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Économie - Conseil des ministres

Budget 2019 : les débats sont ouverts... et les critiques aussi

Alors que le président de la République espère que la loi de finances sera votée au Parlement d’ici à un mois, les discussions en Conseil des ministres risquent de s’enliser.

Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, hier en conférence de presse, à l’issue du Conseil des ministres à Baabda. Photo ANI

Après de multiples reports, le Conseil des ministres a consacré hier une première réunion à l’examen de l’avant-projet de budget pour l’exercice 2019, préparé par le ministère des Finances et comportant une série de mesures d’austérité. Le gouvernement accuse plusieurs mois de retard par rapport aux délais constitutionnels. Prenant la parole au début de la réunion, le président de la République Michel Aoun a appelé les ministres à « se dépêcher de débattre du budget afin qu’il soit adopté par le Parlement avant la fin du mois prochain ». Il a appelé à ce que cette loi de finances « reflète la politique économique et financière de l’État ».

Le Conseil des ministres prévoit de se réunir quotidiennement tout au long de la semaine, « peut-être même dimanche, jusqu’à ce que le budget soit approuvé et envoyé au Parlement. Une révision détaillée du texte commencera (aujourd’hui) au cours d’une réunion au Grand Sérail », a fait savoir le ministre des Finances Ali Hassan Khalil (mouvement Amal). « L’objectif stratégique sur lequel nous sommes tous d’accord est de réduire le ratio déficit public/PIB, et tous les débats sont permis dans cette perspective, en vue d’augmenter les recettes ou de réduire les dépenses de l’État », a indiqué M. Khalil.


(Lire aussi : Les militaires à la retraite se montrent intraitables, la fonction publique bout)



De sérieux problèmes éludés

Mais si ce dernier s’est montré optimiste quant à une adoption rapide du budget, le texte ne semble pas faire consensus au sein du gouvernement. Dans une note présentée en Conseil des ministres et communiquée par la suite à la presse, le ministre de l’Économie et du Commerce Mansour Bteich (bloc aouniste) estime que l’avant-projet de budget « élude de sérieux problèmes auxquels il faut s’attaquer, à savoir le ralentissement de la croissance économique, le creusement du déficit extérieur et la hausse du poids du service de la dette sur l’économie réelle et les finances publiques ». Selon M. Bteich, le texte actuel « ne permet pas au gouvernement de respecter les engagements pris dans sa déclaration ministérielle ». Il invite dès lors ses collègues à inclure dans le projet de budget une série de mesures visant à (1) rationaliser les dépenses publiques en mettant un terme aux subventions inefficaces et les réorienter vers l’investissement afin de soutenir l’économie réelle ; (2) combattre l’évasion fiscale et améliorer la gestion des actifs de l’État pour augmenter les recettes publiques ; (3) réformer le régime fiscal en instaurant un impôt progressif unique sur le revenu, y compris sur les droits de succession et les plus-values foncières.

Le ministre de l’Économie remet également en question la fiabilité des objectifs chiffrés avancés par Ali Hassan Khalil dans l’avant-projet de budget. Il pointe plus particulièrement du doigt une estimation par trop ambitieuse de la croissance du PIB à 1,5 % en 2019 et un calcul pour le moins approximatif du déficit public prévu à 4,68 milliards de dollars qui contredit les données fournies par le ministre des Finances dans son rapport en annexe du budget. Pour l’année 2018, le déficit public devrait atteindre les 6,3 milliards de dollars. La Banque mondiale table sur une croissance de 0,9 %, et le FMI sur 1,3 %. Une source anonyme avait indiqué à L’Orient-Le Jour que les donateurs de la conférence de Paris (dite CEDRE) allaient « probablement demander au FMI de vérifier la sincérité, la crédibilité et la faisabilité du projet de budget de 2019 ».


(Lire aussi : Les tiroirs de la fêtel'édito de Issa GORAIEB)


Le texte transmis par M. Khalil prévoit donc une baisse de plus de 25 % du déficit public à travers l’adoption d’une série de mesures d’austérité, qui n’ont jusqu’à présent pas été formellement confirmées ou éclaircies. Plusieurs médias – dont L’Orient-Le Jour – ont eu accès à certains extraits du document, qui a été distribué en fin de semaine dernière aux membres du gouvernement. Le texte prévoit notamment des réductions et des plafonnements de certains salaires et traitements dans la fonction publique ; la hausse de la taxe sur les intérêts bancaires de 7 à 10 % (déjà relevée de deux points en octobre 2017) – critiquée hier, dans un communiqué, par l’Association des banques du Liban – ; ou encore l’ajout de nouvelles tranches d’imposition pour les contribuables afin de renforcer la progressivité du régime fiscal. L’annonce de l’inclusion de mesures d’austérité dans ce projet de budget a causé des tensions sociales ces dernières semaines, les fonctionnaires et militaires notamment craignant des réductions de leurs salaires et de leurs retraites. Par ailleurs, le président Aoun a remis sur la table hier la nécessité de mettre en œuvre une restructuration de l’administration en vue d’assurer sa transition vers le numérique. La loi de finances de 2018 prévoyait une suppression ou une fusion de 84 institutions publiques, jugées inutiles ou inefficaces, mais cette réforme n’a pour l’instant pas vu le jour.



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commentaires (3)

كَـمَـا تَـكُـونُـوا يُـولَّـى عَـلَـيْـكُـم "Comme vous êtes, vos dirigeants seront." C'est apparemment une phrase de notre grand prophète, Mohammad. 30 ans de gaspillage, de banditisme, de criminalité, de pillage, de razzia, et on a reconduit les mêmes personnes au pouvoir. Oui, c’est nous tous, nous tous les Libanais qui sommes responsables de notre infortune, de notre misère. Notre perception de l’ampleur de la corruption n’affecte nullement notre confiance dans nos licencieuses institutions publiques.Paradoxalement, cette corruption galopante est née avec Taëf et les armes du Hezbollah. Mais Taëf et les armes du Hezbollah sont sacrés. On ne veut rien changer. Maintenant que le problème est devenu difficilement solvable, chaque groupe d’intérêt dit à l’autre : à toi de payer les pots cassés et pas moi. Normalement, c’est le plus fort, c.a.d. la sainte classe dirigeante qui fera payer et payer cher le plus faible. Mais le plus faible n’a pas à lui seul les moyens financiers de résoudre notre problème. Par conséquent, nous sommes dans une situation acrimonieuse de Catch 22. La résolution du problème du budget dépasse la taille de l'État et nos dirigeants sont incapables de le résoudre, car cela affectera leurs propres poches et ceux de leurs clientèles. Le budget verra le jour, demain, dans une semaine ou un mois. Mais notre déboire et notre malheur persisteront jusqu'au jour où tout sautera.

Aref El Yafi

12 h 15, le 01 mai 2019

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Commentaires (3)

  • كَـمَـا تَـكُـونُـوا يُـولَّـى عَـلَـيْـكُـم "Comme vous êtes, vos dirigeants seront." C'est apparemment une phrase de notre grand prophète, Mohammad. 30 ans de gaspillage, de banditisme, de criminalité, de pillage, de razzia, et on a reconduit les mêmes personnes au pouvoir. Oui, c’est nous tous, nous tous les Libanais qui sommes responsables de notre infortune, de notre misère. Notre perception de l’ampleur de la corruption n’affecte nullement notre confiance dans nos licencieuses institutions publiques.Paradoxalement, cette corruption galopante est née avec Taëf et les armes du Hezbollah. Mais Taëf et les armes du Hezbollah sont sacrés. On ne veut rien changer. Maintenant que le problème est devenu difficilement solvable, chaque groupe d’intérêt dit à l’autre : à toi de payer les pots cassés et pas moi. Normalement, c’est le plus fort, c.a.d. la sainte classe dirigeante qui fera payer et payer cher le plus faible. Mais le plus faible n’a pas à lui seul les moyens financiers de résoudre notre problème. Par conséquent, nous sommes dans une situation acrimonieuse de Catch 22. La résolution du problème du budget dépasse la taille de l'État et nos dirigeants sont incapables de le résoudre, car cela affectera leurs propres poches et ceux de leurs clientèles. Le budget verra le jour, demain, dans une semaine ou un mois. Mais notre déboire et notre malheur persisteront jusqu'au jour où tout sautera.

    Aref El Yafi

    12 h 15, le 01 mai 2019

  • ON SE DEBAT DANS LES TERGIVERSATIONS ET LES FAUX CALCULS. LA B.M., LE FMI ET LES INVESTISSEURS ET DONNEURS VEULENT DES MESURES CONCRETES BIEN CALCULEES D,AVANCE ET NON DES MESURES DE SOUHAITS NEGATIVES ET NON REALISABLES. DEJA EN TOUCHANT AUX INTERETS DES BANQUES ON LES REND MOINS COMPETITIVES SUR LE MARCHE INTERNATIONAL ET ON REDUIT PAR CA LES AFFLUX DE DEPOTS TANT NECESSAIRES A L,ECONOMIE DU PAYS. TOUCHEZ PAS AU SEUL SECTEUR ENCORE SAIN DANS CE PAYS ! SINON, C,EST LA CATASTROPHE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 01, le 01 mai 2019

  • On nous promettait, il y a environ 1 année, un LIBAN NOUVEAU ET FORT ! Aujourd'hui, nous constatons combien nos responsables, du 1er au dernier, sont FORTS en corruption et incapacité totale à gérer convenablement ce pays. FORTS aussi en promesses jamais tenues. Ils sont tous tellement enfoncés dans leurs manigances et combines de corruption, qu'ils ont perdu toute notion d'une gérance du pays correcte ! Et, cerise sur le gâteau, notre président "espère" que la loi des finances sera votée au Parlement d'ici à un mois...!!!...un mois encore, rien que cela ! Le Liban sombre, et notre président n'est visiblement pas trop pressé...lui, bien confortablement installé dans son palais, il a le temps. Son salaire lui est versé c'est sûr et certain. Les autres compatriotes n'ont qu'à se débrouiller pour survivre... Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 43, le 01 mai 2019

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