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Économie - Devises

Le flou complet règne sur le prix du dollar dans les bureaux de change

Certains changeurs ont ouvert leur portes hier malgré l’appel à la grève lancé par leur syndicat.

Un flot d’informations contradictoires concernant le taux de change circulent depuis jeudi. Mohammad Azakir/Reuters

Attentifs à l’évolution du prix du dollar dans les bureaux de change depuis que la Banque du Liban a décidé de limiter sa circulation sur le marché local à la fin de l’été, les Libanais sont confrontés depuis jeudi soir à un flot d’informations souvent contradictoires, rendant difficile toute lecture de la situation sur le terrain hier. La situation était d’autant plus confuse que les agents de change étaient convenus de fermer leurs portes hier pour notamment appeler les dirigeants à mettre fin à l’instabilité du dollar sur le marché, alors que le pays, dont la situation économique et financière s’est considérablement dégradée cette année, est le théâtre d’une importante mobilisation populaire contre sa classe politique depuis le 17 octobre. Il reste que plusieurs bureaux ont quand même décidé d’ouvrir hier, que ce soit à Beyrouth, dans le Mont-Liban, au Liban-Nord ou encore dans la Békaa (du côté de Baalbeck), notamment. « Il y a effectivement certains changeurs qui ont décidé de ne pas suivre le mouvement », reconnaît Élie Srour, vice-président du syndicat des agents de change, avant d’assurer que la filière reprendra le travail normalement aujourd’hui.


(Lire aussi : Réunion à Baabda : des mesures en préparation, mais « pas de contrôle de capitaux »)


Les dollars du Hezbollah

La monnaie nationale est fixée sur le dollar depuis 1997 (1 507,5 livres pour un dollar, 1 515/1 517 pour les transactions bancaires). Mais les mesures prises par la BDL pour en limiter la circulation ainsi que celles adoptées par les banques pour limiter la sortie de devises du territoire ont fait culminer le cours du billet vert à plus de 2 300 livres cette semaine. Il se négociait d’ailleurs à ce prix jusqu’à jeudi soir, où plusieurs sources concordantes ont affirmé à L’Orient-Le Jour qu’il avait brutalement chuté à 1 750 livres dans certains bureaux de change sans qu’une explication officielle ne soit fournie. D’autres ont en revanche catégoriquement démenti ces informations.

Dès hier matin, les informations concernant son taux de change ont commencé à se multiplier. Alors que M. Srour a fait état à L’Orient-Le Jour d’un prix moyen de 2 100 livres pour l’achat de dollars, plusieurs témoignages recueillis par L’Orient-Le Jour ont rapporté des cours différents hier, allant d’un improbable 1 600 livres à 2 200 en fonction des régions, avec parfois des écarts similaires dans une même zone géographique. À Baalbeck, des informations contradictoires faisaient par exemple état d’un dollar vendu à 1 650 livres par certaines sources et 2 100 livres par d’autres, une fourchette similaire à celle enregistrée à Beyrouth. Au Liban-Nord, les informations concernant les cours étaient un peu plus homogènes avec une fourchette moyenne sur l’ensemble de la journée allant de 1 800 à 2 200 livres. Idem dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, où les prix annoncés se situaient dans une fourchette encore plus réduite (de 2 000 à 2 150 livres).

Les cours pratiqués dans le giron du Hezbollah étaient d’ailleurs au centre de toutes les attentions hier, principalement en raison de rumeurs, qui n’ont pas pu être vérifiées, liant une éventuelle baisse des cours du dollar chez les changeurs annoncée jeudi soir au fait que les membres du parti chiite, qui venaient d’encaisser leurs salaires en dollars, avaient été nombreux à les convertir en livres sur le marché secondaire. Une rumeur dont la résonance a été entretenue dès le lendemain par la diffusion de plusieurs vidéos montrant des caisses ou des ballots de dollars dans des véhicules ou des espaces de stockage avec en fond des textes ou indices visuels laissant entendre qu’il s’agissait de fonds appartenant au Hezbollah et devant être distribués. Des vidéos dont l’authenticité et l’origine étaient douteuses et qui ont même été contestées par certains médias hier dans la soirée.


(Lire aussi : Grève : bousculades et scènes d’émeute devant certaines stations-service)



Fausses nouvelles

Contactées par L’Orient-Le Jour, deux sources proches du parti chiite ont assuré que ces rumeurs et ces vidéos « s’inscrivaient dans le cadre d’une guerre de l’information ». La première estime que c’est le Hezbollah qui est visé, tandis que la seconde évoque des « spéculations orchestrées par des agents qui tentent de tirer les prix d’achat du dollar vers le bas pour ensuite pouvoir les revendre au prix fort ». Le syndicat des changeurs préfère de son côté évoquer un ensemble de raisons qui expliquent la baisse, même relative, du prix du dollar sur le marché des changes depuis jeudi soir. « Il y a trois facteurs qui s’additionnent. Le premier, c’est le fait qu’une partie des Libanais ont encaissé leurs salaires en dollars. À ceux-là s’ajoutent les devises échangées par les voyageurs, notamment des membres de la diaspora qui viennent encore passer le week-end au Liban. Enfin, l’annonce jeudi confirmant que le pays avait bien remboursé les montants (1,5 milliard de dollars plus intérêts) correspondant à l’échéance d’eurobonds – titres de dette publique en dollars –, dont il devait s’acquitter à cette date, a sans doute poussé certains Libanais à sortir une partie des dollars qu’ils conservaient chez eux pour acheter des livres en gagnant sur le taux de change », expose-t-il.

Il reste qu’aucune de ces explications n’a pu être fermement confirmée et que rien ne permettait hier soir de dégager une tendance ferme concernant les cours du dollar aujourd’hui, alors que, dans le même temps, peu de détails ont filtré suite à la réunion organisée hier après-midi au palais présidentiel de Baabda et consacrée à la situation financière et bancaire du pays (voir par ailleurs). « Les informations concernant cette question doivent être prises avec des pincettes parce qu‘il y a beaucoup de fausses nouvelles qui circulent », a prévenu une source à la Banque du Liban (BDL). Son service de presse a par exemple démenti hier les informations relayées par certains médias – et qui avaient été reprises par L’Orient-Le Jour hier – faisant état de sanctions, amendes, retraits de licence et même peines de prison pour les récidivistes, décidées par le gouvernement de la BDL, Riad Salamé, à l’encontre des changeurs revendant leurs dollars à plus de 1 518 livres.

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commentaires (6)

Le Hezbollah a de l'argent en vendant la drogue.....

Eleni Caridopoulou

12 h 16, le 30 novembre 2019

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Commentaires (6)

  • Le Hezbollah a de l'argent en vendant la drogue.....

    Eleni Caridopoulou

    12 h 16, le 30 novembre 2019

  • ET ENCORE ON N,EST MEME PAS AU MILIEU DU CHEMIN. ATTENDEZ VOIR. C,EST L,EFFONDREMENT TOTAL DU PAYS. LE PAYS NE PEUT MALHEUREUSEMENT PAS ETRE GOUVERNE DE FACON UNILATERALE MALGRE L,ASPIRATION POPULAIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 30 novembre 2019

  • Quand au Liban on veut faire une révolution, il faut en subir très longtemps les néfates conséqiences . Ça fera très mal pour une longue période de temps . Et nous ne sommes qu'au tout début de nos peines .

    Chucri Abboud

    10 h 36, le 30 novembre 2019

  • 3 changeurs se sont vu retirer leur licence cette semaine. C'est ce qui fait que les autres ont revu leurs prix a la baisse.

    Mike

    10 h 10, le 30 novembre 2019

  • La résistance du hezb libanais est loin d'être ruiné , affaibli, encerclé...vous le voyez bien ,elle paye ses salaires au piastres près. Ne vous racontez pas d'histoire à dormir debout, ou alors ne les croyez pas. LA RÉSISTANCE DU HEZB LIBANAIS N'A PAS ENCORE ABATTU TOUTES SES CARTES, SURTOUT CELLES DE SES ALLIÉS NATIONAUX RÉGIONAUX ET INTERNATIONAUX. AUX PETITS MÉGOTEURS DE L'ÉCONOMIE, LA GÉOPOLITIQUE DOMINE LA SITUATION PRÉSENTE.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 21, le 30 novembre 2019

  • Le président de la République réunit certains ministres et des spécialistes des finances pour faire face à la crise. A votre avis, ce sujet grave n'intéresse pas le premier ministre,même démissionnaire..... Il est vrai que la gestion de ses affaires privées n'a pas été une grande réussite..... Qu'il vaut mieux le laisser de côté..... Ce constat évident semble échapper à notre vieux et ralenti de président.... Pauvre Liban....on va attendre comme cela encore longtemps......

    HIJAZI ABDULRAHIM

    01 h 04, le 30 novembre 2019

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