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Liban - législatives 2018

Au Metn, la liste de la coalition Kulluna Watani vient se greffer au paysage électoral

Selon les pronostics, Michel Murr aurait peu de chances d’effectuer une percée.

Les candidats de la liste Kulluna Watani au Metn.

Avec l’annonce hier d’une cinquième liste au Metn relevant de la coalition Kulluna Watani, formée de candidats anti-establishment, le paysage électoral dans cette circonscription affiche complet.
La nouvelle liste dite de la société civile comprend 6 candidats sur les 8 que compte cette circonscription (4 maronites, 1 grec-catholique, 2 grecs-orthodoxes, 1 arménien-orthodoxe).
Outre l’ancien ministre, Charbel Nahas (grec-catholique) et fondateur du mouvement « Citoyens et citoyennes », elle regroupe Georges Rahbani (grec-orthodoxe), Émile Kanaan (maronite), Nadine Moussa (maronite), Adib Tohmé (maronite) et Victoria el-Khoury Zouein (maronite).
Voulant se démarquer, dans le fond comme dans la forme, des listes parrainées par les partis traditionnels, les candidats de Kulluna Watani ont opté pour un lieu on ne peut plus symbolique : la côte de Nahr el-Mott, près de la décharge de Bourj Hammoud, tristement célèbre pour s’être transformée en un creuset d’insalubrités.

« Nous annonçons notre candidature à partir de cette source de pollution devenue, grâce à ceux qui étaient en charge du Metn, un fossé d’ordures et de corruption dont émanent toutes sortes de maladies qui n’ont épargné ni l’humain ni la pierre », a déclaré Émile Kanaan, dans un discours prononcé à quelques mètres des monticules de déchets et à l’embouchure du fleuve de Beyrouth à la pollution légendaire.


(Lire aussi : Baabda : le vote musulman, élément décisif dans une bataille interchrétienne)


Par-delà la forme, c’est toute une ligne politique qui est ensuite déclinée dans une seconde allocution prononcée par Charbel Nahas. Des propos qui s’inscrivent dans une opposition franche aux quatre autres listes concurrentes dans la circonscription (celle du Courant patriotique libre, allié au Tachnag et au PSNS, des Forces libanaises, des Kataëb et de Michel Murr).
Dans une allusion à peine voilée au faste observé durant les grandes cérémonies dédiées à l’annonce des candidatures par les grands partis, M. Nahas a persiflé : « Nous ne sommes pas dans un carnaval électoral, mais en pleine confrontation avec les chefs des communautés, les délégués des puissances étrangères, les partis religieux et les maîtres du jeu des quotes-parts au Metn. »

Si le cadre choisi par ces candidats est chargé de symbolisme, il est également un indicateur sur la cible que tentent d’appâter Kulluna Watani : à savoir notamment ceux qui se prévalent du ras-le-bol qui s’est largement déclaré lors de la crise des déchets pour s’amplifier avec l’avènement d’une crise socio-économique sans précédent.
Bien que perceptible, le mécontentement de la base électorale sera-t-il pour autant traduit dans les urnes au Metn en faveur des forces dites du renouveau ?
Ce n’est pas ce qui transparaît à ce jour si l’on en croit un sondage effectué il y a deux semaines par Global Vision au Metn. Les résultats de l’étude donnent le CPL comme principal gagnant de cette bataille avec 23,1 % des voix. Le parti de Gebran Bassil est immédiatement suivi par les Kataëb, qui obtiendraient 12,1 %, le Tachnag 8,7 %, les FL 6,9 %, le PSNS 2,8 % et Michel Murr 1,5 %.
Cette tendance est confirmée par un expert électoral qui croit savoir que la liste parrainée par le CPL obtiendrait cinq candidats, les Kataëb deux et les FL un seul. Michel Murr serait ainsi le grand perdant, même s’il arrive à décrocher le premier seuil électoral estimé à 12 500 voix, sur les 100 000 que compte cette circonscription.


(Lire aussi : Des mécanismes du vote de la diaspora secouent le Conseil des ministres)


Ce scénario est en partie retenu par les équipes électorales des partis concernés qui, unanimement, affirment que la liste parrainée par M. Murr aura énormément de difficulté à décrocher ne serait-ce qu’un seul siège. Les combinaisons des candidats gagnants varient d’autant moins que l’aboutissement du vote préférentiel serait d’ores et déjà connu dans presque chacune des listes en présence (les noms de Samy Gemayel, Élias Hankache, Ibrahim Kanaan, Élias Bou Saab, Eddy Abillama, Hagop Pakradounian, Ghassan el-Achkar) sont quasiment donnés gagnants selon divers pronostics. Michel Mecattaf (grec-catholique) pourrait également créer la surprise ainsi que Ghassan Moukheiber (grec-orthodoxe), candidat de la liste du CPL qui aurait de fortes chances de percer s’il arrive à remporter la bataille contre Michel Murr. « Le CPL a habilement joué la carte du siège grec-orthodoxe contre Michel Murr qu’il cherche à éliminer à tout prix de la partie », commente un responsable proche des FL. L’explication n’est pas uniquement à rechercher dans la concurrence électorale, mais également pour la période postélectorale, le CPL ayant déjà en tête le nom du prochain vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, qui est le concurrent direct de Michel Murr – un ami de Nabih Berry – à ce poste, précise la source précitée.
S’il est prématuré d’augurer la fin politique d’un dinosaure comme que Michel Murr, un politicien rompu aux méandres du jeu électoral, il reste à savoir si les candidats de Kulluna Watani peuvent espérer, à leur tour, créer la surprise en effectuant une percée ne serait-ce qu’avec un seul nom. Les milieux politiques concurrents sont unanimes : les candidats issus de la société civile n’ont pas de chances, « à moins, précise une source proche des Kataëb, de surprendre dans les prochaines semaines avec une campagne qui ferait boule de neige ». Pour d’autres, les candidats de l’opposition civile « ont pêché par le fait qu’ils sont divisés entre eux et qu’ils ont surestimé leur capacité à renverser la table ».

Tel n’est pas l’avis de Rami Hanna, un électeur du Metn et proche des milieux activistes, qui tient à souligner que les candidats que l’on place sous l’étiquette « société civile » ont au contraire réussi à se regrouper dans un grand nombre de circonscriptions, 9 sur 15, sous la houlette de Kulluna Watani. « Le seul problème auquel font actuellement face les listes anti-establishment est le manque de visibilité, laquelle est quasiment accaparée par les grands partis qui possèdent des moyens extrêmement importants », dit-il.
Kulluna Watani, tout comme Ghassan Moukheiber, qui se présente comme candidat indépendant même s’il se trouve sur la liste du CPL, table notamment sur les 30 à 35 % des électeurs libres au Metn qui affirment ne pas s’identifier à un parti politique, et dont le choix va davantage porter sur l’individu que sur la liste en tant que telle.


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Avec l’annonce hier d’une cinquième liste au Metn relevant de la coalition Kulluna Watani, formée de candidats anti-establishment, le paysage électoral dans cette circonscription affiche complet. La nouvelle liste dite de la société civile comprend 6 candidats sur les 8 que compte cette circonscription (4 maronites, 1 grec-catholique, 2 grecs-orthodoxes, 1 arménien-orthodoxe).Outre...

commentaires (5)

""le CPL comme principal gagnant de cette bataille avec 23,1 % des voix. Le parti de Gebran Bassil est immédiatement suivi par les Kataëb, qui obtiendraient 12,1 %, le Tachnag 8,7 %, les FL 6,9 %, le PSNS 2,8 % et Michel Murr 1,5 %.""= 55%. ou sont passes les autres suffrages totalisant 45% ?

Gaby SIOUFI

11 h 08, le 06 avril 2018

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Commentaires (5)

  • ""le CPL comme principal gagnant de cette bataille avec 23,1 % des voix. Le parti de Gebran Bassil est immédiatement suivi par les Kataëb, qui obtiendraient 12,1 %, le Tachnag 8,7 %, les FL 6,9 %, le PSNS 2,8 % et Michel Murr 1,5 %.""= 55%. ou sont passes les autres suffrages totalisant 45% ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 08, le 06 avril 2018

  • De nouvelles couleurs de nouvelles tendances mais aucune chance de gagner , et vive le folklore libanais .

    Antoine Sabbagha

    17 h 41, le 05 avril 2018

  • Sans les appareils les candidats ne peuvent réellement peser ni durablement sur l'électorat, ni après leur élections, car il y en aura forcément, des candidats issus de la société civile qui ont le charisme, le savoir et l'aura nécessaire pour battre d'autres candidats plus connus mais usés par l'érosion du temps ou d'une mauvaise réputation. Ils pourront ensuite briller .... (sur leur propre nom et leur logo société civile) et de temps en temps apporter un nouveau souffle voir percer par des idées innovantes et révolutionnaires, car ils n'auront pas le poids des partis, mais une volonté de faire mieux que d'autres. (être à la hauteur de leurs promesses) Oui forcément il y aura un certains nombres de candidats issus de la société civile qui "perceront" et tant mieux ! (Des individualités qui marqueront l'électorat)

    Sarkis Serge Tateossian

    17 h 30, le 05 avril 2018

  • TOUTES CES LISTES DITES DE LA SOCIETE CIVILE MANQUENT EN GENERAL DE SERIEUX CAR CONSTITUEES SANS ETUDES ET PELE-MELE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 42, le 05 avril 2018

  • heteroclite dites vous ? MIEUX que ca, INCOMPATIBLE ! cette liste plus que d'autres peut etre veut croire en la multiplicite d'ideaux en son seing ! Eh bien bonne chance !

    Gaby SIOUFI

    12 h 17, le 05 avril 2018

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