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Liban - Focus

Que veut donc Chamel Roukoz ?

Le député du Kesrouan a convié à Laklouk nombre de vétérans aounistes récemment radiés du CPL.


Chamel Roukoz entouré des invités au déjeuner de Laklouk. Photo tirée du site web d’al-Markaziya

Chamel Roukoz, député du Kesrouan et gendre du chef de l’État Michel Aoun, donne manifestement du fil à retordre à la mouvance aouniste, et notamment au bloc du Liban fort que dirige le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui se trouve être un autre gendre du président. Chamel Roukoz n’est pas membre du CPL et boycotte les réunions hebdomadaires du groupe parlementaire du parti de Gebran Bassil, dont il fait partie, en raison de divergences significatives, notamment autour des articles du budget 2019 imposant des taxes aux militaires à la retraite. Il a même fait partie des députés signataires du recours en invalidation préparé par ces derniers contre la loi de finances, votée par le Parlement le 19 juillet dernier.

Un autre point de divergence, tout aussi important, puisqu’il s’agit de la stratégie nationale de défense, est apparu récemment entre le député du Kesrouan et le bloc dont il relève. À l’heure où le chef de l’État continue de reporter sine die la tenue d’un dialogue national consacré à l’examen de cette stratégie, M. Roukoz a plaidé pour la mise sur pied de ce dialogue une bonne fois pour toutes. Un point qu’il avait déjà martelé lors de son allocution au Parlement le 12 février dernier, dans le cadre des séances parlementaires consacrées au vote de l’investiture du gouvernement Hariri, formé deux semaines plus tôt. Chamel Roukoz avait alors appelé à l’adoption d’une stratégie de défense, et à renforcer et soutenir l’armée conformément aux décisions des conférences internationales pour le Liban qui s’étaient tenues en 2018 à Paris et à Rome.

Si le statut familial de Chamel Roukoz lui donne une certaine marge de manœuvre, il semble toutefois que le « problème » prenne de l’ampleur.

Dimanche dernier, alors que Gebran Bassil célébrait sa reconduction d’office à la tête du CPL, Chamel Roukoz réunissait, autour d’un déjeuner à Laklouk, un certain nombre de militants de la première heure radiés du parti pour des motifs divers. Il s’agit notamment de Naïm Aoun, neveu du président de la République, Antoine Nasrallah, Kamal Yazigi, Ramzi Kanj, Élie Bitar et le général à la retraite Antoine Abdelnour, pour ne citer qu’eux.

« Rapports ordinaires » avec Bassil

Au vu de son timing et des personnalités qui y étaient conviées, la rencontre n’a pas été sans susciter des interrogations sur d’éventuels messages politiques que les dissidents aounistes auraient voulu adresser, par le biais du député du Kesrouan, au directoire du CPL, qui venait de se renouveler.

Dans un entretien accordé hier soir à L’Orient-Le Jour, Chamel Roukoz assure toutefois qu’il n’en est rien. « J’ai voulu inviter à déjeuner des compagnons de route et des amis de longue date », précise-t-il, rappelant que « les personnes concernées sont des militants, et non des gens recherchés par la justice ». À une question portant sur ses rapports avec Gebran Bassil, M. Roukoz répond en les qualifiant d’« ordinaires ». Une façon de nier toute volonté d’adresser des messages au directoire du CPL, encore moins à son chef. « La rencontre de Laklouk ne saurait être interprétée comme une réaction aux choix du CPL, d’autant que je n’en suis pas membre », insiste le député du Kesrouan.

Chamel Roukoz reconnaît, toutefois, que des divergences significatives existent avec le bloc du Liban fort, dont il continue de boycotter les meetings hebdomadaires. « Je ne suis pas un ministre, mais un député qui représente le peuple. Je m’exprime donc sur les sujets d’actualité et donne mon avis », explique-t-il, tout en donnant l’exemple de l’affaire des militaires à la retraite. « Je refuse que l’on porte atteinte aux militaires, mais aussi à la justice, dans la mesure où il s’agit des deux piliers de l’État et qu’il faut les préserver quel qu’en soit le prix », poursuit-il. Pour en revenir au déjeuner du dimanche, Chamel Roukoz assure qu’il ne s’agit aucunement d’un rassemblement politique autonome, même si nous sommes d’accord sur l’appui au général Michel Aoun et à son mandat «, souligne-t-il, avant d’ajouter » « n’avoir aucun problème à voir se regrouper ceux qui partagent une même vision politique ».


(Pour mémoire : Aoun tranche et refuse de faire pression sur Bassil)

« Une autre alternative »

Les dissidents aounistes affirment, quant à eux, que leur rencontre avec Chamel Roukoz est le résultat d’une convergence de vues sur plusieurs questions d’ordre national. « D’autant que M. Roukoz n’est pas en parfaite harmonie avec le bloc du Liban fort », rappelle, via L’OLJ, Kamal Yazigi, ancien militant aouniste qui a pris part au déjeuner dominical. Selon lui, « il s’agit d’un rapprochement » avec le député du Kesrouan. « Ce rapprochement est un pas que nous faisons, tout en étant sûrs que notre audience s’élargit », explique encore M. Yazigi, estimant que le groupe dont il relève – baptisé « Tayyar – la ligne historique », offre une alternative à la base populaire et partisane du CPL. « C’est à eux de choisir le parti qui les représente le mieux », ajoute-t-il.

En face, les milieux de Gebran Bassil semblent conscients de ce qu’ils appellent « des signaux politiques » que porterait la rencontre de Laklouk, mais préfèrent, du moins pour le moment, en minimiser la portée. Contacté par L’OLJ, Eddy Maalouf, député CPL du Metn, désigne le meeting comme étant « un déjeuner à caractère social ». « Certes, l’évènement est porteur de certains signaux politiques, mais ils restent insuffisants pour être interprétés », assure-t-il, ajoutant que Chamel Roukoz « a le droit de se démarquer (du CPL) sur certains points ».


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commentaires (5)

Politique politicienne que tout ça.

FRIK-A-FRAK

22 h 42, le 04 septembre 2019

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Commentaires (5)

  • Politique politicienne que tout ça.

    FRIK-A-FRAK

    22 h 42, le 04 septembre 2019

  • On lance un autre gendre dans la course au cas ou le premier ne peux acceder a la presidence du fait qu'il est trop extremite et n'est pas accepte par tous les autres on garantie la dynastie Aoun meme sans avoir un fils ( a ma connaissance ) je dois quand meme dire que je prefere ce dernier au premier qui se comporte comme un gamin ayant un jouet entre ses mains pour la premiere fois

    LA VERITE

    16 h 47, le 04 septembre 2019

  • Pour une fois, les Kesrouanais peuvent être fiers qu'un "étranger" (ghrib, en dialecte kesrouanais) de bonne trempe, vienne se présenter à la députation chez eux, considérant ainsi leur caza comme une base de lancement vers le sommet de la politique nationale, la vraie. Ahlan fik, mon Général. Un Kesrouanais.

    Un Libanais

    12 h 27, le 04 septembre 2019

  • Quoique je considère M. Roukoz comme un héros de notre armée nationale, la vie civile ne lui sied pas, en bon Libanais il lave son linge sale en public. Yalla dans trois ans notre calvaire sera terminé et on jettera le bébé avec l’eau. Georges Tyan

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    LA LIBRE EXPRESSION

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