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Liban - Décryptage

Un scrutin à plafond politique limité

À moins de trois semaines du rendez-vous électoral, il apparaît de plus en plus clairement que les législatives du 6 mai 2018 ne ressembleront pas à celles que le Liban a l’habitude de vivre, du moins depuis l’accord de Taëf. Selon les spécialistes, ce serait dû en grande partie à la loi actuelle, qui en se basant sur le mode de scrutin proportionnel permet à toutes les parties ayant un minimum de représentativité d’obtenir un siège au Parlement. Ce qui, en principe, rend la bataille électorale moins féroce. Mais en réalité, la dureté de l’antagonisme qui est réduite par le mode de scrutin proportionnel revient avec la voix préférentielle qui introduit la bataille au sein de chaque liste. Par conséquent, la rivalité électorale entre les listes est moins aiguë qu’auparavant, mais elle est désormais plus violente que jamais entre les candidats au sein de chaque liste. Dans ce contexte nouveau, il est normal que les grands thèmes électoraux qui ont divisé les Libanais pendant les précédents scrutins soient pratiquement absents de la bataille actuelle. Certaines parties ont bien essayé de les utiliser pour mobiliser les électeurs. C’est le cas notamment de l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, un rival déterminé du Premier ministre, qui a essayé d’imposer comme thèmes de débat les armes du Hezbollah et la nécessité de circonscrire l’influence iranienne, mais jusqu’à présent, sa campagne ne décolle toujours pas. Même l’idée de revenir à des « figures phares » de la période de la tutelle syrienne, comme l’ancien directeur général de la Sûreté Jamil el-Sayyed, ou encore Jihad el-Samad (Tripoli-Minié-Denniyé), ne parvient pas à s’imposer dans la campagne électorale.

Selon les derniers pronostics, il y a peu de grandes batailles dans ces élections. L’une d’elles se jouera toutefois à Tripoli, mais elle n’opposera pas « les anti et les pro » axe de la résistance. Elle se jouera essentiellement entre la liste du courant du Futur et celle de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, avec un avantage pour cette dernière. Les deux listes ne se font pas de cadeaux, mais entre elles, les thèmes ne portent pas sur des divergences stratégiques, puisqu’il est surtout question de Tripoli et de son développement...

La situation est presque identique dans la circonscription de Beyrouth 2, où la liste du courant du Futur présidée par le Premier ministre Saad Hariri doit faire face à une forte concurrence de la part de la liste de Fouad Makhzoumi et de celle de l’alliance Hezbollah-Amal-Ahbache-CPL. Pour mobiliser les électeurs, le Premier ministre a lancé le débat sur « l’identité arabe de Beyrouth », contre « l’influence iranienne qui chercherait à la modifier », mais si ce thème-là fait bouger la fibre confessionnelle des électeurs sunnites contre le Hezbollah, il n’a pas vraiment d’effet sur la liste de Fouad Makhzoumi. Ce qui montre bien que cette année, les slogans habituels qui avaient influencé les précédents rendez-vous électoraux deviennent des armes à double tranchant à l’efficacité limitée. Si c’est le cas à Tripoli et à Beyrouth 2 où le courant du Futur mène ses batailles les plus difficiles, les antagonismes politiques sont encore moins évidents dans les autres circonscriptions où les batailles ne sont pas aussi déterminantes sur le plan du symbole.

Le même phénomène est perceptible dans les circonscriptions à majorité chrétienne, où la bataille se joue en principe entre les grandes formations comme le CPL, les FL, les Marada et les Kataëb. Seul ce dernier parti tient un discours politique, sachant qu’il a la partie belle, étant hors de l’exécutif depuis la formation de l’actuel gouvernement. Le parti Kataëb se présente ainsi comme celui qui peut demander des comptes parce qu’il ne participe pas aux décisions du gouvernement, mais sa position est fragilisée d’une part par le fait qu’il a participé à tous les gouvernements précédents depuis 2005, et d’autre part à cause de son alliance dans plusieurs circonscriptions avec les Forces libanaises qui, elles, sont membres du gouvernement... sachant que les Kataëb avaient bâti leur campagne sur le refus de composer avec toute formation participant au pouvoir exécutif. Pour les trois autres formations politiques (CPL, FL, Marada), il est assez difficile de trouver des thèmes de campagne. C’est pourquoi ces partis se rabattent sur les dossiers de corruption, se lançant réciproquement des accusations dans ce sens, tout en sachant qu’ils ont pourtant tous plus ou moins participé au pouvoir au cours des dernières années, à des degrés différents. Et faute de pouvoir mobiliser suffisamment les électeurs sur ces thèmes, ils ont recours aux attaques personnelles. Ce qui ne relève nullement le niveau des débats.

Jusqu’à présent (car il reste encore 17 jours), on peut donc dire que ce sont les élections législatives les moins politisées et les moins radicalisées entre les rivaux traditionnels. Ce qui est étonnant, quand on jette un regard sur les développements régionaux et sur l’antagonisme de plus en plus marqué entre d’une part l’alliance menée par les Américains, et d’autre part l’axe dit de la résistance appuyé par la Russie. Le terrain syrien se prépare à de nouvelles batailles, au Yémen, le sang continue de couler alors que les missiles balistiques continuent d’être envoyés en Arabie... Mais tous ces développements s’arrêtent à la frontière libanaise. Les parties politiques internes prennent visiblement soin d’éviter les polémiques sur les questions régionales et internationales, même si les désaccords demeurent. C’est peut-être cela aussi le fameux miracle libanais, à moins que ce ne soit celui de la loi électorale...

À moins de trois semaines du rendez-vous électoral, il apparaît de plus en plus clairement que les législatives du 6 mai 2018 ne ressembleront pas à celles que le Liban a l’habitude de vivre, du moins depuis l’accord de Taëf. Selon les spécialistes, ce serait dû en grande partie à la loi actuelle, qui en se basant sur le mode de scrutin proportionnel permet à toutes les parties...

commentaires (3)

DES LEGISLATIVES OU ... LE FRIC... MA LOZE EL FRIK... EST DEJA MAITRE INCONTESTABLE EXCEPTE CHEZ LES MOUTONS BELEURS DES DEUX MILICES ! LABAS ON VOTE PAR OBLIGATION SINON PAR INTIMIDATION... CHEZ LES PREMIERS ON VOTE PAR FANATISME OU PAR SOUDOIEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 22, le 23 avril 2018

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Commentaires (3)

  • DES LEGISLATIVES OU ... LE FRIC... MA LOZE EL FRIK... EST DEJA MAITRE INCONTESTABLE EXCEPTE CHEZ LES MOUTONS BELEURS DES DEUX MILICES ! LABAS ON VOTE PAR OBLIGATION SINON PAR INTIMIDATION... CHEZ LES PREMIERS ON VOTE PAR FANATISME OU PAR SOUDOIEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 22, le 23 avril 2018

  • "Le parti Kataeb veut demander des comptes". Que le Bureau politique des Kataeb prépare 128 dossiers et 128 stylos et 128 questions à poser à tous ceux qui ont participé à l'exécution de tous les projets, à leur tête, les frais engagés par le ministre des Affaires étrangères pour les élections des émigrés, les locations des bateaux-centrales électriques turcs, les hydrocarbures offshore, l'import des carburants, les achats massifs de terrains, les déchets... Bon courage cheikh Samy !

    Un Libanais

    17 h 39, le 19 avril 2018

  • Que cela soit le miracle libanais ou le mode de scrutin qui tempère les choses , avouons que les libanais sont géniaux. Sous l'ombrelle d'une force intelligente , mais tellement intelligente qu'elle en devient IRRÉSISTIBLE.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 28, le 19 avril 2018

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