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Liban - Circonscriptions

Législatives libanaises : Anatomie du vote à Baabda

Une bataille quelque peu tiède, une répartition des forces entre les partis politiques et un équilibre fragile.

Dans la circonscription de Baabda, ou Mont-Liban III, deux listes ont obtenu le coefficient électoral, celle de l’« Unité et développement de Baabda » – coalition entre les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste et des indépendants – et celle de « L’entente nationale » – coalition entre le Courant patriotique libre, le Mouvement Amal et le Hezbollah. La première a récolté 26 500 voix, gagnant deux sièges, l’un pour le ministre FL Pierre Bou Assi (maronite), qui a eu 13 498 voix, et l’autre pour le cadre PSP Hadi Abou el-Hosn, vainqueur du siège druze avec 11 844 voix. Du côté de l’entente nationale, et ses 40 669 voix, le député Hezbollah sortant, Ali Ammar (chiite), a le plus grand nombre de voix, 13 692, le député CPL sortant Alain Aoun (maronite) a eu 10 200 voix, le cadre Amal Fadi Alamé (chiite), 6 348 voix, et le député CPL sortant Hekmat Dib (maronite) est passé avec 4 428 voix.

Le coefficient électoral dans cette circonscription (au nombre d’électeurs quasiment équivalent entre chrétiens et musulmans) a été calculé à 11 284 voix, et le nombre de suffrages retenus pour les deux listes était de 65 965 voix. À savoir que les deux listes d’indépendants – l’une d’entre elles compte quand même un candidat Kataëb, et l’autre était une liste Koullouna Watani – ont récolté à elles deux près de 11 000 voix, c’est-à-dire non loin d’un coefficient électoral.
Un analyste, fin observateur des élections dans cette circonscription, estime que le résultat reflète bien la réalité de la nouvelle loi électorale, conçue pour pérenniser au maximum la présence des partis au pouvoir. Ainsi, note-t-il, cinq partis ont réussi à rafler les six sièges tout en étant répartis dans deux listes différentes, comme si leurs calculs avaient pu résulter en une représentation qui leur paraissait satisfaisante, sans qu’ils ne s’encombrent d’une campagne électorale très agressive, placée sous des thèmes réellement politiques. Mais d’un autre côté, n’était-ce pas le cas dans le reste du pays, quelques circonscriptions mises à part ?


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Côté chiite (il y a deux sièges dans la circonscription), la suprématie du tandem Amal-hezbollah a été consacrée une nouvelle fois, avec un net avantage pour le candidat Hezbollah sur son collègue d’Amal. Un fait qui n’est pas surprenant, selon cet observateur, étant donné la force du premier traditionnellement dans la circonscription, tant et si bien qu’il a probablement prêté main-forte à l’autre composante du tandem pour la garder hors de la zone de danger. Certains observateurs pensent même que le Hezb aurait eu des milliers de voix de plus en réserve, mais qu’il n’a pas pris la peine de leur demander de voter, étant donné la tiédeur de la bataille électorale et le vote chrétien en baisse (estimé à plus de 8 000 votants de moins qu’en 2009, contrairement aux prévisions qui auraient penché pour une progression logique après tant d’années). Verdict : les indépendants chrétiens ne se sont probablement pas sentis concernés par cette bataille.
Il faut noter cependant que dans un contexte de suprématie d’un parti sur le vote chiite, un candidat dans la liste Koullouna Watani, Wassef Haraké, issu de la société civile, a obtenu à lui seul 1 300 voix… dépassant de loin les autres candidats perdants de cette communauté.


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Pas de progression...
Pour ce qui est des partis chrétiens, tous les observateurs ont souligné le score élevé obtenu par le candidat FL, près de 13 500 voix à lui tout seul, même si les voix dont a bénéficié Pierre Bou Assi peuvent aussi avoir compté des votes de protestation contre le CPL ou encore le Hezbollah.
Sur l’équilibre des forces avec le CPL, acteur principal dans la circonscription et parti dont le fondateur est l’actuel président de la République Michel Aoun, les chiffres donnent ce qui suit : si l’on additionne les scores des trois candidats CPL (dont deux ont été élus), on obtient près de 17 550 voix (en reconnaissant qu’il y a eu répartition des voix entre plusieurs candidats). Si l’on prend, d’un autre côté, les voix des FL (près de 13 500 voix), celles du candidat Kataëb sur une autre liste (Ramzi Bou Khaled, 2 586 voix), et si l’on considère qu’un candidat sur cette même liste, Élie Gharios, aurait bénéficié de plus d’un millier de voix du Parti national libéral, on arrive à la conclusion que les voix entre le CPL d’une part et les autres partis chrétiens (qui sont alliés dans d’autres circonscriptions) d’autre part sont quasiment équivalentes.

Une rapide comparaison avec les résultats de 2005, où le CPL avait raflé la mise avec 74 % des voix, et avec 2009, où il avait obtenu un nombre de voix équivalent à la coalition de partis chrétiens (et PSP) et de personnalités indépendantes qui lui faisaient face, mais avec un taux de participation plus élevé, montre, selon l’observateur cité plus haut, que ce parti n’a pas progressé, s’il n’est pas plutôt en recul. Et ce, malgré la présidence et le fait que les candidats rivaux ne sont pas regroupés sur une même liste. Il n’en a pas moins deux députés contre trois par le passé, ce qui s’explique par le passage au système proportionnel.


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