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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Hassan Sinno : le patriotisme à fleur de peau

Hassan Sinno, candidat à Beyrouth II sur la liste Kelna Beyrouth.

Il fait partie du club des dépités, ceux qui aujourd’hui sont convaincus de la « faillite légendaire » de la classe au pouvoir et de la nécessité de redonner à la politique ses lettres de noblesse.
Candidat au siège sunnite de Beyrouth II sur la liste Kelna Beyrouth qui regroupe des indépendants, Hassan Sinno, la quarantaine, affirme d’emblée qu’il n’est pas un activiste de pure souche comme certains de ses colistiers, mais plutôt un technocrate avec une série de projets à intégrer au grand chantier de réformes dont le Liban a tant besoin.
Après plusieurs années passées à l’étranger – notamment en France où il grandit et fréquente par la suite l’Insead en vue d’un MBA, et aux États-Unis où il poursuit des études en génie industriel et financier à Columbia University avant de décrocher un poste à JP Morgan –, il décide de retourner au Liban, un retour orchestré dès sa plus jeune enfance par ses parents.


Ayant été forcé par la guerre à quitter le pays dès sa naissance, il n’échappera pas au bain linguistique et culturel libanais et arabe dans lequel sa famille l’a immergé. Tout au long de son séjour à l’étranger, il sera initié à l’amour de son pays et incité à revenir un jour assumer ses responsabilités nationales qu’il prend très au sérieux. C’est à ce titre que Hassan Sinno a décidé de se présenter aux élections aux côtés de colistiers qui partagent les mêmes valeurs, notamment le dévouement pour la chose publique qu’ils comptent cultiver dans le long terme, même s’ils ne sont pas élus.
Contrairement à nombre de postulants à la députation qui s’attendent à un « retour sur investissement » une fois parvenus à l’hémicycle, il considère que faire campagne pour être élu « est une forme de sacrifice qu’il consent ». Avec une carrière aussi brillante, des moyens financiers convenables et une vie familiale paisible, il dit avoir pu se passer de ce « casse-tête chinois » que représente la campagne électorale.
« C’est un véritable tracas que de mener cette bataille, relève-t-il. Je ne recherche ni le prestige ni la notoriété. J’aspire tout simplement à changer les choses et je le fais par amour pour un pays que je n’ai plus envie de voir dans cet état de décrépitude », dit-il.


Ayant vu à l’œuvre les parlementaires en poste et observé leurs prestations au quotidien depuis plus d’une décennie, il en déduit « un manque de productivité et une absence de professionnalisme à tous les niveaux ». « Il est temps, dit-il, qu’on laisse la place aux technocrates et à ceux qui prennent la politique au sérieux. »
Pour Hassan Sinno, il faut désormais mettre un terme à « la pathologie de la répartition des ressources du pays en quote-parts » entre les composantes du pouvoir actuel et œuvrer en vue de fructifier ces ressources par le biais de projets qui servent l’intérêt public et non l’intérêt des personnes.
Parmi les projets qui lui tiennent à cœur, la réforme de la politique d’imposition dans l’optique d’une plus grande justice sociale « afin de se départir de la taxation aveugle », et la mise en place d’un mécanisme légal et administratif qui puisse motiver les entrepreneurs et encourager l’investissement, une vision « complètement absente » de l’agenda des responsables en place.


(Lire aussi : Teymour Joumblatt, l’homme qui veut en finir avec la politique des clans)


Après quelques années passées dans le domaine bancaire, Hassan Sinno s’investit dans le domaine de la production de l’électricité propre. Sollicité par le gouvernement de Roumanie pour édifier, avec le soutien de l’Union européenne, une usine de production électrique à 100 % verte, devenue un modèle dans le genre, il espère pouvoir inciter à l’adoption de projets d’une utilité similaire au Liban.


Ce qui le désole, c’est le fait de voir le manque d’exigence dont font preuve beaucoup de Libanais à l’égard de leurs élus. « Non seulement ils n’ont pas la culture de la reddition des comptes, un réflexe incontournable pour la reconstruction de la démocratie, mais ils ont fini par se faire à l’idée que la plupart des députés sortants puissent se représenter sans prendre la peine d’élaborer un programme électoral qui les rend redevables à leur base électorale, souligne-t-il. Et, lorsque ce dernier existe, ils ne font même pas l’effort d’en prendre connaissance », déplore-t-il. Une attitude qui, selon lui, est l’ennemi du changement car « rien n’est encore joué, contrairement aux rumeurs que l’on fait circuler ». « En définitive, le choix final revient aux Libanais », dit-il, en démontant la logique entretenue au sein de la rue beyrouthine selon laquelle « tout vote pour la liste des indépendants serait un vote inutile et favoriserait le Hezbollah face au courant du Futur, en affaiblissant ce dernier ».
D’où son appel adressé aux électeurs – « surtout ceux qui se disent insatisfaits et désabusés » – les invitant à sortir de leur torpeur, pour aller voter. Il s’agit d’un « devoir citoyen auquel ils ne peuvent pas se dérober », dit-il, d’autant qu’« avec une participation de 60 %, on pourra faire pencher la balance ».
« L’on nous répète à l’envi qu’avec 9 listes en présence, la bataille sera difficile à Beyrouth II. Nous en sommes pleinement conscients, à la nuance près que, pour nous, ce foisonnement est un signe clair que les Beyrouthins ont soif de démocratie et de changement », conclut Hassan Sinno.



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Il fait partie du club des dépités, ceux qui aujourd’hui sont convaincus de la « faillite légendaire » de la classe au pouvoir et de la nécessité de redonner à la politique ses lettres de noblesse. Candidat au siège sunnite de Beyrouth II sur la liste Kelna Beyrouth qui regroupe des indépendants, Hassan Sinno, la quarantaine, affirme d’emblée qu’il n’est pas un...

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La “Reconstruction de la Démocratie” est une tâche essentielle pour remettre en place la « Constitution » qui est bafouée et interprétée régulièrement par nos présidents, une grande partie de nos parlementaires, et certains chefs de partis ! C’est la Constitution qui définit les droits du citoyen et ses obligations envers son pays ! Les politiciens qui ceux sont accaparés les rênes du pouvoir ont résignés le citoyen à recourir à leurs services pour récupérer ses droits et faciliter ses démarches auprès des administrations et autres. En échange, le citoyen a réussi à se dérober de ses obligations. Le non-respect de la constitution a corrompu une grande partie de notre société… et pas seulement la classe politique. Il est grand temps d’amener des hommes d’état qui ont un savoir-faire et de la moralité pour gouverner le Liban. Il faut risquer dans la diversification mais aussi en déclenchant le changement afin de sortir d’une polarisation nocive. Un jour viendra où la communauté « Hezbollah » qui traine derrière les autres composantes du pays va se réveiller et rendre des comptes à leurs chefs qui ont grandement contribués à mettre le pays dans un gros pétrin. Il n’est jamais trop tard pour bien faire les choses… avec M. Sinno et sa liste.

Zovighian Michel

07 h 43, le 30 avril 2018

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Commentaires (1)

  • La “Reconstruction de la Démocratie” est une tâche essentielle pour remettre en place la « Constitution » qui est bafouée et interprétée régulièrement par nos présidents, une grande partie de nos parlementaires, et certains chefs de partis ! C’est la Constitution qui définit les droits du citoyen et ses obligations envers son pays ! Les politiciens qui ceux sont accaparés les rênes du pouvoir ont résignés le citoyen à recourir à leurs services pour récupérer ses droits et faciliter ses démarches auprès des administrations et autres. En échange, le citoyen a réussi à se dérober de ses obligations. Le non-respect de la constitution a corrompu une grande partie de notre société… et pas seulement la classe politique. Il est grand temps d’amener des hommes d’état qui ont un savoir-faire et de la moralité pour gouverner le Liban. Il faut risquer dans la diversification mais aussi en déclenchant le changement afin de sortir d’une polarisation nocive. Un jour viendra où la communauté « Hezbollah » qui traine derrière les autres composantes du pays va se réveiller et rendre des comptes à leurs chefs qui ont grandement contribués à mettre le pays dans un gros pétrin. Il n’est jamais trop tard pour bien faire les choses… avec M. Sinno et sa liste.

    Zovighian Michel

    07 h 43, le 30 avril 2018

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