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Liban - Décryptage

Beit Jenn, à la frontière avec le Liban, est tombé

Alors que le Liban politique est entièrement pris par le conflit entre le chef de l'État et le président de la Chambre au sujet du décret d'avancement des officiers de la promotion 1994, des développements importants se déroulent en Syrie, dans la région proche de Chebaa et de ses fermes. La localité de Beit Jenn, qui était un bastion des combattants de l'opposition syrienne, notamment ceux de l'ex-Front al-Nosra, est tombée entre les mains de l'armée syrienne et de ses alliés, et les combattants ont réclamé un accord pour pouvoir être évacués soit vers Idleb, soit vers d'autres régions syriennes, quand ils n'ont pas carrément décidé de se rendre à l'armée.

Cela peut paraître un détail dans la longue guerre qui déchire la Syrie depuis bientôt six ans, et pour de nombreux observateurs, Beit Jenn est moins importante qu'Alep, Deir ez-Zor ou Boukamal. Mais, en réalité, cette localité est de la plus haute importance en raison de sa proximité notamment avec le triangle stratégique qui relie le Liban, le Golan et Israël. Tous les projets israéliens de créer une zone tampon dans le sud de la Syrie, selon le modèle de la bande frontalière au Liban entre 1985 et 2000 (après le retrait israélien de Saïda et d'une partie du Sud que les soldats de Tsahal avaient occupées en 1982), ont donc été balayés, puisque Beit Jenn est une région stratégique qui surplombe le Golan et qu'elle est toute proche de la frontière libanaise au niveau de Jabal el-Cheikh.

Depuis 2011, les Israéliens n'ont jamais cessé de garder un œil (et même plus) sur les développements en Syrie, notamment dans la région sud, à Deraa et autour du Golan, jusqu'à la province de Soueïda. Ils ont établi des relations avec les combattants de l'ex-Front al-Nosra et avec les différents groupes de l'opposition, tentant même de s'infiltrer parmi les combattants druzes de Soueïda et de Hadar, dans la province de Kuneitra. Au cours des six dernières années, la région a donc été le théâtre de combats féroces, avec des avancées et des reculs, suivis attentivement par les protagonistes locaux, régionaux et internationaux, tant ce triangle touche de près les intérêts israéliens. La Jordanie a ainsi été à maintes reprises sollicitée par les Américains pour aider les combattants de l'opposition dans cette région, avec l'objectif à peine caché de préserver les intérêts israéliens. De même, dans le camp adverse, l'armée syrienne et ses alliés tenaient absolument à reprendre le contrôle de ce secteur, pour mettre un terme au projet israélien d'installer une zone d'influence directe en territoire syrien, ce qui lui permettrait d'intervenir dans le cours des développements dans ce pays.

Le Liban aussi suivait de près les développements dans cette région, craignant que les Israéliens ne se lancent dans un plan de déstabilisation du pays par la porte de Beit Jenn jusqu'à la localité de Chebaa. Tout au long des dernières années, il a même été question de reprendre le modèle de Ersal à Chebaa, en en faisant un foyer de tension permanent, dans une région considérée comme un des fiefs du Hezbollah. En effet, tout comme Ersal, Chebaa est une bourgade sunnite en plein cœur du Liban-Sud, peuplée essentiellement de chiites et de chrétiens. Elle est le chef-lieu du Arkoub, à la frontière avec Israël, qui avait longtemps été surnommé le Fatehland pendant la période où les Palestiniens contrôlaient plus ou moins le pouvoir au Liban, avant 1982. Depuis le début de la guerre en Syrie, le Hezbollah accordait un intérêt particulier au Arkoub, craignant que les Israéliens ne profitent du chaos en Syrie pour s'infiltrer dans cette région et ouvrir un nouveau front dans le but de l'affaiblir, alors qu'il se battait en Syrie. Même les projets financés par certains pays du Golfe d'ouvrir des centres de soins aux blessés de l'opposition syrienne à Chebaa avaient fait l'objet d'une surveillance stricte pour éviter l'ouverture d'une brèche dans ce flanc considéré comme mou.

Aujourd'hui, avec la prise de Beit Jenn et des localités avoisinantes dans la région de Jabal el-Cheikh, tous ces projets tombent à l'eau. Non seulement Damas est sécurisée sur son flanc sud-ouest, cette région étant considérée comme proche de la capitale syrienne, mais, de plus, la frontière libano-syrienne est désormais presque totalement contrôlée, la zone sud, longtemps considérée comme une zone potentiellement faible, étant sur le point de se vider des combattants de l'opposition. Pour le Liban, c'est donc un pas de plus vers la consolidation de la sécurité et l'élimination des risques de déstabilisation en provenance de la Syrie ou d'Israël, dans une zone particulièrement sensible en raison de sa complexité et de sa position stratégique.
Avec la prise par l'armée syrienne et ses alliés de Beit Jenn et de ses environs, le dernier fief important de l'opposition syrienne proche de la frontière libanaise est tombé, réduisant ainsi les risques de combats dans le secteur. Cela ne signifie pourtant pas que le Liban est désormais totalement en sécurité, car il doit encore faire face à l'infiltration de clandestins venus de Syrie, qui se poursuit à travers les nombreux points de passage incontrôlables qui jalonnent la frontière entre les deux pays. Les services libanais et les soldats font de leur mieux, mais la menace persiste en raison de la géographie des lieux qui favorise les passages clandestins et les cachettes par le biais de filières bien organisées.

Alors que le Liban politique est entièrement pris par le conflit entre le chef de l'État et le président de la Chambre au sujet du décret d'avancement des officiers de la promotion 1994, des développements importants se déroulent en Syrie, dans la région proche de Chebaa et de ses fermes. La localité de Beit Jenn, qui était un bastion des combattants de l'opposition syrienne, notamment...

commentaires (7)

Article chi biJanen...aan jad... Ce serait intéressant de connaître les commentaires israéliens sur cet article. Eux qui ont et continuent de façonner la région à leur guise...

Wlek Sanferlou

00 h 02, le 30 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Article chi biJanen...aan jad... Ce serait intéressant de connaître les commentaires israéliens sur cet article. Eux qui ont et continuent de façonner la région à leur guise...

    Wlek Sanferlou

    00 h 02, le 30 décembre 2017

  • A la prochaine prouesse russo-syrienne !!!! On ne sera que ravis de se débarrasser de la crasse et de la barbarie de l'EI surtout après le énième carnage qui vient de se produire , aujourd'hui, en Égypte dans une église copte . Bonne nouvelle année chère scarlett.

    Hitti arlette

    16 h 48, le 29 décembre 2017

  • Que dire de plus quand on a lu un article aussi bien pointilleux , rien , sinon que le constat qu'aux mêmes maux , les memes remèdes, Cad le coup de pied au dernière des memes USURPATEURS prédateurs, directement sur leur popotin ou sur celui de leur sbires wahabites manipulés . Permettez moi une bise sur les 2 joues Mme SCARLETT.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 04, le 29 décembre 2017

  • Tiens, on dirait un article de l’agence SANA...

    Gros Gnon

    10 h 11, le 29 décembre 2017

  • il est a craindre QUE le chantage du truc des jihadistes/terroristes ne s'eternise, tt comme celui de l'holocaust que les juifs n'on de cesse de brandir , arme de chantage pareil. tres commode, commode aussi le nasrallah qui trouve alibi a nos nouveaux touristes car faisant partie de LA RESISTANCE , commode donc car donnant la aussi matiere a acceptation vs distanciation , le chantage aux terroristes lui , donnera alibi a TOUT autre pretexte y relatif, comme par exemple la cooperation militaire avec assad .

    Gaby SIOUFI

    09 h 20, le 29 décembre 2017

  • ON AURAIT PU DIRE QUE LA PLUME DE MADAME S,EST REBAPTISÉE SI LA TENTATION DE GLISSER FUT-CE DE PETITS BARATINS DANS SES ECRITS N,Y PREVALAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 40, le 29 décembre 2017

  • Oui d’accords :))

    Bery tus

    07 h 07, le 29 décembre 2017

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