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Moyen Orient et Monde - Chronique/Sur un air de campagne

Des hauts et débat

Emmanuel Macron veut briser le bipartisme en douceur et avec le sourire. Éric Feferberg/AFP

Ce soir, à 21 heures sur TF1, ceux que l'on appelle les « gros » ou les « grands » sont attendus dans l'arène... Les Hamon, Fillon, Macron, Mélenchon et Le Pen vont débattre. Débattre. Tiens... c'est nouveau ? Le verbe risque de faire frémir. Une première dans cette campagne présidentielle où jamais le bilan de Hollande n'a été abordé. Jamais les questions régaliennes n'ont été évoquées. Jamais l'avenir de la France n'a été examiné. Et donc, jamais il n'y a eu de débat.

Mais à qui donc profite le non-débat dans cette présidentielle ? Hamon ou Mélenchon ? Non, eux sont les seconds rôles. Même si, le couteau entre les dents, ils vibrionnent, éructent, et leur campagne ne décolle pas. Les intentions de vote oscillent autour de 12 %. Presque rien. Le premier se trouve englué dans le piège Le Pen. Les socialistes, au premier rang desquels François Hollande, répètent à l'envi que la victoire de la candidate d'extrême-droite est le principal danger. Hollande fait le lit d'Emmanuel Macron. La gauche se macronise. Hamon est victime de la droitisation du pays. Quant à Mélenchon, il a fait fausse route. L'insoumis, qui avait imaginé, souhaité, songé ferrailler contre Hollande à défaut de Valls... a été telle la cigale, fort dépourvu, quand Hamon fut venu. Fermez le ban.

(Lire aussi : Onze candidats sur les rangs pour la présidentielle française)

Alors, est-ce que le non-débat profite à Fillon ? Non. Au contraire. Face aux sondages qui le placent en mauvaise posture (17 % aux dernières nouvelles), Fillon est obligé de réenclencher la dynamique de la primaire et d'attaquer cette dernière partie de campagne pied au plancher. En adoptant, hier, un nouveau slogan, « Une volonté pour la France », il semble vouloir marquer un tournant. Pour sortir la tête de l'eau, Fillon va devoir prouver que ses idées sur l'Europe, la famille, l'islam, la fiscalité... auront des conséquences positives pour la France et les Français. Débattre. Camper sur ses positions. Pas de grand écart. Et critiquer fermement, pied à pied, les propositions de Macron et de Le Pen qui, eux, sont à égalité avec 26 % des intentions de vote... au premier tour. Ce soir, Fillon joue sa tête.
Mais alors, à qui profite le non-débat ? Le Pen ou Macron ? On y arrive.

La première accuse PS et LR, collectivement et successivement, de quinquennats catastrophiques. Et, dans de telles circonstances, ce n'est pas tant la femme politique et son programme qui attirent des électeurs mais le rejet viscéral des vieux partis. Elle en joue. Elle ne débat pas. Elle engrange. Tout comme Macron. Candidat raisonnable pour la gauche, candidat souhaité pour le centre et candidat de remplacement pour une droite déboussolée... Celui pour qui «  il n'y a pas de culture française  » et qui loue la diversité identitaire veut briser le bipartisme en douceur et avec le sourire. Il ne débat pas. Pour l'une, la rhétorique est « faisons autre chose ». Et, pour l'autre, « faisons différemment »... Mais sans débat.
Heureusement, rien n'est encore complètement acquis. La cristallisation électorale n'a pas encore totalement opéré. Il y a ce premier débat. Souhaitons que la vérité apparaisse au grand soir et restons optimistes, car, comme l'écrivait Georges Bernanos : « L'espérance est un risque à courir. »

* Frédéric Picard est rédacteur en chef du « Figaro.fr »

 

 

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