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Liban - Législatives 2018 - Circonscriptions

À Tripoli, « une guerre d’élimination » intersunnite

« Nagib Mikati est le cheval de Troie du Hezbollah au Liban-Nord », affirme Moustapha Allouche.

Nagib Mikati. Photo d’archives

C’est à une bataille particulièrement importante que l’on s’attend dans la circonscription du Liban-Nord II (Tripoli, Minié, Denniyé). On estime, dans certains milieux politiques, que c’est à l’issue de la bataille électorale dans cette circonscription et nulle part ailleurs que se décidera l’avenir du leadership sunnite, voire même le profil du prochain Premier ministre.

Le courant du Futur devrait se disputer les onze sièges de la circonscription (8 sunnites, un grec-orthodoxe, un maronite et un alaouite) avec tous ses concurrents ou adversaires dans la rue sunnite. Il s’agit de l’ancien chef de gouvernement Nagib Mikati, de l’ex-député Misbah Ahdab et de l’ancien ministre Fayçal Karamé. Mais il y a, surtout, l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, farouche opposant aux choix politiques du Premier ministre et qui a créé la surprise en raflant la majorité des sièges du conseil municipal de Tripoli, en mai 2016.

Si les regards sont surtout braqués sur le parti dirigé par Saad Hariri dans cette circonscription, la polémique qui a éclaté récemment entre Nagib Mikati et l’ancien ministre Mohammad Safadi a sans doute secoué la scène tripolitaine. Même si, dans les milieux des candidats, on se contente de la placer dans le cadre du discours électoral qui, à l’approche du 6 mai, ne fait que devenir de plus en plus virulent, visant à attirer le plus grand nombre d’électeurs.

Lors d’un meeting partisan tenu lundi, M. Safadi (qui s’était retiré de la course au profit du courant du Futur) a ouvertement accusé M. Mikati de « semer la zizanie ». « Cet homme aime mentir et ne s’intéresse nullement à la situation des Tripolitains ou des musulmans », a renchéri M. Safadi. Prié de commenter ces propos, un proche de M. Mikati se contente de noter que « ce genre de discours ne convient pas au statut de M. Safadi ni à la politesse qui l’a longtemps distingué ». Interrogé par L’Orient-Le Jour, ce proche de l’ancien Premier ministre semble conscient de la complexité de la bataille électorale à Tripoli. Mais il en minimise la portée, accusant implicitement Saad Hariri de mener une « guerre d’élimination » contre Nagib Mikati et son camp. 

« Il va sans dire que Tripoli est le fief des Premier ministres, d’où les batailles fiévreuses dont témoigne la ville. Mais certains la transforment en une bataille existentielle, voire même une guerre d’élimination de tous leurs adversaires », ajoute le proche de M. Mikati, dans une allusion à peine voilée à Saad Hariri.

De même, l’ancien ministre Fayçal Karamé et ses proches ne manquent pas de stigmatiser « une guerre d’élimination » que mèneraient le chef de gouvernement et son parti contre la famille Karamé, pour tenter de mettre fin à leur action politique. Dans certains milieux proches de M. Karamé, on accuse les haririens, via L’OLJ, d’abus de pouvoir dans le cadre de leur campagne électorale.

Concernant les résultats du scrutin, un proche de M. Karamé se montre optimiste. Il assure à L’OLJ que l’ancien ministre remportera la bataille. « En dépit de la difficulté de la compétition, nous parions sur le terrain et sur notre liste consensuelle, dans la mesure où elle inclut des représentants des Marada (de Sleiman Frangié) et de l’association al-Macharih.


(Pour mémoire : Tripoli : Florilège d’accusations et de contre-accusations...)


Hariri contre Rifi ou… Mikati ?
Cet optimisme est également de mise dans le camp d’Achraf Rifi. Fort des résultats des municipales de mai 2016, l’ancien ministre de la Justice semble déterminé dans la bataille électorale tripolitaine. C’est en tout cas le point de vue que présente à L’OLJ un proche de M. Rifi. Il s’empresse, toutefois, de mettre les points sur les i au sujet de la querelle entre MM. Hariri et Rifi. « Nous ne sommes pas contre la personne du chef du gouvernement. Mais nous nous opposons au compromis politique qu’il a conclu avec le président de la République, Michel Aoun, en 2016. » À la faveur de ce constat, le proche d’Achraf Rifi explique que « ce dernier mène bataille contre les alliés du Hezbollah et ceux qui le craignent. Cette bataille sera fiévreuse parce qu’elle déterminera le poids populaire de chaque leader politique de la capitale du Liban-Nord ».

Quant aux haririens, et contrairement aux attentes de certains milieux politiques, ils semblent sûrs de pouvoir remporter la compétition des législatives. « Même si certains mènent actuellement une guerre d’élimination contre le courant du Futur », pour reprendre les termes de Moustapha Allouche, membre du bureau politique du parti, contacté par L’OLJ.

À une question portant sur la bataille entre Saad Hariri et Achraf Rifi, M. Allouche se veut clair. « Notre seul adversaire dans toutes les circonscriptions est le Hezbollah. Nagib Mikati est le cheval de Troie du parti chiite à Tripoli. Il est donc notre (principal) adversaire », déclare-t-il sans détour, accusant l’ancien Premier ministre d’ « abus de pouvoir » pour tenter de gagner les voix des électeurs. En ce qui concerne Achraf Rifi, Moustapha Allouche estime qu’il ne fait que « voler les slogans du Futur ». « La balle est dans le camp des gens le 6 mai », conclut-il.


Les listes en présence au Liban-Nord II
Le Futur pour le Liban-Nord : courant du Futur
Tripoli : Samir Jisr, Mohammad Kabbara, Chadi Nachabé, Dima Jammali et Walid Sawalhi (sunnites), Nehmé Mahfoud (grec-orthodoxe), Georges Bkassini (maronite) et Leila Chahoud (alaouite).
Minié : Osman Alameddine (sunnite).
Denniyé : Kassem Abdel Aziz et Sami Fatfat (sunnites). 


Al-Azm, parrainée par Nagib Mikati
Tripoli : Nagib Mikati, Rachid Moukaddam, Toufic Sultan, Mirvat el-Houz, Mohammad Jisr (sunnites), Jean Obeid (maronite), Nicolas Nahas (grec-orthodoxe), Ali Darwiche (alaouite)
Minié : Kazem Kheir (sunnite)
Denniyé : Jihad Youssef et Mohammad Fadel (sunnites)

Le Liban, la souveraineté, parrainée par Achraf Rifi
Tripoli : Achraf Rifi, Ali Ayoubi, Khaled Tadmori, Mohammad Salhab, Mohammad Kamareddine (sunnites), Halim Zeenni (maronite), Georges Jallad (grec-orthodoxe) et Badr Eid (alaouite).
Minié : Walid Masri (sunnite).
Denniyé : Ragheb Raad et Oussama Amoun (sunnites).

La dignité nationale : Fayçal Karamé + Marada + Projets islamiques
Tripoli : Fayçal Karamé, Mohammad Yakan, Ayman Omar, Abdel Nasser el-Masri, Taha Nagi (sunnites), Ahmad Omran (alaouite), Raflé Diab (Marada, grec-orthodoxe).
Minié : Adel Zoreika (sunnite).
Denniyé : Jihad Samad (sunnite). 


La décision indépendante : parrainée par Misbah Ahdab
Tripoli : Misbah Ahdab, Narimane Jamal et Wassim Alaouane (sunnites), Antoine Khalifé (maronite), Mounazah Sawan (grec-orthodoxe) et Hicham Ibrahim (alaouite).
Minié : Mohammad Ahmad (sunnite).
Denniyé : Abdel Salam Trad et Ali Samad (sunnites).


La société civile indépendante : société civile
Tripoli : Jamal Badaoui et Hiba Naja (sunnites), Fady Jamal (grec-orthodoxe), Hassane Khalil (alaouite).
Minié : Abdallah Rifaï (sunnite).
Denniyé : Samah Arja, Ayman Jamal (sunnites).

La décision du peuple : indépendants
Tripoli : Anastasie Couchari (grecque-orthodoxe), Khaled Roumieh (sunnite), Tony Marouni (maronite) et Mahmoud Chéhadé (alaouite).
Minié : Kamal Kheir (sunnite).
Denniyé : Ali Harmouche et Ahmad Chendeb (sunnites).

Koullouna Watani : société civile
Tripoli : Malek Maoulaoui, Waseq Moukaddam, Mohammad Maaliki, Yehya Maouloud, Narimane Chamaa (sunnites), Moussa Khoury (maronite), Farah Issa (grecque-orthodoxe) et Zeineddine Dib (alaouite).
Minié : Ahmad Dhaybi (sunnite).
Denniyé : Dany Osman (sunnite).



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commentaires (4)

Un tableau folklorique qui se dessine avec la plume de la Haine ou du traffic d 'influence .Triste pays .

Antoine Sabbagha

17 h 10, le 18 avril 2018

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Commentaires (4)

  • Un tableau folklorique qui se dessine avec la plume de la Haine ou du traffic d 'influence .Triste pays .

    Antoine Sabbagha

    17 h 10, le 18 avril 2018

  • Mais oui, éliminez-vous rapidement tous les uns les autres, vous qui n'avez jamais su depuis des années servir le Liban honnêtement et qui servez des puissances étrangères: les Sunnites les Chiites à turban noir ou blanc ou sans turban les Druzes les Chrétiens Peut'être qu'alors pourront apparaître à la lumière du jour de vrais patriotes ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 38, le 18 avril 2018

  • Sept listes pour une circonscription cela prouve la vitalité des citoyens. Chacun tentera de l'emporter, quoi plus naturel ? Cela dit l'actuel premier ministre Saad Hariri, à des atouts, il a la carure, l'expérience et les moyens de servir au plus juste du possible pour cette belle région du nord. On dit toujours que le meilleur gagne.

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 05, le 18 avril 2018

  • Pas qu'à Tripoli .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 02, le 18 avril 2018

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