A la veille des élections législatives, les premières depuis neuf ans, le président libanais, Michel Aoun, a accordé un entretien à la BBC Arabic dans lequel il a défendu la nouvelle loi électorale et a appelé à la formation rapide d'un nouveau gouvernement après la tenue du scrutin.
Dans des extraits rapportés par notre correspondante Hoda Chedid, peu de temps avant la diffusion de l'entretien à 21h, le président Aoun a exprimé sa "satisfaction concernant la nouvelle loi électorale" (basée sur le mode de scrutin proportionnel avec vote préférentiel au niveau du caza, ndlr).
Selon le président Aoun, cette nouvelle loi "va permettre une juste représentation de la majorité et des minorités en même temps, ce qui va déboucher sur un Parlement qui va assurer davantage de stabilité interne".
Le chef de l'Etat a ensuite estimé que "la nouvelle loi électorale n'est pas responsable de la propagation de propos incitant à la (division) sectaire. Ce sont les responsables politiques qui ont employé ce style de propos et en assument la responsabilité".
"Voter pour une liste fermée revient à voter pour une ligne politique que le citoyen choisit, et le vote préférentiel permet à l'électeur de choisir son candidat favori de manière que la représentativité soit la meilleure", a expliqué Michel Aoun.
Il a ensuite répété qu'en ayant pris position en faveur de la proportionnelle, il avait comme objectif "la victoire du peuple et de la nation, afin que ceux-ci aient leur mot à dire en choisissant leurs représentants".
Par ailleurs, le président libanais a dit "espérer que le nouveau gouvernement soit formé rapidement, selon les usages prévus par la Constitution". "L'important, c'est de préserver l'union nationale dans la formation du prochain gouvernement, et si cela est impossible, nous aurons recours à la majorité, et ceux qui ne participent pas (au gouvernement) seront dans l'opposition", a expliqué le président Aoun.
"Il y a unanimité sur le fait que le Liban doit rester stable, indépendamment de la profondeur des divisons internes", a en outre affirmé le président Aoun.
Les derniers préparatifs pour les législatives de demain, les premières depuis 2009, étaient en cours, samedi.
Les fonctionnaires, notamment ceux en charge de la supervision du scrutin de demain, ont déjà voté jeudi. Environ 14.000 salariés de la fonction publique étaient inscrits.
Les Libanais de la diaspora, qui ont participé pour la première fois aux législatives depuis leur pays de résidence, ont voté le 27 avril dans les pays arabes, et le 30 avril dans le reste du monde. Plus de 82.000 électeurs étaient inscrits sur les listes, et environ 59% d'entre eux sont allés voter.
Demain, sur le territoire libanais, près de 3.663.518 votants inscrits sont appelés à élire leurs nouveaux parlementaires parmi quelque 586 candidats qui ont pris part à la compétition dans le cadre de listes (dictées par la proportionnelle) au niveau des circonscriptions.
Le Hezbollah en Syrie
Sur le plan régional, M. Aoun a estimé que "la participation du Hezbollah dans le conflit en Syrie est devenue une question d'ordre régional, sachant que le parti est devenu partie intégrante de l'équilibre des forces et ne peut plus décider unilatéralement de son retrait de Syrie".
Le parti chiite se bat officiellement depuis 2013 aux côtés de troupes du régime du président syrien Bachar el-Assad.
Concernant le quasi-million de réfugiés syriens au Liban inscrits auprès de l'ONU, le président Aoun a assuré que "nous ne faisons pas pression sur les déplacés pour qu'ils quittent le Liban. Mais en même temps, nous n'acceptons pas qu'on mette des obstacles devant ceux qui désirent rentrer et qu'on fasse pression sur eux pour qu'ils restent chez nous. Nous nous interrogeons sur les intentions de ceux qui sont derrière le maintien des déplacés (syriens) au Liban. L'ONU sait très bien que la plus grande partie du territoire syrien est désormais sûre, mais malgré cela, elle ne souhaite pas le retour des déplacés".
Vendredi, le président Aoun avait affirmé devant la délégation des observateurs de l'Union européenne pour les élections législatives que le Liban allait trouver une solution à la crise des réfugiés syriens, "indépendamment de l'avis des Nations unies et de l'UE".
Le Liban accueille près d'un million de réfugiés syriens enregistrés auprès de l'ONU. Le pays a officiellement rejeté le communiqué relatif de la conférence internationale d'aide aux réfugiés syriens, tenue à Bruxelles les 24 et 25 avril, et qui estimait qu'une solution politique en Syrie devait précéder leur retour dans leur pays. M. Aoun avait affirmé que le Liban réclamait "un retour sécurisé des déplacés, notamment dans les régions stables" tenues par le régime syrien, alors que la communauté internationale estime un tel retour prématuré.
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commentaires (10)
Monsieur Michel Aoun a estimé que "la participation du Hezbollah dans le conflit en Syrie est devenue une question d'ordre régional...etc. etc." Comment le Chef de notre Etat Libanais peut-il déclarer cela et donc légitimer l'intervention militaire de ce parti basé au Liban...dans un autre pays ? Où se trouve la distanciation prônée tant de fois par Monsieur Michel Aoun ? Irène Saïd
Irene Said
16 h 38, le 06 mai 2018