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Liban - Liban-Nord III / Reportage

À Zghorta et dans le Koura, deux ambiances différentes, un même calme

Bien que le taux de participation soit plus élevé dans le Koura (42,18 %) qu’à Zghorta (37,6 %), l’enthousiasme des électeurs dans le second caza tranche par rapport au premier.

Tony Frangié déposant son bulletin dans l’urne.

Cela faisait de longs mois que les différents partis et formations politiques mènent campagne dans le caza de Zghorta, dans la troisième circonscription du Liban-Nord, comme dans l’ensemble du territoire libanais. Nombreuses ont été les surprises qui ont secoué les listes, notamment la tension survenue entre les Marada et leur allié Salim Karam et le retrait du candidat sur la liste FL-Kataëb César Moawad. S’il est vrai que la plupart des enjeux se sont aiguisés au cours des dernières semaines et que les tentatives de désamorcer les tensions entre les colistiers ont été faites, il reste que l’ultime surprise de la circonscription à dominante chrétienne est survenue dans la nuit du samedi au dimanche : à l’heure où les Marada s’attendaient à ce que le courant du Futur soutienne leur liste à Zghorta, la formation haririenne a finalement fait le choix décisif de voter pour le candidat du CPL et ministre d’État pour les Affaires de la présidence, Pierre Raffoul.

C’est après avoir trempé son pouce dans l’encre bleue que le ministre des Marada Youssef Fenianos a affirmé que sa formation a été surprise par le choix opéré à la dernière minute par le courant du Futur. « Je ne suis pas sûr d’avoir le droit de faire cette déclaration, mais j’ai été surpris par la décision du Premier ministre Saad Hariri, d’autant que tout le monde était au courant de la promesse qu’il avait faite aux Marada de les soutenir à Zghorta. À chacun ses calculs politiques et électoraux, nous attendrons les résultats des élections et nous ferons une autre déclaration, sur un autre ton, après la fermeture des bureaux de vote », a-t-il déclaré. Les Marada s’opposeront-ils à la candidature de Saad Hariri à la tête du prochain cabinet ? M. Fenianos a botté en touche. « Ce n’est pas cela que je voulais dire », s’est-il contenté de dire.

À Miryata, l’une des plus importantes localités à majorité sunnite du caza de Zghorta, la tension s’est fait sentir entre les partisans des différentes listes, mais également entre les délégués. Jessica Doueihy, fille du candidat Kataëb et déléguée dans la localité, s’est opposée à l’entrée de M. Raffoul dans le bureau de vote au cours de sa tournée dans la région : « Il vous est interdit d’entrer », lui a-t-elle lancé, plombant l’ambiance dans le secteur. Depuis l’ouverture des bureaux de vote le matin à 7h, plusieurs violents échanges verbaux ont été enregistrés dans cette région.
Les portes de deux bureaux de vote accueillant les électeurs ont été fermées, et les présidents de ces bureaux choisissaient de refuser que certaines personnes âgées soient aidées par une tierce personne pour voter, et cela selon l’orientation politique de l’électeur. Interrogé à ce sujet par L’Orient-Le Jour, Pierre Raffoul n’a pas voulu commenter l’incident, se contentant d’assurer qu’« il n’y a plus de place pour les rouleaux compresseurs » et que « les électeurs sont libres de voter pour ceux par lesquels ils sont convaincus ».


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« Le mandat commence réellement... »
De son côté, le président du Mouvement de l’indépendance Michel Moawad a assuré avant de voter que « l’importance de ces élections réside dans le fait de briser le monopole dans le caza, d’instaurer un équilibre et d’assurer une juste représentation du public souverainiste ». Il s’est également félicité du calme et de l’absence de toute tension au cours de cette journée qu’il a qualifiée de démocratique. Le candidat des Marada, Tony Frangié, s’est lui aussi félicité du bon déroulement du processus de vote : « Le perdant félicitera le gagnant à la fin de cette journée. »

À l’heure où Zghorta grouillait de monde, que ce soit dans la rue, dans les centres ou encore à l’intérieur des bureaux de vote, et à l’heure où les portraits des candidats se dressent sur chaque façade des immeubles du village maronite, l’ambiance dans le Koura semblait être plutôt calme et beaucoup plus détendue. À Amioun, Ayoub Rizk a voté pour la première fois de sa vie en choisissant d’accorder son vote préférentiel au candidat du Parti syrien national social, Salim Saadé, estimant que « les anciens députés n’avaient rien fait pour la région ». Un peu plus loin, à Kousba, l’épouse du candidat du courant du Futur sur la liste CPL-Mouvement de l’Indépendance-Futur, Nicolas Ghosn, est enthousiaste face à la nouvelle loi électorale et s’attend à voir de nouveaux visages au Parlement.


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Lors de sa tournée électorale dans le Koura, le leader du courant du Futur a appelé les électeurs sunnites à voter massivement pour M. Ghosn, et à soutenir ainsi son « ami » Gebran Bassil. À Btouratije, le village sunnite de l’ancien chef des SR des FSI assassiné Wissam el-Hassan, les partisans du courant du Futur ont affiché leur soutien au candidat de leur parti en dépit de sa présence sur la liste du CPL, ce qui apparemment n’a pas plu à environ 30 % des partisans de la formation haririenne qui ont choisi de ne pas suivre les directives de leur chef. À Nakhlé, un autre village sunnite du Koura, Ahmad Rachid Ayoubi, un partisan du courant du Futur, a remercié le ministre de l’Intérieur pour l’« excellente organisation » du processus électoral. « Ce scrutin est très important, notamment parce qu’il va permettre la naissance d’un nouveau gouvernement. C’est aujourd’hui que le mandat commence réellement. » Il a affirmé aussi avoir voté dans l’espoir que les mois et les années à venir soient meilleurs pour les Libanais, surtout aux niveaux économique et sécuritaire.


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