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Liban - Législatives 2018

Baabda : le vote musulman, élément décisif dans une bataille interchrétienne

Dans son fief, le CPL affronte les FL, les Kataëb, le PNL et les indépendants.

Le CPL s’est allié au tandem chiite à Baabda. Photo d’archives

Tout comme la bataille électorale attendue dans la circonscription du Liban-Nord III (Zghorta, Bécharré, Koura, Batroun), la compétition dans le caza de Baabda promet d’être importante.
Et pour cause : dans cette circonscription longtemps considérée comme un des plus importants fiefs du Courant patriotique libre (CPL), celui-ci devrait face aussi bien à ses alliés qu’à ses adversaires. Il s’agit surtout des principales formations chrétiennes, en l’occurrence les Forces libanaises (FL), les Kataëb et le Parti national libéral (PNL) du député Dory Chamoun. À ce paysage, il convient d’ajouter la présence massive du Parti socialiste progressiste (PSP), du courant du Futur, mais aussi (et surtout) du tandem Amal-Hezbollah. Cela en fait des électeurs décisifs, d’où l’importance des choix électoraux pour lesquels ont opté ces partis.

Il va sans dire que la récente querelle qui a opposé le parti dirigé par le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil à celui de Nabih Berry a suscité des craintes quant aux possibilités de voir se tisser des alliances électorales entre les deux partis dans certaines circonscriptions. Sauf que les aounistes et les berrystes sont parvenus à tourner la page de leur différend, et former une liste qui viserait naturellement à rafler les six sièges à pourvoir à Baabda. Ceux-ci sont répartis comme suit : trois maronites, deux chiites et un druze.


(Lire aussi : Des mécanismes du vote de la diaspora secouent le Conseil des ministres)


À ce sujet, Alain Aoun, député sortant de Baabda qui brigue un nouveau mandat, explique à L’Orient-Le Jour que le CPL est fier d’être parvenu à maintenir « le minimum d’entente politique » qui s’est traduit par le rapprochement électoral. « Nous sommes déterminés à mener la bataille jusqu’au bout », assure M. Aoun, qui explique l’échec de son parti à s’allier à son partenaire chrétien (les FL) par les minutieux calculs électoraux dictés par la nouvelle loi.
S’il ne mène pas bataille aux côtés du CPL, le parti dirigé par Samir Geagea a réussi à contourner sa querelle avec les haririens (déclenchée par la démission-surprise du Premier ministre Saad Hariri, annoncée en novembre dernier depuis Riyad). Ainsi les deux alliés ont conclu une entente électorale à laquelle le PSP n’a pas tardé à se joindre.
Cela fait dire à des observateurs politiques que cette liste pourrait obtenir d’importants résultats lors du scrutin du 6 mai prochain. Un constat que l’on confirme dans les milieux proches de Meerab. Un cadre FL s’empresse toutefois de nuancer cette affirmation. « Si nous nous étions alliés aux Kataëb et au PNL, la liste aurait pu remporter trois sièges », confie-t-il à L’OLJ, soulignant que sa formation aurait souhaité se présenter côte à côte avec celles de Samy Gemayel et Dory Chamoun. Sauf que les négociations n’y ont pas abouti. Aujourd’hui, les FL semblent déterminées à mener ce qu’elles appellent « la bataille souverainiste de Baabda » jusqu’au bout. Même si elles sont sûres qu’avec les joumblattistes, leur liste remportera deux sièges. « La compétition est claire. Elle est placée sous le signe de l’édification d’un État », souligne le cadre FL, insistant sur le fait que son parti considère tournée la page de son désaccord avec Saïfi et Sodeco.
Mais chez les proches de Moukhtara, l’alliance avec Meerab dépasse les calculs liés au scrutin de mai et à la politique politicienne. Elle revêt une dimension symbolique en rapport avec la réconciliation druzo-chrétienne de la Montagne (3 août 2001). C’est en tout cas le point de vue que présente à L’OLJ Hadi Abou el-Hosn, candidat PSP pour le siège druze de Baabda. « Nous avons confiance en cette alliance dans la mesure où elle consolide le partenariat druzo-chrétien instauré par la réconciliation », dit-il, notant que les FL « sont une composante importante du tissu politique de Baabda ».
À une question portant sur les résultats auxquels s’attend le PSP à la faveur de son alliance avec les FL, M. Abou el-Hosn répond en renvoyant la balle dans le camp des électeurs, indiquant que son parti est réconforté quant aux résultats.


(Lire aussi : Au Metn, la liste de la coalition Kulluna Watani vient se greffer au paysage électoral)


« Le CPL a déçu ses électeurs »
Tout comme les composantes au pouvoir, les forces de l’opposition continuent à accorder leurs violons avant le scrutin. À la faveur de son positionnement hostile au pouvoir, le chef des Kataëb Samy Gemayel s’est allié à des indépendants, ainsi qu’au PNL qui s’oppose, lui aussi, au compromis politique qui a donné le coup d’envoi à la présidence Aoun.
Mais à l’heure où d’aucuns ne cachent pas leurs craintes quant à d’éventuelles retombées négatives sur les résultats des urnes auxquels s’attend le parti, les proches de Saïfi se veulent optimistes. Ils misent d’abord sur le ras-le bol populaire ressenti à l’heure actuelle. D’où l’importance du « changement que prônent les Kataëb ». Contacté par L’Orient-Le Jour, Ramzi Bou Khaled, candidat à l’un des sièges maronites de Baabda, souligne que sa formation s’est rapprochée de ceux qui lui ressemblent et convergent avec elle sur l’opposition au pouvoir en place et la lutte contre la corruption. « Nous présentons un nouveau choix. D’autant que les députés de la localité n’ont rien à leur actif », souligne-t-il, tout en se félicitant des « échos positifs que laisse le discours Kataëb chez les gens ».
À l’instar de son colistier Kataëb, Élie Gharios, candidat issu de la société civile à Baabda, a parié d’abord sur les gens. « Les députés CPL ont déçu leurs électeurs », déclare-t-il à L’OLJ, estimant que les pratiques du pouvoir en place « ont gravement porté atteinte à la souveraineté de l’État et au slogan du changement et de la réforme ». Selon lui, « il est temps que les choses changent ». Tout dépendra du 6 mai…

Les listes en présence à Baabda


« L’entente nationale » : CPL, Hezbollah et Amal

Alain Aoun, Hikmat Dib, Nagi Gharios (maronites, CPL)
Ali Ammar (chiite, Hezbollah)
Fadi Alamé (chiite, Amal)
Souheil Aouar (druze)

« L’unité et le développement de Baabda » : PSP, FL et indépendants
Pierre Bou Assi (maronite, FL)
Hadi Abou el-Hosn (druze, PSP)
Joseph Adaïmi, Cynthia Asmar (maronites)
Salah Haraké (chiite, indépendant)

« Ensemble pour Baabda » : Kataëb, PNL et société civile
Élie Gharios (maronite, société civile, mouvance PNL)
Ramzi Bou Khaled (maronite, Kataëb)
Paul Abi Rached (maronite, société civile)
Olfat Sabeh (chiite, société civile)
Saïd Alamé (chiite)
Ajwad Ayache (druze, société civile)

« Koullouna Watani » : société civile
Ziad Akl et Joseph Wannis (maronites)
Marie-Claude Hélou (maronite, Sabaa)
Ali Darwiche (chiite, Citoyens et citoyennes dans un État)
Wassef Haraké (chiite)
Rania Masri (druze, Citoyens et citoyennes dans un État)


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