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Diaspora - Success story

Reem Acra, la célèbre Libanaise qui habille les stars

La notoriété internationale sourit depuis longtemps déjà au talent phénoménal de Reem Acra. Mais c’est aux racines profondes de son enfance libanaise et de ses pérégrinations que la célèbre designer remonte pour en révéler les origines. Récit d’un entretien effectué récemment à Beyrouth avec un personnage hors pair, avant son retour à New York.
Cet amour de la mode est né très tôt chez Reem Acra, qui a passé toute son enfance et sa jeunesse au Liban, dont elle garde des souvenirs toujours vivaces. « J’ai vécu mon enfance au Liban et j’aime beaucoup ce pays, dit-elle. Au cours de ce séjour, j’ai réalisé un rêve vieux de trois ans au moins : retrouver mes amies de classe de l’école Notre-Dame de Besançon, que je n’avais plus revues depuis le début des années 70. C’était pour moi un grand moment d’émotion. »
Ses premières études universitaires n’avaient pas grand-chose à voir avec la mode, puisque Reem Acra a obtenu son diplôme de business de l’AUB. Mais c’est là, pourtant, qu’elle fait ses débuts dans le domaine. « Un jour, on me demande d’organiser un défilé de mode des habits que je confectionnais moi-même, raconte-t-elle. Je créais déjà mes habits depuis de nombreuses années, c’est une habitude qui remonte à l’enfance. L’amour de la mode ne m’est donc pas venu d’un jour à l’autre, ce n’est même pas quelque chose auquel je rêvais, mais qui existait déjà en moi et constituait une partie naturelle de mon style de vie. C’est ce qui a facilité les choses pour moi. Et j’ai réalisé que la mode était la voie à suivre en ce dernier jour à l’AUB, quand j’ai organisé le défilé de mode. »
Reem Acra insiste que c’était donc sa « destinée » de partir, et d’aller poursuivre ses études puis sa carrière à l’étranger. « J’ai étudié au Fashion Institute of Technology à New York, puis à l’école Esmod de Paris, poursuit-elle. J’ai passé par des expériences variées et toutes incroyables. J’ai travaillé dur pour arriver là où je suis, parce que je voulais bien comprendre le domaine et l’éthique du métier. »
Après son passage à Esmod, Reem Acra décide donc de retourner vers New York, même si l’école française tente de la garder. « Mais j’ai préféré terminer mes études à FIT », se souvient-elle. Sa carrière a démarré tout aussi vite à New York, son talent ayant très vite été remarqué. « Un jour seulement après avoir obtenu mon diplôme, j’ai eu ma première proposition de travail, décrochant ainsi le ticket qui me permettait de rester à New York, dit-elle. L’entreprise en question avait demandé à FIT qui était leur major de promotion, et c’était moi. » S’ensuit une période de travail intense. « Durant quelques années, je me suis exercée à tous les aspects du métier, ne me limitant pas au design pur, précise-t-elle. Je demandais toujours à ce qu’on me confie plus de tâches, terminant rapidement celles que j’avais en main pour en prendre d’autres. J’ai tout appris, et j’ai trouvé ma propre façon de travailler, accomplissant de belles œuvres pour les compagnies qui m’employaient. »
Reem Acra s’est rapidement fait connaître pour ses robes de mariée magnifiques, mais la simplicité de son style et son habileté hors normes à mélanger les couleurs la prédestinait aussi à dessiner des robes de soirée d’une grande élégance. Il y a plusieurs années déjà qu’elle a fondé sa propre marque, et sa compagnie produit actuellement une ligne pour le jour.

« Nous sommes tous des immigrés »
A-t-elle jamais ressenti la moindre discrimination en tant qu’immigrée libanaise, au cours de ces premières années ? « C’est une question que je préfère ne pas me poser, souligne Reem Acra. Je suis une immigrée, comme tout le monde, point à la ligne. Je suis moi-même, je connais l’étendue de mon talent, et celui-ci est très apprécié. »
Est-ce qu’avoir une double culture orientale et occidentale se retrouve d’une façon ou d’une autre dans le processus de création ? « Certainement, répond-elle. J’ai eu la chance d’avoir été élevée à Beyrouth, par une famille très ouverte aux cultures, aux arts, aux questions identitaires. Mes deux parents étaient très portés sur l’art. Ils étaient eux-mêmes extrêmement talentueux de diverses manières. Nous n’étions jamais sur la même longueur d’onde que les autres, et toujours avant-gardistes. De plus, vivre au Liban, être entourée par un si beau pays et une si belle culture, tout cela est resté ancré en moi. Mais j’ai, d’un autre côté, une simplicité caractéristique dans ma façon de penser et dans mon approche des choses. » Elle cite les lieux qu’elle a visités, où elle a vécu, ses années à Hong Kong et à New York, ses études à Paris… « Pas beaucoup de jeunes filles avaient vécu dans des endroits comme Hong Kong, à résider et travailler seules, à un jeune âge, souligne-t-elle. Tous ces endroits ont façonné ma façon de vivre, et se retrouvent certainement dans mes créations. »
À la question de savoir d’où vient son amour de la soie et de la broderie, Reem Acra retourne très loin dans son enfance, le jour où, bien avant la mode du vintage, elle décide d’acquérir une vieille robe. « Je me souviens que quand j’avais onze ans, on est venu nous proposer de vieilles robes à la maison, raconte-t-elle. C’étaient les années 70, et personne ne pensait alors acheter des robes vintage. Et moi, à cet âge-là, je demandais à le faire ! Cette Bédouine était venue de je ne sais où, et mes parents m’ont demandé de choisir la robe. Je l’ai fait, je me suis ruée dans ma chambre pour collecter mon argent de poche et payer la Bédouine. Comme je n’avais pas assez d’argent, mes parents ont payé le reste. Aujourd’hui, je comprends que dès mon enfance, j’ai été entraînée à acheter et à regarder des choses qui sont différentes. J’étais déjà une pionnière à ce moment. » C’est en achetant cette robe qu’elle s’est mieux renseignée sur la broderie, sur la façon dont elle a été confectionnée. Et ce n’est pas tout. Dès l’âge de cinq ans, sa mère la menait dans les souks de Beyrouth pour acheter des tissus, des souvenirs qui restent très vivaces dans sa mémoire. « Ma mère m’expliquait tout à propos des tissus, des points », dit-elle.
Plus tard, ses parents l’inscriront également à des cours d’art, et notamment de peinture. « J’étais peintre, se souvient-elle. Et je commençais à me faire un nom. Le premier article écrit sur moi, d’ailleurs, était à L’Orient-Le Jour, en 1981, sur mes peintures ! »

La star des « Golden Globe »
Le parcours effectué depuis ces tendres années d’enfance et d’adolescence est énorme. Aujourd’hui, Reem Acra possède une boutique entre Madison Street et Fifth Avenue à Manhattan, depuis quatre ou cinq ans, où sont vendues des robes de soirée et de mariée. Elle a aussi une salle d’exposition entre la 57e rue et la Fifth Avenue, au-dessus de Bulgari, en face de Tiffany’s, dans un quartier des plus prestigieux. Et puis il y a l’atelier, à la septième avenue.
De nos jours, Reem Acra est sans nul doute l’un des designers préférés des stars, avec un nombre record de célébrités qui s’affichent avec ses créations à des cérémonies aussi prestigieuses que les « Emmy’s Awards » et les « Golden Globe Awards ». Pour les derniers « Golden Golbe », trois stars étaient resplendissantes dans des robes signées Reem Acra : Eva Longoria dans une superbe robe rouge, Olivia Wilde dans une tenue couleur lavande, très aérienne, et Rummer Willis (fille de Bruce Willis et de Demi Moore) dans une robe couleur prune d’une rare élégance. Si bien que peu avant la rédaction de cet article, la chaîne de télévision CBS a annoncé que la vraie star des « Golden Globes », c’était la créatrice, avec les plus belles robes de la cérémonie.
Reem Acra a affaire aux stars quotidiennement, mais refuse pour autant de nous divulguer certaines anecdotes, pour respecter le secret professionnel et parce que cela fait partie de sa personnalité, dit-elle. « Je suis devenue experte dans l’habillement des célébrités, souligne-t-elle. Ce qui m’aide, c’est ma capacité à comprendre les personnes qui sont en face de moi. Je n’ai besoin que de quelques minutes pour savoir comment elles doivent être habillées. Au bureau, nous sommes en fait submergés par les appels de célébrités. Je les habille pour tous les moments de leur vie : je ne suis pas concentrée sur les Oscars ou les Emmy’s, les stars portent mes créations à diverses occasions. Je pourrais vous citer beaucoup de noms : Catherine Zeta-Jones, Angelina Jolie, à laquelle me lie une amitié personnelle, Jennifer Lopez, Halle Berry, il y en a tant. Je ne compte plus, et je n’alerte pas la presse à chaque fois qu’une star porte une de mes créations. Mais nous sommes néanmoins toujours cités dans la presse et les médias. People Magazine m’appelle souvent pour me consulter en tant qu’experte, pour savoir quelles sont les prochaines tendances à Hollywood. »
Est-elle intéressée par le marché libanais et moyen-oriental actuellement ? « Je n’ai rien de spécifique pour le moment, dit-elle. Bien sûr que j’y pense toujours, et on ne sait jamais. S’il y a quelque projet que ce soit, je l’annoncerai en temps dû. » Ses créations sont-elles disponibles au Liban ? La créatrice répond que non, bien qu’elles y soient très appréciées. On peut trouver ses robes dans certaines boutiques exclusives au Koweït, à Dubaï, en Turquie, à Bahreïn et ailleurs, mais en édition limitée. « J’espère qu’un jour, mes créations seront disponibles ici », ajoute-t-elle.

Une « passion » pour le Liban
Sur un plan plus personnel, qu’est-ce qui lie Reem Acra toujours au Liban ? « La passion que j’éprouve pour ce pays, répond-elle. C’est tout. Je n’ai rien d’autre ici que ma passion pour le pays, les gens. Il y a quelque chose de si attirant ici. Et puis, c’est en quelque sorte toute mon enfance. »
Après toutes ces réalisations, à quoi aspire-t-elle encore ? « Je réponds toujours à cette question de la même façon, dit-elle. J’aspire seulement à l’avenir immédiat, l’avenir lointain est très difficile à prévoir, surtout en ces temps de crise économique. Mais j’ai toujours été comme cela : je parle de mes projets actuels. L’avenir n’est pas entre nos mains »
La crise économique aura-t-elle un impact important sur l’industrie de la mode ? « Absolument, lance-t-elle. Ça a déjà commencé. Nous serons obligés de réfléchir autrement. La mode changera, comme tout le reste. Tout est imprévisible aujourd’hui, toute personne dans le business vous le dira. C’est même difficile de prédire ce que sera la prochaine collection. Après ces courtes vacances, je devrai me mettre au travail pour savoir ce qui va se passer dans le monde de la mode. »
Cet amour de la mode est né très tôt chez Reem Acra, qui a passé toute son enfance et sa jeunesse au Liban, dont elle garde des souvenirs toujours vivaces. « J’ai vécu mon enfance au Liban et j’aime beaucoup ce pays, dit-elle. Au cours de ce séjour, j’ai réalisé un rêve vieux de trois ans au moins : retrouver mes...