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Liban - Législatives 2018 - Kesrouan-Jbeil

Le Hezbollah cherche à s'implanter politiquement à Kesrouan-Jbeil

Certains milieux hostiles au parti chiite font état de pressions exercées sur l’électorat.

Vision surréaliste, les drapeaux du Hezbollah claquant au vent sur la rade du port de Byblos. Photo Lebanonfiles/Twitter

Le Hezbollah veut mener Hussein Zeaïter à l’hémicycle coûte que coûte. Le parti dirigé par Hassan Nasrallah a créé la surprise en nommant un de ses responsables originaires de Baalbeck candidat au siège chiite de Jbeil, contre la volonté du Courant patriotique libre. Il s’agit là de la toute première rupture à caractère électoral entre la formation chiite et son allié chrétien traditionnel, le CPL, depuis 2005. D’autant que le siège concerné est occupé depuis une douzaine d’années par Abbas Hachem (originaire de Tourzaya, caza de Jbeil), membre du bloc du Changement et de la Réforme. 

Outre la portée politique de la décision unilatérale de la formation chiite et ses retombées négatives sur les rapports avec le CPL, la candidature de M. Zeaïter est qualifiée dans certains milieux de la circonscription de Kesrouan-Jbeil de provocation dirigée contre l’électorat chrétien de Jbeil, connu pour son attachement à une saine représentativité au sein des institutions de l’État. Mais en dépit de cette grogne que ressentent les chrétiens, le Hezbollah est déterminé à remporter la bataille pour le siège chiite, prévue le 6 mai. 

Cela fait dire à certains que le siège de Hussein Zeaïter est acquis, mais d’autres se veulent plus prudents. Selon eux, le parti chiite mène sa bataille 2018 en solo, loin de son plus grand allié chrétien. Il serait donc en quête d’une légitimité chrétienne dans les cazas du Kesrouan et de Jbeil. Cela pourrait bien expliquer la détermination qu’il affiche à assurer la victoire de Hussein Zeaïter. 


Lire aussi : Farès Souhaid : Non aux armes du Hezbollah et à l’hégémonie iranienne sur le Liban)


Face à cette détermination pugnace, les conditions d’une bataille égale et démocratique existent-elles réellement à Jbeil ? Certaines parties font état de pressions que le Hezbollah exercerait sur l’électorat chiite de Jbeil. Cela s’appliquerait aussi, et surtout, aux votants chrétiens du Kesrouan, dans la mesure où l’objectif du parti chiite est de tirer profit de la présence de candidats chrétiens sur sa liste pour obtenir le coefficient électoral requis afin d’assurer l’élection de son candidat chiite. 

Dans certains milieux jbeiliotes hostiles à la formation de Hassan Nasrallah, on rappelle que la candidature Zeaïter n’est pas la première manifestation de la volonté du Hezbollah de renforcer sa présence dans le caza. On en veut pour preuve le litige portant sur les terrains indivis de Akoura (dans le jurd de Jbeil) qui, en 2016, avait opposé les habitants du village au ministre des Finances, Ali Hassan Khalil (mouvement Amal). À cela certains ajoutent, entre autres, les informations qui ont circulé récemment dans certains médias selon lesquelles des chiites auraient acheté des terrains dans des régions et villages du Kesrouan. 


(Lire aussi : Kesrouan-Jbeil : les chefs de file se mobilisent)


« Insulte aux Jbeiliotes chiites »  

Interrogés par L’Orient-Le Jour, des proches d’un candidat chiite opposé au Hezbollah confient que le parti chiite exerce des pressions sur les candidats des listes concurrentes, notamment après les visites qu’ils effectuent dans les villages chiites du caza de Jbeil. De mêmes sources, on indique que des achats de voix sont actuellement en cours. 

D’autres candidats opposés au Hezbollah restent plus prudents et se contentent de souligner que le parti mène sa campagne électorale comme tous les autres protagonistes, même s’ils soulignent que les pressions se feront probablement sentir le jour du scrutin plus particulièrement. Une source bien informée confie dans ce cadre à L’OLJ que le parti de Hassan Nasrallah mise surtout sur les votants originaires des villages chiites, d’autant que ceux-ci sont dans leur écrasante majorité résidents dans la banlieue sud de Beyrouth, le plus important fief du Hezbollah. 

Mais pour nombre de Jbeiliotes chiites, le différend ne porte pas sur un désaccord entre le Hezbollah et les chiites du caza. Il s’articule surtout autour de « l’insulte » faite par le parti aux chiites originaires du caza et capables parfaitement de le représenter à l’hémicycle. Il s’agit là d’une « atteinte intolérable à la dignité des Jbeiliotes », ajoute-ton dans les mêmes milieux. 


(Lire aussi : Législatives 2018 : les duels à suivre)


Les failles de la loi électorale 

Il va sans dire que la compétition pour les huit sièges de la circonscription revêt une importance certaine aussi bien pour le Hezbollah que pour le CPL. Cela pousse certains à croire qu’à travers la candidature de Hussein Zeaïter, le parti chiite adresse un message politique fort au CPL, mais surtout au président de la République, Michel Aoun. Sauf que Farès Souhaid, candidat à l’un des sièges maronites de Jbeil, ne perçoit pas les choses sous cet angle. Contacté par L’OLJ, il estime que le Hezbollah mène une campagne électorale régulière et surtout facile, dans la mesure où cette nouvelle donne, pourtant peu anodine, ne suscite aucune réaction, tant l’accord de Mar Mikhaël a contribué à normaliser la présence politique du parti chiite dans cette région. « Mais cela n’occulte aucunement sa tentative de s’imposer politiquement dans la circonscription », souligne-t-il, déplorant que « personne ne veut faire face à cette réalité ». « Michel Aoun est le premier allié du Hezbollah, ce dernier n’a donc pas besoin de lui adresser des messages. Ce qui lui importe, c’est d’affirmer qu’à l’issue du scrutin du 6 mai, son arsenal a obtenu une légitimité chrétienne à partir du Kesrouan et de Jbeil », le cœur de l’hinterland chrétien, renchérit M. Souhaid. Et de poursuivre : « La nouvelle loi électorale va permettre au Hezbollah d’enregistrer ces résultats, et c’est la faute à toutes les forces politiques qui l’ont approuvée avec enthousiasme en considérant qu’il s’agissait d’un exploit. » 

Jean-Louis Cardahi, candidat sur la liste du Hezbollah, a quant à lui saisi l’occasion d’un dîner tenu mardi à Jbeil pour insister sur « l’ouverture de Jbeil sur autrui » et le « vivre-ensemble qui l’a longtemps distinguée ». Une façon pour lui de justifier son positionnement électoral actuel. Il reste que la balle est surtout dans le camp des électeurs chrétiens. Rendez-vous le 6 mai…


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commentaires (6)

ET LE SPECTRE DE L,ARSENAL...

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

13 h 13, le 20 avril 2018

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Commentaires (6)

  • ET LE SPECTRE DE L,ARSENAL...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    13 h 13, le 20 avril 2018

  • Dans tous les cas les libanais n'ont pas appris la leçon de la Palestine et les sionistes, où va le pauvre Liban

    Eleni Caridopoulou

    17 h 45, le 19 avril 2018

  • Les Sionistes, dès 1895, avaient commencé à acheter des terres en Palestine par l'entremise de "semsars" palestiniens. Lors de la proclamation de l'Etat d'Israél en 1948, les trois quarts d'Israél étaient juifs et les Palestiniens chassés. Les chiites achètent des terrains au Kesrouan (Voir l'article). Déjà ils s'emparent des terrains à Jurd Akoura et à Lassa et des achats s'effectuent au Kesrouan. L'argent vient d'où ? Déjà il y quelque temps; Hassan Nasrallah avait dit : Le Kesrouan était une région chiite (sic). C'est à méditer !

    Un Libanais

    15 h 17, le 19 avril 2018

  • Ça commence par des drapeaux et bientot, à l'instar de leur boss Iranien, tel que rapporté dans les nouvelles aujourd'hui, plus de danses mixtes, ... Ainsi vas l'évolution,,, à reculons

    Wlek Sanferlou

    14 h 41, le 19 avril 2018

  • MON PROPRE DECRYPTAGE : le hezb etend son champ d'action politique jusqu'a jounieh, jbeil, plus tard a zghorta, Tripoli, Ehden, Kobeyyate etc... BEN OUI, tres normal, il est compose de citoyens libanais alors : il serait le bien venu CE QUI RESTE CURIEUX - n'admet surtout pas des explications psyco-socio somatiques , ce qui est donc curieux est que a ce jour on ne voit aucun drapeuz FL, Kataeb, PNL dans les regions propres au hezb . admettrait il un jour de voir ces drapeaux plantes hauts perches , disons pas loin de celui du hezb, ou de amal ? OUI pourquoi pas , encore faut il que le hezb les ACCEPTE serieusement comme partenaires , de la ses partisans faisant autant !

    Gaby SIOUFI

    10 h 46, le 19 avril 2018

  • Quand on sait que chaque fois que ce parti de la résistance à mis son poids, combien ça a déménagé de l'autre côté. Qui peut le plus peut le moins .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 25, le 19 avril 2018

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