Rechercher
Rechercher

Liban - Circonscriptions

Anatomie du vote à Zahlé

Les nouveaux députés sont Georges Okais et Michel Daher (grecs-catholiques), César Maalouf (grec-orthodoxe), Assem Araji (sunnite), Anwar Jomaa (chiite), Salim Aoun (maronite) et Eddy Demerdjian (arménien-orthodoxe).

Majoritairement chrétienne, comptant près de 100 000 chrétiens et quelque 80 000 musulmans, Zahlé a vécu une bataille acharnée, le dimanche 6 mai. Une bataille interchrétienne, d’abord, entre les principales formations chrétiennes, CPL d’une part (allié au courant du Futur et au Tachnag), et l’alliance FL-Kataëb d’autre part, à laquelle ont pris part, en rangs dispersés, les familles zahliotes traditionnelles, représentées par Nicolas Fattouche et Myriam Tok Skaff. Une bataille intermusulmane aussi entre sunnites et chiites, et plus particulièrement entre le Hezbollah et le courant du Futur, compte tenu que le vote sunnite, connu pour être le plus déterminant avec près de 35 000 voix effectives, constitue généralement un plébiscite envers le leadership haririen.

Cinq listes concurrentes et 32 candidats se sont donc disputé les 7 sièges de Zahlé et de ses environs, répartis comme suit : deux grecs-catholiques, un grec-orthodoxe, un maronite, un arménien-orthodoxe, un chiite et un sunnite. « Zahlé pour tous » réunissait le Futur, le CPL et le Tachnag. Le Bloc populaire se retrouvait autour de Myriam Tok Skaff. « Zahlé notre cause » présentait une alliance Forces libanaises-Kataëb. « Zahlé, le choix et la décision » mettait ensemble le député sortant Nicolas Fattouche et le tandem chiite Hezbollah-Amal, et enfin Koullouna watani regroupait des candidats issus de la société civile.


(Lire aussi : Anatomie du vote à Beyrouth I)



Nombre de voix par liste
Pour parler chiffres, 94 082 électeurs ont pris part au scrutin, pour un taux de participation officiel de 49,1 %.
Mais, en éliminant les 2 414 bulletins annulés, n’ont été comptabilisées que 91 668 voix, parmi lesquelles 545 bulletins blancs. Les suffrages totaux sont donc répartis comme suit : 36 391 voix pour la liste Zahlé pour tous, qui réunit CPL-Futur-Tachnag ; 23 546 pour Zahlé, le choix et la décision, qui réunit Fattouche et le tandem Hezbollah-Amal ; 18 702 voix pour la liste Zahlé notre cause, et son alliance Forces libanaises-Kataëb ; 10 885 voix à la liste de Myriam Tok Skaff ; 1 599 voix seulement pour la liste de la société civile, sous le label Koullouna watani ; et enfin les 545 votes blancs.

En divisant le nombre d’électeurs par le nombre de sièges, soit 91 668 par 7, le coefficient électoral est de 13 095. Sont donc éliminées d’emblée les deux listes n’ayant pas atteint le seuil d’éligibilité, celle présidée par Myriam Tok et celle de la société civile. Le nouveau coefficient électoral est ensuite recalculé, avec en moins les votes de ces deux listes. Il est désormais de 11 312 et servira de base pour déterminer le nombre de sièges emportés par chaque liste. Le total de voix obtenues par chaque liste restante, divisé par ce nombre, déterminera le nombre de sièges pour chaque liste. Zahlé pour tous obtient ainsi un taux de 3,21, soit 3 sièges. Zahlé, la décision et le choix obtient un taux de 2,08, soit 2 sièges. Et enfin, Zahlé notre cause comptabilise un taux de 1,65, soit 2 sièges, en arrondissant le chiffre à la hausse. Le compte de 7 sièges est bon.


(Lire aussi : Urne fois de plus, le billet de Gaby NASR)



Élu avec 77 voix seulement
Quant aux candidats élus sur base du vote préférentiel et du nombre de sièges impartis à chaque liste, voici leurs noms. Les deux élus grecs-catholiques sont Georges Okais (FL) avec 11 363 voix et Michel Daher (CPL) avec 9 742 voix. Face à eux, Nicolas Fattouche n’a pas fait le poids, avec seulement 5 737 suffrages. Le candidat maronite élu est Salim Aoun (CPL), avec 5 567 voix. Le vainqueur grec-orthodoxe est César Maalouf (proche des FL), avec 3 554 voix, même s’il est battu en nombre de voix (4 138) par Assaad Nakad, PDG d’Électricité de Zahlé, qui jouit d’une certaine notoriété dans la région. Le député sunnite élu est Assem Araji (courant du Futur), avec 7 224 voix, et le député chiite élu est Anwar Jomaa (Hezbollah), avec 15 601 voix. Enfin, les aléas du vote préférentiel ont accordé un siège au candidat arménien-orthodoxe Eddy Demerdjian, proche du candidat malheureux Nicolas Fattouche. Avec seulement 77 voix et un pourcentage de 0,1 %, il bat sa rivale principale, Marie-Jeanne Bilezikjian (Tachnag), qui a pourtant recueilli non moins de 3 851 voix.

Partant de ces résultats, il est possible de comparer les voix accordées aux deux principaux blocs chrétiens, d’une part, le CPL, et, d’autre part, les FL-Kataëb. En comptabilisant les voix des candidats Michel Daher et Salim Aoun, le CPL atteint un total de 15 309 voix. Face à lui, le tandem FL-Kataëb, constitué de Georges Okais, César Maalouf et Élie Marouni, obtient le score de 16 130 suffrages. Un vote qui s’équilibre à 800 voix près. Quant aux deux blocs musulmans, le courant du Futur sunnite et le Hezbollah chiite, ils ont été plébiscités chacun par sa communauté. Si le candidat chiite Anwar Jomaa recueille le nombre le plus élevé de voix (15 601), exclusivement chiites, c’est la liste Futur-CPL-Tachnag qui remporte le nombre le plus important de sièges, grâce à ses 36 391 voix.


Voir ici notre article détaillé sur les députés élus par parti ou mouvement

Et tous les articles concernant le résultat des législatives sont dans notre espace dédié  


Lire aussi
Non, le Liban ne se confond pas avec le Hezbollah

Hariri rejette la consécration du ministère des Finances aux chiites

Berry délimite son territoire et Geagea met ses conditions

Résultats des législatives libanaises : le temps des bémols...

Législatives libanaises : la répartition des forces au sein du nouveau Parlement

Le plus jeune, le plus âgé, les nouveaux députés : radiographie du nouveau Parlement

Le retour de figures proches de Damas au Parlement libanais, « une gifle pour le camp souverainiste » ?

Qui sont les six femmes élues au Parlement libanais ?



Majoritairement chrétienne, comptant près de 100 000 chrétiens et quelque 80 000 musulmans, Zahlé a vécu une bataille acharnée, le dimanche 6 mai. Une bataille interchrétienne, d’abord, entre les principales formations chrétiennes, CPL d’une part (allié au courant du Futur et au Tachnag), et l’alliance FL-Kataëb d’autre part, à laquelle ont pris part, en rangs...

commentaires (4)

Cette analyse semble expliquer que le siège arménien-orthodoxe est gagné par la liste 'Zahlé choix et décision' plutôt que par le candidat individuel; c.a.d. une victoire de la liste plutôt que du candidat lui même. Mais il se peut que je n'ai pas bien compris. Une chose que je me souviens c'est qu'on parle aussi de "syriaques orthodoxes" à Zahle une minorité chrétienne de l'église syriaque qui ne serait pas representé pour une raison ou autre, c'est qu'on a un siège arménien-orthodoxe mais pas un siège syriaque-orthodoxe.

Stes David

12 h 24, le 12 mai 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Cette analyse semble expliquer que le siège arménien-orthodoxe est gagné par la liste 'Zahlé choix et décision' plutôt que par le candidat individuel; c.a.d. une victoire de la liste plutôt que du candidat lui même. Mais il se peut que je n'ai pas bien compris. Une chose que je me souviens c'est qu'on parle aussi de "syriaques orthodoxes" à Zahle une minorité chrétienne de l'église syriaque qui ne serait pas representé pour une raison ou autre, c'est qu'on a un siège arménien-orthodoxe mais pas un siège syriaque-orthodoxe.

    Stes David

    12 h 24, le 12 mai 2018

  • faut avouer que la composition socio-religieuse du Liban , son systeme politique confessionnel, MAIS SURTOUT tel qu'il a evolue AUJOURD'HUI, ne peut que rendre une loi bcp plus acceptable SUPER SUPER DIFFICILE. faut qd essayer d'y trouver qqs remedes C vrai !

    Gaby SIOUFI

    10 h 13, le 12 mai 2018

  • Difficile de comprendre de telles carences dans un code électoral...

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 53, le 12 mai 2018

  • Une nouvelle loi électorale saluée quasi-unanimement. 77 voix contre 3851, et c'est le plus faible qui l'emporte! Qui ose parler de démocratie?

    Yves Prevost

    07 h 32, le 12 mai 2018

Retour en haut