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Liban - Décryptage

Le sommet de Amman, entre attentes et réalités

Avec les changements qui se pointent à l'horizon régional, beaucoup d'espoirs avaient été placés dans le prochain sommet arabe qui doit se tenir à Amman à la fin du mois.

Au cours de sa visite au Caire, le président Michel Aoun avait été agréablement surpris par la volonté de son homologue égyptien, le général Sissi, de redonner à l'Égypte le rôle prépondérant sur la scène arabe qu'elle avait perdu à la suite des perturbations causées par le fameux printemps arabe. M. Sissi avait même évoqué la possibilité de redonner le siège vacant syrien au sein de la Ligue arabe au régime pour amorcer un véritable dialogue qui serait porteur d'une solution au conflit syrien qui dure depuis six ans, sous l'égide du monde arabe.

L'idée, qui n'était pas même envisageable au cours des cinq dernières années, est devenue possible aux yeux des Égyptiens grâce à plusieurs facteurs : d'abord, le fait que le premier coup de fil arabe du nouveau président américain Donald Trump ait été adressé au président Sissi a été perçu comme une volonté claire de la part de la nouvelle administration de donner un rôle primordial à l'Égypte dans les dossiers brûlants du Moyen-Orient. Ensuite, les conseillers du nouveau président américain ne cessent de clamer que la priorité est à la lutte contre le terrorisme de l'État islamique, laissant entendre que le président syrien pourrait être un partenaire dans cette bataille. Enfin, et toujours dans le même contexte, il est question de nommer un nouvel émissaire de l'ONU en Syrie en remplacement de Sfaffan de Mistura, sachant que ce dernier fait l'objet de nombreuses critiques de la part du régime syrien qui l'accuse d'être partial et même d'avoir cherché à influencer les combattants sortant d'Alep pour les empêcher de se rendre aux forces du régime, en les poussant au contraire à aller à Idleb. Selon des sources proches de l'ONU, le Conseil de sécurité chercherait activement à l'heure actuelle un remplaçant à De Mistura pour éviter de renouveler son mandat.

Sur la base de ces données et à la lumière d'un certain assouplissement des positions des différentes délégations de l'opposition syrienne à Genève, il semblait possible de croire à un développement important au sujet du siège de la Syrie à la Ligue arabe dans le cadre du prochain sommet. D'ailleurs, au cours de la conférence de presse conjointe entre le président Aoun et son homologue égyptien, le général Sissi avait laissé entendre que son pays souhaitait jouer un rôle important sur la scène arabe, sachant que le dossier syrien est l'un des plus urgents à traiter.

En dépit de ces indices positifs, une source diplomatique arabe à Beyrouth estime qu'il est trop tôt pour ce genre de développement. Selon cette source, le prochain sommet de Amman n'apportera pas d'éléments nouveaux sur la scène arabe, car l'élan qui avait commencé avec l'élection de Donald Trump a été rapidement stoppé avec l'hostilité déclarée de la nouvelle administration américaine envers l'Iran, qui constitue une nouvelle redistribution des cartes dans la région.

Les pays du Golfe qui considéraient au départ l'élection de Trump à la tête des États-Unis comme un coup porté contre eux, en raison de sa volonté affichée de donner la priorité à la lutte contre Daech, ont changé d'avis depuis qu'il déclare son hostilité à l'Iran et son désir de contenir son influence au Moyen-Orient. Ces pays voient dans la possibilité de créer une force arabe commune comprenant les pays du Golfe, mais aussi l'Égypte et la Jordanie, un moyen de porter un coup à l'Iran et à ses alliés dans la région. Ces pays qui tentaient de digérer ce qu'ils considéraient comme une défaite avec la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien voient donc une opportunité de renverser la donne. Il faut ajouter à cela la nouvelle volte-face de la Turquie qui, après avoir conclu des accords avec les Russes, notamment au sujet de la Syrie, a soudain balayé tous ces arrangements, pour chercher à prendre le train américain en marche.

La source diplomatique arabe précitée précise à ce sujet que le changement dans l'attitude turque était spectaculaire entre les rencontres d'Astana 1 et Astana 2. Au cours de la seconde rencontre qui a eu lieu en février, le niveau de la participation turque a baissé et le représentant du président Erdogan est arrivé avec un jour de retard à la réunion, montrant beaucoup de mauvaise volonté dans les négociations parrainées par les Russes, les Iraniens... et les Turcs.

Il est clair que les différents protagonistes attendent donc que se précise la nouvelle politique américaine dans la région avant de prendre des décisions importantes sur le dossier syrien. Surtout que les batailles qui se déroulent dans le nord de la Syrie peuvent avoir un impact décisif sur les rapports de force dans la région. La Turquie espère ainsi concrétiser sa fameuse « zone d'influence » au détriment des Kurdes et du régime, alors que les Kurdes veulent maintenir leur petit canton avec l'appui des Américains. Ils ont même commencé à mettre en place une coordination réelle avec le régime syrien, et les Turcs ont riposté en recevant le responsable du canton kurde d'Irak...

Face à cette situation complexe, où chaque partie cherche à avancer ses pions, le sommet arabe de Amman a peu de chances d'être déterminant...

Avec les changements qui se pointent à l'horizon régional, beaucoup d'espoirs avaient été placés dans le prochain sommet arabe qui doit se tenir à Amman à la fin du mois.
Au cours de sa visite au Caire, le président Michel Aoun avait été agréablement surpris par la volonté de son homologue égyptien, le général Sissi, de redonner à l'Égypte le rôle prépondérant sur la scène...

commentaires (5)

Avez-vous vu un sommet arabe dans le passé qui a jamais accouché de quelque chose de concret? C'est la tour de Babel habituelle dans laquelle des régimes dictatoriaux, authoritaires, rétrogrades, théocratiques, anti-démocratiques, qui souvent se haïssent soit-disant se rencontrent pour discuter de mesures concrètes pour arrêter la boucherie et le carnage qui a lieu dans le monde arabe. Quelle rigolade et insulte à l'intelligence des gens: le Moyen-Orient a besoin encore de quelques décennies de changements pour pouvoir se démocratiser, sinon se séculariser et rejoindre le monde civilisé. Le Liban est un microcosme de cette mentalité tribale, hypocrite et corrompue! Au moins, il y'a de l'espoir chez nous!

Saliba Nouhad

16 h 39, le 03 mars 2017

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Commentaires (5)

  • Avez-vous vu un sommet arabe dans le passé qui a jamais accouché de quelque chose de concret? C'est la tour de Babel habituelle dans laquelle des régimes dictatoriaux, authoritaires, rétrogrades, théocratiques, anti-démocratiques, qui souvent se haïssent soit-disant se rencontrent pour discuter de mesures concrètes pour arrêter la boucherie et le carnage qui a lieu dans le monde arabe. Quelle rigolade et insulte à l'intelligence des gens: le Moyen-Orient a besoin encore de quelques décennies de changements pour pouvoir se démocratiser, sinon se séculariser et rejoindre le monde civilisé. Le Liban est un microcosme de cette mentalité tribale, hypocrite et corrompue! Au moins, il y'a de l'espoir chez nous!

    Saliba Nouhad

    16 h 39, le 03 mars 2017

  • Et le Yémen aussi .... mais aussi la ligues arabe compte bcp d'autre pays ... et surtout n'est pas dupe

    Bery tus

    15 h 52, le 03 mars 2017

  • Pas que l'Egypte pour réintégrer la Syrie du héros Bashar . L'Irak , l' Algérie , le Liban et la Jordanie maintenant . Le complot recule et attendre que trump-pète se décide à quoi que se soit est une pure illusion . Il a dit à qui voulait entendre , je suis le pdt des américains et pas pdt du monde . AMERICA HAS TO PAY FOR WHAT SHE HAS DONE TO THE WORLD . FISRT .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 56, le 03 mars 2017

  • TENTATIVE D,ANALYSE OU LE NOIR EN BLANC ET LE BLANC EN NOIR PREVALENT... IL Y A DU BARATIN HABITUEL AUSSI DONT ON NE PEUT S,EN AFFRANCHIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 03 mars 2017

  • Comme tjrs des wishfull thinking ... qui ne marche jamais ... haha redonner au régime Le siège cela madame n'est pas du seul ressors des égyptiens seulement

    Bery tus

    07 h 17, le 03 mars 2017

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