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Liban - crise

Gouvernement : encore « un petit nœud » sunnite à trancher...

Le bureau de la Chambre fixe l’ordre du jour de la prochaine séance législative.

Saad Hariri s’entretenant avec Samy Gemayel. Photo Dalati et Nohra

Au lendemain de « l’optimisme prudent » distillé mardi par le Premier ministre désigné Saad Hariri et l’effervescence soudaine des contacts en vue de la mise sur pied du prochain gouvernement, le retour à la réalité et… à la confusion. Après l’intensification surprise des efforts mardi dans la soirée, la journée d’hier a été consacrée à surmonter le fameux obstacle sunnite, qui semble être toujours infranchissable. Même si certains milieux politiques s’attendent à une naissance du cabinet dans les deux prochains jours.

Forts de l’appui indéfectible du Hezbollah, les députés sunnites du 8 Mars sont parvenus à consacrer « le principe » de leur représentation au sein de la future équipe ministérielle. Mais c’est surtout sur la modalité de cette représentation que les tractations n’en finissent pas de buter. Si la question de l’intégration du ministrable concerné à la quote-part du chef de l’État Michel Aoun est définitivement tranchée, c’est surtout le positionnement politique de ce ministre qui reste au centre des spéculations de dernière minute. À en croire certains médias, le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, aurait enfin accepté de se désister de sa demande de détenir le tiers de blocage, en contrepartie de la participation du représentant de la Rencontre consultative (rassemblant les six députés sunnites hostiles au Premier ministre désigné) aux réunions du groupe dit « Le Liban fort » parrainé par le CPL.

Interrogé par l’agence locale al-Markaziya, Abdel Rahim Mrad a déclaré sans détour : « Le ministre que choisira le président de la République représentera la Rencontre exclusivement, prendra part à ses réunions, et votera conformément à ses orientations et décisions. » Notant que le ministre pourrait participer de temps en temps aux réunions du groupe dit « Le Liban fort », M. Mrad a ajouté : « Nous sommes libres de notre positionnement politique en Conseil des ministres. Mais cela ne signifie pas que nous n’allons pas coordonner avec le président Aoun. »


(Lire aussi : Le Hezbollah céderait enfin sous les pressions de Moscou, Washington et Paris)


Sauf que Kassem Hachem, député de Marjeyoun et l’un des six députés sunnites du 8 Mars, présente à L’Orient-Le Jour une version plus nuancée des faits. Faisant état d’un progrès qu’ont enregistré les contacts, M. Hachem met les points sur les i : « Le positionnement politique de notre ministrable ainsi que son éventuelle participation aux réunions du groupe parlementaire du CPL sont encore sujettes à des tractations et n’ont pas encore été tranchés », souligne-t-il.

À une question articulée autour de l’orientation du vote du ministre des sunnites du 8 Mars, M. Hachem répond en rappelant que le groupe dont il fait partie « a des orientations politiques claires qui dictent ses décisions et choix. Mais le vote dépend des dossiers discutés en Conseil des ministres ».

Outre le positionnement du ministre en question, le flou entoure toujours son identité. Mais Kassem Hachem est catégorique à ce niveau : « Il s’agira de l’une des personnalités que nous avons nommées. Et cela représente une grande concession de notre part. » Le député de Marjeyoun faisait ainsi allusion à Taha Nagi, candidat malheureux des Ahbache à Tripoli lors des législatives de mai dernier, battu par la députée Dima Jamali (courant du Futur), Osman Majzoub, proche de Fayçal Karamé (député de Tripoli), et Hassan Mrad, fils de Abdel Rahim Mrad.

Concernant la réunion qui s’est tenue mardi entre les députés sunnites hostiles à Saad Hariri, avec Hussein Khalil, conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, les milieux de la Rencontre consultative confient à L’Orient-Le Jour qu’elle a été l’occasion de passer en revue les solutions à même de régler le problème de la représentation des sunnites du 8 Mars.


(Lire aussi : Vers une « normalisation » par la remise à flot du cabinet sortant ?)


L’optimisme du Hezbollah
Citées par la chaîne MTV, des sources proches du Hezbollah se sont montrées particulièrement optimistes. À en croire ces milieux, un accord aurait été atteint à ce sujet, mais attend toujours l’issue des tractations portant sur la révision du partage des portefeuilles entre le président de la Chambre Nabih Berry, le Premier ministre et le chef du CPL. Cette question a été évoquée de nouveau à l’issue de l’insistance de Gebran Bassil à détenir le portefeuille de l’Environnement (initialement attribué au chef du législatif). Les négociations s’articulent donc autour du portefeuille qui devrait être accordé au mouvement Amal. Dans certains milieux politiques, on évoque la possibilité d’accorder le Tourisme à M. Berry. Le parti Tachnag pourrait alors s’attribuer l’Information, catégoriquement refusé par le locataire de Aïn el-Tiné. Mais cette solution semble se heurter au veto arménien.

Quoi qu’il en soit, les milieux de la Maison du Centre restent attachés à l’optimisme prudent affiché mardi par Saad Hariri. Le Premier ministre désigné est toujours déterminé à trancher la question du gouvernement cette semaine. Il s’attend à un dénouement heureux, c’est-à-dire la mise sur pied du cabinet, insistent ces milieux auprès de L’OLJ, tout en confiant que dans le cas contraire, Saad Hariri pourrait opter pour des choix dont il s’abstient jusque-là de faire part. Il n’en reste pas moins que dans certains milieux gravitant dans l’orbite de la Maison du Centre, on fait état de plusieurs considérations politiques et régionales qui entravent la solution du problème sunnite. Dans les mêmes milieux, on souligne qu’en cas d’échec de la toute dernière phase de tractations, M. Hariri pourrait choisir de présenter une nouvelle mouture au chef de l’État, ou encore élargir le domaine de la notion d’« expédition des affaires courantes », dans la mesure où plusieurs échéances économiques et financières guettent le pays.

Saad Hariri s’est vu hier bénéficier d’un appui de la part du groupe parlementaire de l’ex-chef de gouvernement Nagib Mikati. À l’issue d’une réunion tenue hier au bureau de M. Mikati, le bloc a exhorté M. Hariri à « mettre les points sur les i, trancher la question et établir la formule convenable après concertations avec le président de la République », comme on peut lire dans un communiqué du groupe.

À son tour, la communauté internationale poursuit son forcing dans le sens de la mise sur pied du cabinet. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos tenus par la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies par intérim, Pernille Dahler Kardel, à l’issue de sa visite d’adieux à M. Hariri à la Maison du Centre. « La formation du gouvernement est fondamentale pour la stabilité et la pérennité des institutions de l’État », a-t-elle estimé, soulignant que cela permettra au Liban de bénéficier du plan d’appui international élaboré dans le cadre des conférences de Rome, Paris et Bruxelles, en 2018.


(Lire aussi : Hariri ne se récusera pas, mais pourrait prendre des décisions courageuses d’ici la fin du mois)


La séance plénière
En attendant la fumée blanche, Nabih Berry a poursuivi son forcing pour la tenue d’une séance législative consacrée à l’examen des moyens de financement de l’État après l’expiration du délai accordé pour financer les dépenses publiques conformément à la règle du douzième provisoire (31 janvier). Il a donc présidé une réunion du bureau de la Chambre pour préparer l’ordre du jour de la séance. De source bien informée, on apprend que celui-ci comprend six projets de loi et trois propositions de loi à caractère financier et économique.

Plus tard dans la journée, M. Berry a profité de ses audiences du mercredi pour souligner que le processus gouvernemental bute sur « un petit » nœud, celui du positionnement politique du ministre sunnite du 8 Mars.

Du côté de l’opposition, le chef des Kataëb Samy Gemayel a rencontré hier Saad Hariri à la Maison du Centre autour d’un dîner. Il s’agit du premier entretien entre les deux hommes depuis le 10 décembre 2018. L’occasion pour eux de passer en revue les derniers développements sur la scène locale.


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Au lendemain de « l’optimisme prudent » distillé mardi par le Premier ministre désigné Saad Hariri et l’effervescence soudaine des contacts en vue de la mise sur pied du prochain gouvernement, le retour à la réalité et… à la confusion. Après l’intensification surprise des efforts mardi dans la soirée, la journée d’hier a été consacrée à surmonter le fameux...

commentaires (8)

Depuis le début de la crise gouvernementale, je ne lis que Gebran Bassil veut ceci et exige cela. Je crois qu'il devient nécessaire de mettre fin d'rune manière ou d'une autre aux revendications, aux exigences, aux prétentions au donquichottisme de cette personne afin que le gouvernement soit enfin formé.

Un Libanais

15 h 17, le 31 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Depuis le début de la crise gouvernementale, je ne lis que Gebran Bassil veut ceci et exige cela. Je crois qu'il devient nécessaire de mettre fin d'rune manière ou d'une autre aux revendications, aux exigences, aux prétentions au donquichottisme de cette personne afin que le gouvernement soit enfin formé.

    Un Libanais

    15 h 17, le 31 janvier 2019

  • « Le ministre que choisira le président de la République représentera la Rencontre exclusivement, prendra part à ses réunions, et votera conformément à ses orientations et décisions. » Quelqu'un devrait raconter a Monsieur Mrad que quasiment rien n'est jamais vote en conseil des ministres et que toutes les decisions sont prises au consensus...ou ne sont pas prisent. Alors, il pourrait se faire representer par une potiche se serait plus efficace...au moins si la potiche tombe....elle se casse.

    Mounir Doumani

    12 h 26, le 31 janvier 2019

  • HAHAHA ! tres drole le titre, 1 "petit" noeud sunnite a trancher ! omettant ajouter que C ce meme "petit" noeud qui a deja fait avorter plus d'1 fois deja la formation du cabinet miracle.

    Gaby SIOUFI

    11 h 17, le 31 janvier 2019

  • Beaucoup de bruit pour rien! Oui, on aura un nouveau gouvernement, mais il sera aussi inefficace et aussi pourri que tous ceux qui l'ont précédé...Allez les amis, deux négations ne feront jamais une nation!

    Georges MELKI

    10 h 21, le 31 janvier 2019

  • Donc, le gendre et M. Mrad ont enfin trouvé la combine: "...mais cela ne signifie pas que nous n'allons pas coordonner avec le président Aoun..." Et tout ira pour le mieux dans notre petit monde libanais dirigé de façon à peine masquée par le nouement de grands et petits noeuds par le parti divin, qui lui est dirigé par son commanditaire et financier généreux mais intraitable pour l'obéissance, l'Iran. Allez, que vive le Liban-iranais-syrien fort et indépendant qui fait le bonheur de tous ses adeptes très dévoués !!! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 54, le 31 janvier 2019

  • ESPERONS. L,ESPOIR EST TOUT CE QUI RESTE AUX LIBANAIS AVEC CETTE CASTE POLITIQUE DE VAURIENS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 35, le 31 janvier 2019

  • On bute toujours aux demandes de Bassil et on continue à baigner dans le ridicule: Comment est ce que le ministrable des Sunnites du 8 Mars peut-il participer aux réunions du CPL et reporter aux opposants politiques du CPL (genre de super-espion-free-of-charge)? A moins qu'ils ne soient de vrais alliés...

    Zovighian Michel

    05 h 29, le 31 janvier 2019

  • Bien sûr, ça va sans dire,que chaque courant, chaque parti,chaque zaiim, chaque politicien important et impérial,offrira la liste de ses ministres, de purs génies, qui feront des miracles et qui, grâce à leurs intelligences,sans egales,personnelles et communes, éblouiront les Libanais les voisins et, bien sûr l'humanité entière, peut être même les extras terrestres aussi, en faisant subir à l'économie un virage de 360 degrés et à la culture un virage de 180 degrés... Et que la fête commence!

    Wlek Sanferlou

    03 h 59, le 31 janvier 2019

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