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Liban - Politique

Avec le retour de Rifi au bercail, Hariri renforcé sur tous les plans

Après des années de tensions, l’ancien ministre de la Justice exprime un soutien inconditionnel au Premier ministre.


L’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi lors de la conférence de presse. Photo ANI

L’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a opté pour un jour fort en symbole, celui qui a vu naître le mouvement souverainiste du 14 Mars, pour expliciter les raisons de son retrait de la partielle de Tripoli et sa réconciliation avec le Premier ministre Saad Hariri. Lors d’une conférence de presse tenue hier dans sa ville, Achraf Rifi a dit haut et fort son appui au chef du gouvernement et au sunnisme politique, jugé « visé » à travers la mise en cause par le Hezbollah de l’ancien chef du gouvernement Fouad Siniora dans sa gestion des comptes publics de l’État.Si sa renonciation, mardi, à présenter sa candidature lors de la partielle de Tripoli en faveur de la candidate du courant du Futur, Dima Jamali, a constitué le motif principal derrière la conférence de presse d’hier, il n’en reste pas moins que la position exprimée par M. Rifi est éminemment politique, voire même stratégique. Dans les milieux proches du courant du Futur, on salue cette initiative qui, dit-on, ne peut que profiter aux deux parties.

« M. Rifi s’est rendu compte que dans sa bataille contre le Futur, il avait plus à perdre qu’à gagner. Le courant du Futur y a également laissé des plumes, dans une moindre mesure toutefois. Résultat : c’est la partie adverse qui a gagné à travers les divisions apparues au sein du camp haririen », commente une source proche de ces milieux.

Le soutien que vient d’apporter M. Rifi à M. Hariri va immanquablement contribuer à conforter la position politique de ce dernier, non seulement dans sa reconquête d’une légitimité populaire lors de la partielle de Tripoli, mais aussi en tant que chef du gouvernement placé face à d’innombrables défis, notamment les réformes qu’il est appelé à mettre en place dans le cadre de la conférence dite CEDRE, et une crise économique et financière sans équivalent. À ce propos, on apprenait, de source proche de l’Arabie saoudite où M. Hariri doit se rendre incessamment pour la seconde fois en une semaine, que Riyad va « prochainement apporter un grand appui financier au Liban dans le cadre ou en dehors de la CEDRE », c’est-à-dire sans nécessairement attendre que les réformes soient concrétisées.

« Je serai constamment à vos côtés »

Destinée à défendre bec et ongles un des faucons du courant du Futur, Fouad Siniora, et la ligne politique qu’il incarne, la conférence de presse de M. Rifi survient au lendemain d’interventions exprimées successivement par les membres du courant du Futur, puis par le mufti de la République et, plus récemment, l’ancien chef du gouvernement Tammam Salam qui ont tous fait bloc derrière M. Siniora, « une ligne rouge », selon le mufti Abdellatif Deriane.

M. Siniora avait implicitement été accusé par un député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, d’avoir commis des irrégularités, notamment sur la période 1993-2012, le rendant passible ainsi que d’autres de poursuites judiciaires. Des accusations dont le CPL s’est judicieusement tenu à l’écart, bien qu’il fût, il a quelques années, à l’avant-garde d’une campagne similaire visant l’ancien chef du gouvernement. « Je serai constamment à vos côtés pour faire face à ceux qui cherchent à vous cibler, pour défendre aussi l’État, la Constitution, Taëf et la coexistence », a dit M. Rifi en s’adressant à Saad Hariri, placé dans une situation incommode après la mise en cause de M. Siniora.

Dès le début de son intervention, M. Rifi a annoncé la couleur en plaçant son initiative sous le signe du resserrement des rangs au sein de la communauté sunnite face à ce qu’il considère être un « danger » qui menace « la communauté », le « Liban » et « l’ensemble des institutions de l’État », en allusion au Hezbollah.

Pour lui, la perte d’un siège parlementaire sera largement compensée par « la victoire de notre cause, à savoir l’indépendance et la souveraineté de l’État », a-t-il indiqué, avant de souligner que sa réconciliation avec le Premier ministre, après des années de tensions, valait « plus que cent sièges parlementaires ».


(Lire aussi : La réconciliation Hariri-Rifi, une bouffée d’oxygène pour les souverainistes)



Juger le Hezbollah

Assis devant une immense banderole représentant la manifestation souverainiste du 14 mars 2005, il a tiré à boulets rouges sur le parti chiite en tenant toutefois à rappeler que sa réconciliation avec Saad Hariri – désormais contraint par le compromis présidentiel à composer notamment avec le camp aouniste, mais aussi avec le Hezbollah présent au gouvernement – ne signifie aucunement un revirement dans ses prises de position connues pour être radicalement opposées au 8 Mars, et en particulier virulentes à l’égard du Hezbollah. Ses convictions ne changeront pas pour autant, a affirmé M. Rifi, en soulignant qu’il continuera à militer contre les armes illégitimes.

« Les armes de ceux qui œuvrent pour le compte de l’Iran essaient de prendre le pouvoir sur l’État », a-t-il déclaré, prenant soin de faire remarquer que ses invectives ne visent pas « la communauté chiite dans son ensemble ».

L’ancien ministre a contre-attaqué en tirant à boulets rouges sans le nommer sur le Hebzollah, appelant « tous ceux qui veulent lutter contre la corruption » à commencer par se pencher sur « les milliards de dollars perdus aux douanes, à l’aéroport et dans le port de Beyrouth, et à arrêter de blanchir des fonds et menacer le système bancaire ». L’ancien ministre a encore ironisé que le parti chiite « accuse les sunnites de terrorisme et de corruption, alors que ce sont eux les corrompus et les terroristes ».

Faire la lumière sur « la corruption du Hezbollah »

Prenant le contre-pied de l’initiative de Hassan Fadlallah, qui a saisi le parquet financier en lui soumettant le dossier des irrégularités constatées dans les comptes publics, M. Rifi a appelé la justice à faire la lumière sur « la corruption du Hezbollah et des forces qui le protègent », s’engageant à faire ce qu’il faut pour dénoncer les affaires dans lesquels tremperait le parti chiite.

« Celui qui affirme respecter la justice n’a qu’à remettre les auteurs de l’assassinat de l’ex-Premier ministre, Rafic Hariri », a encore lancé M. Rifi dans une allusion au refus du parti chiite de remettre les quatre accusés devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) qui doit rendre prochainement son jugement dans cette affaire.

Plusieurs observateurs ont d’ailleurs lié l’affaire du dossier des irrégularités dans les écritures comptables apparues notamment durant la période où Fouad Siniora était ministre des Finances, puis Premier ministre (entre 1993 et 2009), au verdict attendu du TSL. La mise en cause d’un membre influent du courant du Futur dans une affaire de corruption serait en quelque sorte une épée de Damoclès que le parti chiite pourrait manier à sa guise une fois les condamnations des quatre accusés confirmée par l’instance judiciaire internationale. M. Siniora était également l’un des acteurs principaux de la mise sur pied du TSL.


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commentaires (4)

IL RESTE QU,UNE PARTIE DE TRAITRES SERT DE CINQUIEME COLONNE CONTRE SA PROPRE COMMUNAUTE !

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

10 h 49, le 15 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • IL RESTE QU,UNE PARTIE DE TRAITRES SERT DE CINQUIEME COLONNE CONTRE SA PROPRE COMMUNAUTE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 49, le 15 mars 2019

  • Mère grand pourquoi tu as de grandes dents ? C'est pour mieux te manger, mon enfant hahahahahaha..... Renforcé hein ??????? Lol....

    FRIK-A-FRAK

    10 h 48, le 15 mars 2019

  • En un mot, ils se protègent les uns les autres...

    TrucMuche

    10 h 20, le 15 mars 2019

  • C’est un peu comme dans la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, mais ici c’est d’un crapaud qu’il s’agit. Dommage que la vénalité des Libanais leur coupe les ailes. La clientèle de ce monsieur, s’il en reste encore en a été pour ses frais. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 43, le 15 mars 2019

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