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À La Une - Liban

Gouvernement : vers une sortie de crise ?

Hariri soutient la candidature de Samir Khatib ; Bassil espère "une fin heureuse".


Le Premier ministre sortant Saad Hariri (d) recevant le leader druze Walid Joumblatt, mardi 3 décembre 2019, à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra

La crise gouvernementale, née de la démission du cabinet de Saad Hariri le 29 octobre dernier sous la pression du mouvement inédit de contestation contre le pouvoir accusé d'incompétence et de corruption, semble toucher à sa fin, notamment après le soutien du Premier ministre sortant à la candidature de Samir Khatib, vice-PDG du groupe Khatib & Alami, pour le poste de chef du gouvernement.

"Je soutiens Samir Khatib, mais il reste encore quelques détails à régler", a déclaré M. Hariri lors d'une conversation à bâtons rompus avec des journalistes après un entretien à la Maison du Centre avec le leader druze et chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui n'a fait aucune déclaration à l'issue de cette réunion. Le leader du courant du Futur a également déclaré : "Je ne participera pas à ce cabinet". Selon les médias locaux, il voulait dire par là que sa formation ne sera pas représentée par des personnalités politiques, mais par des experts dont elle proposera les noms.

Le leader du courant du Futur s'est ensuite entretenu avec le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, pour le compte du mouvement Amal (du président du Parlement, Nabih Berry), et le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, Hussein Khalil. Selon les médias locaux, les représentants du tandem chiite attendent de M. Hariri des réponses sur trois questions : son soutien à M. Khatib, sa participation au prochain gouvernement et s'il accordera ou non sa confiance au gouvernement.

Selon la chaîne OTV, affiliée au Courant patriotique libre fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun, et dirigé par son gendre, le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, Saad Hariri doit s'entretenir dans les prochaines heures avec Samir Khatib.

Selon les médias locaux, un accord sur les grandes lignes du gouvernement a été trouvé. Le prochain cabinet serait un cabinet techno-politique, auquel ne participeront ni M. Hariri, ni Gebran Bassil, et n'aurait pas de prérogatives exceptionnelles et n'organiserait pas d'élections législatives anticipées. Si ces informations se confirment, ce gouvernement risque de provoquer la colère de la rue qui réclame un cabinet composé uniquement de technocrates indépendants ainsi que la tenue de législatives anticipées.


La réaction de la rue

Dans la soirée, plusieurs manifestants se sont d'ailleurs rassemblés devant le domicile de Samir Khatib dans le quartier de Manara, à Beyrouth, pour protester contre son éventuelle désignation au poste de Premier ministre, estimant qu'il "fait partie du pouvoir". D'autres protestataires se sont rassemblés vers 22h30 sur la voie-express du Ring, dans le centre de Beyrouth, en guise de protestation contre la désignation de M. Khatib et la formation d'un gouvernement techno-politique. Les forces anti-émeute se sont déployées sur les lieux pour rouvrir la route mais les manifestants semblaient déterminés à rester sur place. 



(Lire aussi : Irresponsabilité criminelle, l’édito de Michel TOUMA)



"Une fin heureuse"

Dans la journée, M. Bassil a exprimé l'espoir que "les choses aboutissent à une fin heureuse", lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire du "Liban fort", dont le CPL est la principale composante. "Nous n'avons qu'un seul critère pour le prochain gouvernement, sa réussite. La désignation du Premier ministre et l'obtention de la confiance du Parlement sont liées à cela", a-t-il ajouté. 

Le leader du parti aouniste a déclaré que sa formation était disposée à ne pas être représentée au sein de la prochaine équipe ministérielle "pour assurer son succès" si cela était nécessaire. "La réussite du gouvernement est plus importante que notre présence en son sein", a-t-il lancé, et d'ajouter : "Nous sommes prêts à échanger notre présence au sein du cabinet contre tout ce qui pourrait le faire réussir. Il ne s'agit pas d'une fuite en avant, mais au contraire d'une prise de responsabilité jusqu'au point de nous sacrifier".

"Nous ne sommes attachés à aucun siège gouvernemental, mais à la lutte contre la corruption", a ajouté le chef du CPL, l'une des figures les plus conspuées par le mouvement de contestation contre le pouvoir accusé d'incompétence et de corruption. "Nous voulons un gouvernement capable de mettre en œuvre les réformes, qui réussisse à avoir des résultats économiques et financiers, et assurer la sécurité et la stabilité du pays", a ajouté M. Bassil.

Gebran Bassil est revenu sur les discussions politiques de ces dernières semaines. "Nous avons proposé dès le départ un gouvernement composé de technocrates ayant un background politique et dans lequel la contestation serait représentée. Aucun accord n'a alors émergé. Le tandem chiite a souhaité que Saad Hariri préside un gouvernement techno-politique. Cette proposition n'a pas fonctionné", a-t-il ajouté, avant de poursuivre : "Depuis deux semaines, nous sommes accordés sur un Premier ministre qui serait soutenu par M. Hariri pour présider un gouvernement ouvert à tous dont le mouvement de contestation, dans le respect des équilibres parlementaires, et capable d'être efficace". Il a assuré que le président de la République Michel Aoun "utilise ses prérogatives constitutionnelles pour assurer le succès de la désignation du Premier ministre, la formation du gouvernement et l'obtention de la confiance du Parlement".



(Lire aussi : Pour le Hezbollah, la contestation « n’a pas défini une alternance claire »)



Les 24 prochaines heures
Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, les déclarations de Saad Hariri et de Gebran Bassil facilitent le processus gouvernemental. Plus tôt dans la journée, elle avait indiqué que Samir Khatib s'était entretenu dans la matinée avec Michel Aoun à Baabda, en présence de M. Bassil et le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, habitué des missions de médiation. La veille, le vice-PDG du groupe Khatib & Alami s'était entretenu avec Saad Hariri.

Dans la matinée, le chef de l’État s'était lui aussi voulu optimiste. "Il y aura des évolutions positives dans les prochains jours", avait-il déclaré après avoir reçu dans la journée une délégation de l'association "Dialogue et ponts", selon des propos postés sur le compte Twitter de la présidence.

De son côté, Walid Joumblatt, a exprimé son clair désaccord avec le chef de l’État sur les discussions gouvernementales. "Tout ce qui se fait maintenant est contraire à la Constitution. Il faut d'abord des consultations parlementaires contraignantes pour ensuite nommer un candidat", a insisté M. Joumblatt, lors d'un point presse à l'issue d'un entretien avec le président du Parlement Nabih Berry, à Aïn el-Tiné. L'entrevue avait pour objectif de renouer les contacts politiques après de récentes tensions entre les deux hommes, sur fond de divergences autour de la révolte qui secoue le Liban depuis plus de deux mois.

Interrogé sur l'option Samir Khatib, M. Joumblatt a affirmé que ce n'était pas à lui de "soutenir" sa candidature. Réaffirmant que le Parti socialiste progressiste ne participera pas au prochain gouvernement en tant que tel, le leader druze a toutefois souligné que sa formation transmettrait au Premier ministre désigné une liste de candidats ministériels qu'elle soutient. 


Walid Joumblatt reçu par Nabih Berry. Photo fournie par le Parlement libanais



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commentaires (12)

Dans tous les articles que nous lisons, il n'y a pas assez d'explications et surtout aucune indignation de la part des médias à savoir, le non respect de la constitution. Comment un ex ministre des affaires peut continuer à outrepasser tous les droits de la nation et s'auto-proclamait président, premier ministre et pourquoi pas roi. En qualité de quoi ce gendre rencontre le probable futur premier ministre pour former le gouvernement Avec lui alors que les consultations parlementaires obligatoires n'ont pas eu lieu. He ho, y-a-t-il un président dans cette république bananière ou c'est le premier coq qui se déclame s'octroie tous les droits sans être inquiété? Il fanfaronne comme s'il avait résolu le problème alors qu'il ne fait qu'agraver la situation. Quelqu'un lui a dit qu'on n'était pas ses semblables? Bêtes et stupides au point de nous faire avaler que l'affaire est dans le sac? Qu'il suffisait qu'il l'annonce pour qu'on lui accorde notre approbation? Il n'a pas froid aux yeux ce mec ni son beau père d'ailleurs. Ils se croient tous les deux dans une cours de récré et que la tête à claque est le chef de bande. Y a t-il des hommes dans ce cercle politique? Si oui pourquoi assistent-ils sans broncher à cette mascarade? Le peuple a pris les devants et ils font tout capoter encore une fois par leur lâcheté? Allez debout, la constitution n'est pas faites pour être piétinée.

Sissi zayyat

22 h 42, le 03 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • Dans tous les articles que nous lisons, il n'y a pas assez d'explications et surtout aucune indignation de la part des médias à savoir, le non respect de la constitution. Comment un ex ministre des affaires peut continuer à outrepasser tous les droits de la nation et s'auto-proclamait président, premier ministre et pourquoi pas roi. En qualité de quoi ce gendre rencontre le probable futur premier ministre pour former le gouvernement Avec lui alors que les consultations parlementaires obligatoires n'ont pas eu lieu. He ho, y-a-t-il un président dans cette république bananière ou c'est le premier coq qui se déclame s'octroie tous les droits sans être inquiété? Il fanfaronne comme s'il avait résolu le problème alors qu'il ne fait qu'agraver la situation. Quelqu'un lui a dit qu'on n'était pas ses semblables? Bêtes et stupides au point de nous faire avaler que l'affaire est dans le sac? Qu'il suffisait qu'il l'annonce pour qu'on lui accorde notre approbation? Il n'a pas froid aux yeux ce mec ni son beau père d'ailleurs. Ils se croient tous les deux dans une cours de récré et que la tête à claque est le chef de bande. Y a t-il des hommes dans ce cercle politique? Si oui pourquoi assistent-ils sans broncher à cette mascarade? Le peuple a pris les devants et ils font tout capoter encore une fois par leur lâcheté? Allez debout, la constitution n'est pas faites pour être piétinée.

    Sissi zayyat

    22 h 42, le 03 décembre 2019

  • Tout ça rentrera dans l'ordre sous l'ombrelle bienfaitrice de la résistance du hezb libanais. Allez, au boulot , ne perdrons plus de temps à des enfantillages inutiles et stériles. Le plus gros des corrompus joumgirouette est descendu de sa montagne sonner le rappel de ses troupes, sur l'ordre reçu de ses mandataires. Le Liban connaîtra un joyeux Noël. Inshallah!

    FRIK-A-FRAK

    22 h 40, le 03 décembre 2019

  • Ils essayent de trouver la parade ... nous on veut pas être dans le gouvernement mais on veut choisir des copains qui feront par procuration ce que nous souhaitons, à savoir couler le pays ...

    Zeidan

    22 h 13, le 03 décembre 2019

  • "Selon la chaîne OTV, affiliée au Courant patriotique libre fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun, et dirigé par son gendre, le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil" Un vrai gage d'impartialité, quoi...

    Gros Gnon

    22 h 09, le 03 décembre 2019

  • "les choses aboutissent à une fin heureuse", Fin heureuse à la Roméo et Juliette: enlacés et dans les bras l'un de l'autre...morts à force de s'aimer!

    Wlek Sanferlou

    21 h 54, le 03 décembre 2019

  • "Nous ne sommes attachés à aucun siège gouvernemental mais à la lutte contre la corruption?" (Gebran Bassil) Dans les films animaliers, lorsque le lion n'arrive pas à rattraper la gazelle, il s'arrête net et se contente de lécher ses babines.

    Un Libanais

    21 h 39, le 03 décembre 2019

  • Samir vraiment ? Je suppose que c'est le jumeau de Sami. Cela étant dit, je ne savais pas que M. Bassil était le porte-parole de la présidence en plus de ses casquettes de chef du CPL, ministre des AZ et fendre.

    Marionet

    20 h 18, le 03 décembre 2019

  • JE DOUTE QU,UNE EQUIPE SANS HARIRI SOIT VIABLE ET QU,ELLE PUISSE ATTIRER LA CONFIANCE DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES A LEUR TETE LA BANQUE MONDIALE, LE FMI ET LES AGENCES DE QUOTATION SANS OUBLIER LES DONATEURS ET LES INVESTISSEURS DE LA CEDRE. QUAND A L,ABSENCE DU GENDRE DE TOUT NOUVEAU GOUVERNEMENT C,EST UNE CONDITION IMPERATIVE DE LA CONTESTATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 07, le 03 décembre 2019

  • "'une prise de responsabilité jusqu'au point de nous sacrifier." Ya latif quelle magnanimité!! Ou peut être qu'il n'y a plus rien d'autre à sacrifier maintenant que le pays s'est effondré économiquement et que les institutions publiques sont presque caduques, et qu'on ne perçoit pas plus loin que son nez et que, surtout et avant tout,on ne peut pas sacrifier lea désirs du hezb et de Amal... Merci pour la poudre aux yeux! Et puis, et puis encore pour nous faire rire on nous flanque:  "Le président de la République a hâte que les consultations parlementaires se tiennent",  hahahaha... C'est vrai c'était pt'etre moi qui empêchait ces consultations moulzima... Akh ya baladna...et on se demande pourquoi le peuple se lève!!!

    Wlek Sanferlou

    20 h 06, le 03 décembre 2019

  • COMME D'HABITUDE, C'EST BASSIL QUI NOMME LE PREMIER MINISTRE AVANT MÊME L'ACCORD DU PARLEMENT. CONSULTER LE PARLEMENT APRÈS, N'EST QU'UNE FORMALITÉ. C'EST BASSIL QUI DÉCIDE. DONC, IL FAUT PAS ATTENDRE À GRAND CHOSE. AOUN BASSIL, ET BERRI ET LE HEZBOLLAH SONT D'ACCORD. LE PROBLÈME RÉDIDE CHEZ LES AUTRE. QUI SONT LES AUTRE ? LES AUTRE ZAIIM, HARIRI, JOUMBLATT, GEAGEA... MAIS LE PEUPLE DANS LA RUE N'A PAS SON MOT À DIRE....HIHIHI ,,,ESPÈRANT QU'ILS SE TROMPENT CES ZAIIM LÀ.

    Gebran Eid

    19 h 45, le 03 décembre 2019

  • JE DOUTE QU,UNE EQUIPE SANS HARIRI SOIT VIABLE ET QU,ELLE PUISSE ATTIRER LA CONFIANCE DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES A LEUR TETE LA BANQUE MONDIALE, LE FMI ET LES AGENCES DE QUOTATION SANS OUBLIER LES DONATEURS ET LES INVESTISSEURS DE LA CEDRE. QUAND A L,ABSENCE DU GENDRE DE TOUT NOUVEAU GOUVERNEMENT C,EST UNE CONDITION IMPERATIVE DE LA CONTESTATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 37, le 03 décembre 2019

  • "Le leader du CPL a déclaré que sa formation est disposée à ne pas être représentée au sein de la prochaine équipe ministérielle". Heureusement encore ! Il n'aurait plus manqué que cela ! "Le problème est chez quelqu'un d'autre ". En toute logique, ce "quelqu'un d'autre " ne devrait pouvoir sous-entendre que Hassan Nasrallah, puisque c'est lui le principal obstacle à la formation d'un gouvernement tel que le réclame le peuple. Toutefois, ce n'est certainement pas ce que Bassil voulait dire! Autrement dit, toujours pas de bonne nouvelle à attendre, quoi qu'en dise le président. Plutôt, très probablement une nouvelle gifle assénée au peuple libanais.

    Yves Prevost

    19 h 18, le 03 décembre 2019

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