verbalement+ donc on n'a pas envie que cette personne rentre », a expliqué à l'AFP un étudiant, Hicham, membre du comité pro-palestinien, non présent lors de l'incident.

« Intolérables » 

Une étudiante de 23 ans prénommée Léo a précisé à l'AFP que « la conférence était bien ouverte à tout le monde sauf aux personnes qui sont vues comme dangereuses pour notre sécurité ». Au moins quatre étudiants de l'UEJF étaient présents dans l'amphithéâtre, selon elle.

Mercredi, le président français Emmanuel Macron est monté au créneau, dénonçant despropos « inqualifiables et parfaitement intolérables » et affirmant son refus du « moindre début de séparatisme » dans les établissements d'enseignement supérieur.

Son Premier ministre Gabriel Attal, passé tout comme lui sur les bancs de Sciences Po Paris, a de son côté déploré jeudi « une sorte de lente dérive liée à une minorité agissante qui veut imposer une forme de pensée dominante au sein de cette institution ». La veille, il avait demandé des « sanctions extrêmement fermes ».

La gauche radicale a de son côté estimé que les étudiants du comité Palestine étaient « victimes d »une cabale ».

La mobilisation pro-Gaza dans les couloirs et l'amphithéâtre n'avait pas été autorisée par la direction de l'établissement.

Rassemblement interdit 

La préfecture de police a interdit un rassemblement ce jeudi en fin de journée devant Sciences Po à l'appel du collectif Urgence Palestine.

Depuis l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, « il y a eu, et à juste titre, des mails envoyés aux étudiants israéliens pour leur apporter leur soutien psychologique. Ça n'a pas été fait pour les étudiants palestiniens », a critiqué Hicham.

Au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, ont été tuées dans l'attaque menée par le Hamas sur le sol israélien, selon un décompte établi par l'AFP à partir de sources officielles israéliennes. Les représailles israéliennes ont fait de leur côté 31.341 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« Beaucoup d'étudiants étrangers à Sciences Po, notamment américains, importent les débats politiques des Etats-Unis vers Sciences Po », a affirmé un enseignant, sous couvert d'anonymat.

De fait, la polémique parisienne fait écho à la situation outre-Atlantique, où des présidents de prestigieuses universités comme Harvard ont été accusés de complaisance à l'égard de l'antisémitisme lors de mobilisations pro-Gaza sur leurs campus.

« On a la chance en France à ce stade, d'être relativement épargné par un mouvement que l'on a vu se développer dans un certain nombre de pays, notamment anglo-saxons. Je ne veux pas que Sciences Po ou toute autre école, ou toute université devienne la voie d'eau de l'arrivée de cette pensée », a fait valoir Gabriel Attal jeudi.

Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a demandé jeudi l'ouverture d'une « commission d'enquête parlementaire sur l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur » en France.

Le climat à Science Po est compliqué par la crise de gouvernance ouverte par la démission mercredi de son directeur Mathias Vicherat, renvoyé devant la justice pour violences conjugales.

Le prestigieux établissement d'enseignement supérieur Sciences Po Paris, pépinière des élites françaises, se retrouve sous le feu des critiques, accusé de laisser prospérer l'antisémitisme sur fond de mobilisation pro-Gaza, comme dans certaines universités américaines.Les faits allégués, dont les versions divergent, se sont produits mardi lors de l'occupation d'un amphithéâtre par...