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Moyen Orient et Monde - Bilan d’Obama - Santé

Pas d’assurance-vie pour l’Obamacare

Donald Trump et ses soutiens restent flous sur leurs propositions en matière de santé.

Manifestation en faveur d’Obamacare. Joshua Roberts/Reuters

Un symbole des années Obama pourrait très rapidement être envoyé dans les poubelles de l'histoire. L'Obamacare, ou la loi sur la protection des patients et les soins abordables, était une promesse de campagne du 44e président des États-Unis. Son successeur, le républicain Donald Trump, a fait de son abrogation son cheval de bataille.

Grand projet de Barack Obama, cette loi visait à se débarrasser d'une exception américaine parmi les grandes démocraties occidentales : l'absence de véritable couverture santé. « Grâce à la loi sur les soins abordables, jamais dans l'histoire américaine le taux de personnes non assurées n'a été aussi bas », a rappelé M. Obama dans un discours à Miami le 20 octobre 2016. Promulguée en 2012, entrée en vigueur en 2014, l'Obamacare est le fruit d'un compromis, et a durement été attaquée par les républicains, qui ont tout fait pour en réduire l'ampleur. Divisant profondément l'opinion, cette loi a permis à 20 millions d'Américains, jusqu'alors privés de couverture santé, de bénéficier d'une assurance, en régulant le secteur et en soutenant financièrement les ménages.

Dès le 12 janvier, le Sénat, majoritairement républicain, a adopté une mesure budgétaire pour l'abroger par 51 voix pour et 48 voix contre. Pourtant, le combat du Parti républicain contre Obamacare n'est pas gagné d'avance. Décidés à faire tout leur possible pour se débarrasser d'une loi qu'ils jugent trop chère, inutile et inefficace, les républicains vont devoir jouer avec le règlement parlementaire pour tourner la page d'Obamacare. La résolution votée le 12 janvier l'illustre : il s'agit d'un passage en force par procédure budgétaire, qui permet d'éviter toute possibilité d'action de l'opposition démocrate. Une technique que les républicains veulent également employer pour voter la loi qui remplacerait Obamacare, ce que le règlement du Sénat américain interdit. Sauf surprise, ils devront alors faire face aux parlementaires démocrates, dont ils ne peuvent empêcher l'obstruction sans une majorité de 60 sénateurs, alors qu'ils n'en disposent que de 52.

 

(Pour mémoire : "Yes we did" : les adieux émus de Barack Obama)

 

 

Un délai de plusieurs mois
Dans un entretien avec le New York Times mardi 10 janvier, Donald Trump avait déclaré souhaiter « simultanément ou très peu de temps après son investiture » l'abrogation d'Obamacare. Les républicains ne disposent pourtant pas de projet alternatif pour remplacer la loi sur les soins abordables à l'heure actuelle. Si plusieurs projets concurrents s'opposent au sein du parti, ils restent flous et aucun ne dispose d'une adhésion majoritaire. « Aujourd'hui, on est au stade du projet de budget. Ils ont encore quelques mois avant que les détails techniques ne soient étudiés en commission et qu'ils aient vraiment à mettre sur la table leurs propositions. Ils jouent sur ce temps-là », explique Anne-Laure Beaussier, chercheure au King's College de Londres et auteure de La santé aux États-Unis. Une histoire politique.

Les républicains s'accordent sur la suppression de plusieurs mesures emblématiques d'Obamacare, telle l'obligation de souscrire à une assurance, ou encore l'impératif pour les compagnies de rembourser certains soins, comme les soins maternels. Ils restent divisés sur d'autres points, tel le maintien ou non des bourses d'échange, qui permettent de souscrire à une assurance standardisée donnant droit à des aides fiscales.
Donald Trump et ses alliés parlementaires n'ont cessé de rappeler durant la campagne qu'Obamacare était à l'origine d'une hausse des prix des polices d'assurance, sans mentionner que la loi avait permis l'amélioration de celles-ci. « Les républicains comptent beaucoup sur le fait que les Américains maîtrisent mal les enjeux de santé. Ils n'ont pas compris qu'en votant pour Donald Trump, ils perdraient les bénéfices induits par Obamacare », rappelle Anne-Laure Beaussier.

Avec la dérégulation du secteur des assurances que souhaitent mettre en place les républicains, les compagnies pourront augmenter leurs prix, voire refuser de proposer une couverture à de nombreux Américains en fonction de leur passé médical. Les plus fragiles pourront être touchés de plein fouet par cette offensive idéologique. Selon l'économiste Paul Krugman dans un billet publié le 29 novembre 2016 dans le New York Times, 4 millions d'Américains pourraient perdre leur couverture santé, dans un pays où il n'existe pas de sécurité sociale gérée par l'État.

 

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