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Washington réactive les sanctions contre le Venezuela qui parle de « chantage »

Washington réactive les sanctions contre le Venezuela qui parle de « chantage »

Le président vénézuélien Nicolas Maduro. Photo d'archives AFP

Trois mois après les avoir levées, les Etats-Unis ont annoncé mardi qu'ils imposeront à nouveau des sanctions contre le secteur pétrolier et gazier du Venezuela, qui a réagi en qualifiant l'annonce de « chantage grossier et injustifié ».

Washington juge que le président vénézuélien Nicolas Maduro ne respecte pas ses engagements en vue de la tenue cette année d'une élection présidentielle équitable, après la confirmation vendredi par la Cour suprême de Caracas de l'inéligibilité pour 15 ans de la leader de l'opposition Maria Corina Machado.

« En l'absence de progrès (...), notamment pour permettre à tous les candidats de concourir à l'élection présidentielle, les Etats-Unis ne renouvelleront pas la licence (autorisant l'achat de pétrole et de gaz vénézuéliens) lorsqu'elle arrivera à échéance le 18 avril 2024 », selon un communiqué du département d'Etat américain.

Caracas a aussitôt « rejeté l'ultimatum et le chantage grossier et injustifié lancés par le gouvernement américain. S'ils font le faux-pas d'intensifier l'agression économique (...) les vols de rapatriement des migrants vénézuéliens seront immédiatement annulés à partir du 13 février (...) et tout mécanisme de coopération existant sera réexaminé ».

Washington avait déjà avisé lundi soir qu'il imposerait à nouveau des sanctions à l'encontre de la compagnie publique Minerven, qui exploite des mines d'or, avec entrée en vigueur le 13 février.

Les Etats-Unis reviennent ainsi sur l'allègement pour six mois de leurs sanctions annoncé dans le sillage de l'accord conclu à la Barbade, le 17 octobre 2023, entre le pouvoir et l'opposition. Caracas et Washington avaient convenu de vols de rapatriement de migrants juste après l'accord. Un premier vol avait eu lieu le 18 octobre.

L'accord de la Barbade fixait la date de la présidentielle au deuxième semestre 2024 avec la présence d'observateurs internationaux. Il ouvrait aussi la possibilité pour ceux « aspirant à se présenter » de contester devant la justice leur inéligibilité. Parmi eux, Mme Machado, déclarée inéligible notamment pour avoir soutenu les sanctions américaines.

L'opposition et Washington espéraient que les procédures permettraient à Mme Machado de se présenter mais la Cour suprême, accusée d'être aux ordres du pouvoir, a confirmé le 26 janvier son inéligibilité.

« Le Venezuela ne cédera à aucun chantage. Ses institutions continueront à respecter les lois et la Constitution, conformément au mandat reçu par le peuple », a réagi le ministère des Affaires étrangères mardi.

Le ministre du Pétrole Pedro Tellechea a, quant à lui, assuré que son pays était « préparé à toutes les circonstances. S'ils nous imposent plus de sanctions, nous nous préparerons aux sanctions, aux mesures prises par les États-Unis qui en subiront eux aussi les conséquences ».

« Pouvoir en danger » 

Pas « d'élections sans moi », avait lancé lundi Mme Machado. Âgée de 56 ans, cette libérale réputée pour sa combativité a remporté haut la main en octobre la primaire de l'opposition vénézuélienne, recueillant plus de 2 millions de voix et 92% des suffrages.

L'accord de la Barbade « reste le mécanisme le plus viable » pour résoudre la crise au Venezuela, a estimé le département d'Etat mardi, « mais il faudra pour cela que Maduro et ses représentants respectent la feuille de route et veillent à ce que l'opposition ait le droit de choisir librement ses candidats ».

La confirmation de l'inéligibilité était « prévisible », estime Benigno Alarcon, de l'Université catholique Andres Bello. « Mme Machado peut gagner une élection présidentielle contre Maduro sans aucun problème. C'est pour cela que le pouvoir veut l'écarter (...) Je ne pense pas que le gouvernement soit prêt à négocier quoi que ce soit qui mette son pouvoir en danger. »

« Si le gouvernement américain perçoit qu'il n'obtiendra rien de plus lors des négociations (...) les sanctions seront rétablies et les liquidités du gouvernement (vénézuélien) se réduiront de manière très significative. Cela aura des conséquences sociales, économiques et politiques », estime-t-il.

La levée des sanctions pour six mois a permis le retour à l'activité de l'américain Chevron et de compagnies européennes, mais « il n'y a pas eu d'investissements majeurs. Les investisseurs réservent leur place (...) mais les gros investissements ne viendront pas tant que la situation politique n'est pas définie ».

Successeur de Hugo Chavez, décédé en 2013, M. Maduro avait été réélu en 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et non reconnu par plus de 60 pays, dont les Etats-Unis, qui ont imposé une batterie de sanctions au pays.

Trois mois après les avoir levées, les Etats-Unis ont annoncé mardi qu'ils imposeront à nouveau des sanctions contre le secteur pétrolier et gazier du Venezuela, qui a réagi en qualifiant l'annonce de « chantage grossier et injustifié ».Washington juge que le président vénézuélien Nicolas Maduro ne respecte pas ses engagements en vue de la tenue cette année d'une élection...